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Le gouvernement réuni pour orchestrer les annonces de Macron


Paris, France | AFP | lundi 28/04/2019 - Quelques jours après les annonces d'Emmanuel Macron en réponse à la crise des "gilets jaunes", le gouvernement a commencé à s'atteler lundi au casse-tête de l'application et du financement des mesures, en invitant les parlementaires à se joindre à sa réflexion lors d'un séminaire à Matignon.

La politique étant avant tout "un art de l'exécution", comme aime à le répéter Edouard Philippe, charge donc aux ministres de M. Macron de décliner concrètement la panoplie de mesures de sortie du grand débat, dévoilées jeudi par le chef de l'Etat. 
"Je sais que beaucoup sont impatients, le président de la République nous a demandé d'aller vite, il a raison. Et nous, nous sommes déterminés à faire vite et à faire bien", a déclaré le Premier ministre en préambule d'une "journée de travail intense, pour construire le +qui fait quoi et quand+ de la majorité".
Baisse de l'impôt sur le revenu, réorganisation profonde de l'administration, décentralisation, gestes pour les retraités, les aidants et les mères vivant seules...: "Une révolution", s'enthousiasme le président du MoDem François Bayrou, qui donnera à chacun matière à plancher dans les semaines à venir.
Pour la première fois dans ce type de réunion, des représentants de la majorité (présidents de groupe à l'Assemblée et au Sénat, présidents de commissions, rapporteurs généraux) sont conviés à partir de midi. Une façon de mettre de l'huile dans les rouages de l'axe majorité parlementaire - exécutif, alors que des députés avaient vivement déploré ne pas avoir été mieux écoutés et associés lors de la crise des "gilets jaunes".
"Il y a toujours eu des discussions excellentes et très intenses entre les membres du gouvernement et la majorité. Mais on arrive à un moment où si l'on veut traduire dans les faits les annonces du président de la République, nous devons au fond avoir la même vision des contraintes, avoir la même ambition, discuter, travailler en commun", a expliqué M. Philippe.
Quatre ateliers sont prévus dans l'après-midi, dont l'un sur le calendrier parlementaire, qui devra anticiper l'embouteillage de textes législatifs jusqu'à l'été, et un autre sur la méthode de travail.
Le séminaire se penchera aussi sur la réforme constitutionnelle, alors qu'Emmanuel Macron envisage désormais 20% de proportionnelle pour élire les députés, tout en concédant au Sénat une réduction moindre du nombre de parlementaires par rapport à son intention de départ (25% plutôt que 30%).
Un atelier abordera enfin "les nouvelles solidarités" dont la dépendance et le statut des aidants.
 

- L'enveloppe manquante -

 
Mais l'équation la plus délicate revient à Bercy qui devra trouver des pistes de financement des mesures, comme les cinq milliards de baisse d'impôt sur le revenu. 
Les oppositions se sont d'ailleurs rapidement engouffrées dans cette brèche. Le patron des Républicains Laurent Wauquiez a fustigé le manque d'annonces "sérieuses" sur la baisse de la dépense publique, quand Marine Le Pen a épinglé dimanche le "flou" de ces annonces qui ne seront "pas suivies d'effet".
"La trajectoire budgétaire n'est pas modifiée", a crânement assuré en retour vendredi le patron des députés LREM Gilles Le Gendre pour récuser toute incertitude.
Même en s'attaquant à certaines niches fiscales comme l'a annoncé M. Macron, cela s'apparente à une gageure: l'économiste Jean Pisani-Ferry, coordinateur du programme présidentiel, a estimé dans le Journal du Dimanche à "20 milliards d'euros, soit 1% du PIB du pays" l'enveloppe à trouver d'ici 2021. Et, pour compliquer la donne, le président s'est dit prêt à transiger sur la coupe attendue de 120.000 fonctionnaires d'ici à la fin du quinquennat, afin d'assurer un meilleur maillage du territoire. 
Alors que Jean-Paul Delevoye travaille depuis des mois sur une réforme globale du système des retraites, des précisions sont attendues pour compenser la réindexation des pensions sur l'inflation et la promesse d'une retraite minimale de 1.000 euros pour ceux qui auront une carrière complète. Le chef de l'Etat a indiqué vouloir actionner deux leviers: l'allongement de la durée de cotisation et des incitations à travailler plus longtemps.
D'autres points pourraient être abordés, à l'image de l'abaissement de la vitesse à 80 km/h, selon Sibeth Ndiaye. Il s'agira, a-t-elle dit dimanche, de réfléchir à "la manière dont on peut faire en sorte qu'il n'y ait pas une application brutale, uniforme sur l'ensemble du territoire".

le Lundi 29 Avril 2019 à 01:59 | Lu 224 fois