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Le fenua en manque de bio


Les Trois Mousquetaires du bio : Estall Toarii, Jean-Baptiste Tavanae et Moetini Moutane.
Les Trois Mousquetaires du bio : Estall Toarii, Jean-Baptiste Tavanae et Moetini Moutane.
Papeete, le 25 septembre 2019 - Avec 22 heures de retard dû à un problème électrique, la 34e Foire agricole ouvre finalement jeudi midi sur la grande esplanade de Vaitupa à Faa’a, sur le thème "Nos produits, nos métiers, notre avenir". Parmi les 320 exposants présents, cinq seulement détiennent un label bio.

Pas facile de trouver du bio sur les étals de la Foire agricole qui se tient sur l'esplanade de Vaitupa à Faa’a jusqu'au 6 octobre. En effet, si le bio est à la mode et très tendance, il semble qu'il ait encore une belle marge de progression en Polynésie. En effet, sur les 320 exposants, seuls cinq sont labellisés bio. "Il y a un apiculteur et quatre producteurs végétaux labellisés sur la foire. Au total, il y a 284 exploitants qui sont labellisés ou qui sont en train de l'être en Polynésie. Mais 234 d'entre eux sont en fait à Rurutu en raison des tarodières. Hors Rurutu, ils sont une vingtaine labellisés à Tahiti, Raiatea, Tahaa'a, aux Marquises… Les autres sont en passe de l'être", explique Heiva Faatauira, assistante du SPG Bio Fetia, le système participatif de garantie bio, qui fait partie de l'un des trois organismes accrédités en Polynésie à attribuer ce label (lire encadré).
 

UNE VRAIE DEMANDE DE LA PART DU CONSOMMATEUR

Si le nombre d'exploitants labellisés, hors Rurutu, est donc assez faible, il devrait peut-être s'inverser dans les années à venir. "La loi sur le bio date seulement de 2011, la première garantie a été donnée en 2012, mais c'est vraiment en 2014 qu'il y a eu un vrai démarrage. Il y a une vraie demande de la part du consommateur et les agriculteurs s'y mettent. On a des aides intéressantes. Après, SPG Bio Fetia repose sur un système participatif, alors il faut que les membres visitent l'agriculteur qui veut se faire labelliser. Cela peut prendre plusieurs mois entre la demande et l'obtention", précise Christine Wong, de la Direction de l'agriculture, très motivée pour soutenir les agriculteurs, éleveurs de poules… qui souhaiteraient se mettre au bio.

"Je suis en train de demander le label, cela prend un peu de temps. Normalement, je devrai l'avoir fin novembre. J'ai une exploitation de fruits, principalement des ananas, des mangues… Je me suis lancé dans le bio, car j'ai pensé à l'avenir de mon fils, c'est meilleur pour l'environnement et puis surtout c'est meilleur pour la santé. Goûtez un ananas bio et un ananas cultivé avec l'agriculture conventionnelle, franchement, le bio a beaucoup plus de saveurs. Il y a aussi beaucoup de demandes", reconnaît Estall Toarii, de Papara, présent à la foire.

Autre facteur qui pourrait faire changer la donne, un certain nombre de producteurs, agriculteurs, apiculteurs n'en ont pas fait la demande, soit parce qu'ils n'en voient pas le besoin pour l'instant, soit par flegme. "Je produis mon miel, il n'a pas le label bio officiel, mais il est bio, il est naturel. Il faut savoir qu'en Polynésie, la plupart des miels sont bio, on n'a pas de culture intensive comme en France… On ne peut pas dire que l'on a un miel de colza, de pommier, on a un miel qui est multifleur, on n'a pas les mêmes conditions d'exploitation. On est très épargné. Pour l'instant, je vends très bien, je verrai plus tard si je demande le label", précise dans un grand sourire, Louise Frogier, apicultrice, qui propose son miel à la vente en vrac.

L'ouverture de la Foire retardée d'une journée

En raison d'un problème d'installation électrique, les organisateurs de l'événement ont décidé, par mesure de sécurité, de reporter l'inauguration de la foire prévue par le président de la Polynésie française mercredi 25 septembre à 14 heures à ce jeudi 26 midi. Malgré le manque à gagner, les exposants ont pris cette journée de repos forcé avec philosophie et n'en tiennent pas rigueur aux organisateurs.

Un produit « bio » est un produit contrôlé

Un produit certifié ou garanti issu de l’agriculture biologique a subi un contrôle. Pour être déclaré « bio », un produit doit avoir été fabriqué en suivant des règles, c'est-à-dire en respectant un cahier des charges. On pourrait résumer cela à l’équation suivante : 1 cahier des charges = 1 norme = 1 certification / garantie = 1 logo

En Polynésie française, plusieurs normes d’agriculture biologique sont reconnues et les produits qui en respectent le cahier des charges sont reconnaissables à leurs différents logos.

La certification/la garantie « locale » répond au cahier des charges de la Norme Océanienne d’Agriculture Biologique (NOAB). Chaque année, un organisme de contrôle vérifie que l’agriculteur a bien respecté le cahier des charges de la NOAB. Tous les producteurs garantis bio doivent appliquer le logotype “BIO PASIFIKA” qui permet d’assurer une production issue de méthodes et pratiques culturales entièrement biologique. Le logotype est en marron pour ceux qui sont en “conversion” pour obtenir leur certification et en blanc pour ceux qui sont déjà certifiés officiellement.

Le contrôle se fait au travers de documents enregistrés par l’agriculteur et par une visite sur son site de production. En Polynésie française, seuls trois organismes sont accrédités pour effectuer les contrôles et attribuer ce label : deux organismes tiers certificateurs, BioAgricert et Ecocert, ainsi que le système participatif de garantie (SPG) Biofetia. AgriCert et EcoCert délivrent des certifications et le SPG Bio Fetia délivre des garanties.

Sources : Direction de l'agriculture et biofetia.pf

Infos pratiques

Ouverture 26 septembre à 12h puis tous les jours jusqu'au 6 octobre de 8 heures à 17h30.
 

le Mercredi 25 Septembre 2019 à 18:24 | Lu 2083 fois