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Le gouvernement dévoile ses mesures pour tenir sa "promesse" d'intégration des étrangers


Paris, France | AFP | mardi 05/06/2018 - Doublement des heures de français, réforme de la formation civique et meilleur accès à l'emploi: le gouvernement a annoncé mardi des mesures attendues, quoique non chiffrées, en faveur de l'intégration des étrangers, censées contrebalancer une politique ferme contre l'immigration irrégulière.

"Cette politique d'intégration, c'est un sujet essentiel, d'intérêt, de dignité pour l'ensemble de la nation française", a ainsi affirmé Edouard Philippe à l'issue d'un comité interministériel à Matignon réunissant entre autres Gérard Collomb (Intérieur), Jean-Michel Blanquer (Education) ou encore Agnès Buzyn (Santé).
Après avoir présenté un visage intraitable lors de l'examen et du vote de la controversée loi asile-immigration, il s'agit donc d'offrir le pendant humaniste alors que la France constate "les retards, l'absence de la promesse octroyée par la République" et le "manque d'ambition" en matière d'intégration, dixit le Premier ministre.
Loin d'y voir une opposition, le chef du gouvernement a souligné combien la qualité de la politique d'intégration "est au cœur de l'équilibre général de notre politique d'immigration et d'asile". Le sujet est sensible dans l'opinion, et au cœur des préoccupations européennes, alors que le nouveau gouvernement italien a usé d'un discours anti-immigration pour accéder au pouvoir.
Reprenant quelques mesures de l'ambitieux rapport confié au député LREM Aurélien Taché et remis en février, Edouard Philippe a sans surprise annoncé le doublement du nombre d'heures de français proposées aux étrangers s'installant légalement en France, pour atteindre 400 voire 600 heures -- qui alignerait la France sur l'Allemagne, souvent citée comme modèle en la matière.
Si le montant de l'enveloppe globale n'a pas été dévoilé - les lignes budgétaires de chaque ministère sont en cours d'arbitrage, explique-t-on à Matignon - cette seule mesure pourrait coûter 52 millions d'euros, selon un document que l'AFP a pu consulter. Selon différentes sources, l'effort total pourrait se situer entre 100 et 200 millions d'euros par an.
"Nous considérons tous ici qu'il ne peut y avoir d'intégration réussie sans une maîtrise minimale et effective de la langue", a insisté M. Philippe, en mettant aussi l'accent, dans le cadre de la formation professionnelle, sur l'apprentissage du vocabulaire "technique" et "jargon" de certains métiers. 
Quelque 55.000 personnes étaient en formation linguistique en 2017 et le programme "600 heures" pourraient concerner environ 3.500 personnes, selon des chiffres de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii). 
 

- "Lever les freins" à l'emploi -

 
La formation civique, souvent jugée indigeste, sera réformée et étalée sur 24 heures au lieu de 12 actuellement, a ajouté le Premier ministre, en martelant qu'en matière de valeurs républicaines "leur respect n'est pas une option mais une obligation".
Garde d'enfants pour les jeunes parents pendant les cours de langue, accès au +Pass culture+ pour les jeunes... Edouard Philippe a rappelé que donner les moyens de l'intégration est un enjeu "de cohésion sociale et nationale". 
"Il faut concentrer les moyens au tout début du parcours d'intégration", notamment dans le Contrat d'intégration républicaine (CIR) proposé aux primo-arrivants et qui "inclura désormais une dimension professionnelle" afin de "lever les différents freins qui bloquent l'accès à l'emploi", a-t-il ajouté. 
L'insertion sur le marché du travail est l'un des points noirs de l'intégration des étrangers en France: le taux d'emploi atteint 35% seulement chez les immigrés arrivés il y a moins de cinq ans, selon l'OCDE.
C'est particulièrement vrai pour les réfugiés, public spécifique pour lequel un volet spécifique a été prévu: pour favoriser leur accès à l'emploi, ses programmes existants mêlant formation linguistique langue et apprentissage professionnel seront amplifiés.
Le Premier ministre a aussi rappelé la difficulté d'accéder au logement pour les réfugiés, avec la mobilisation de 20.000 logements dans le parc public et privé demandée aux préfets en décembre dernier.
"C'est indispensable" pour que ces personnes "ne perdent pas toute perspective d'intégration", a-t-il souligné. La semaine dernière à Paris, 10% du millier de migrants évacués du campement du "Millénaire" étaient des réfugiés obligés de dormir dans des tentes insalubres.

le Mardi 5 Juin 2018 à 04:40 | Lu 189 fois