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Le "drone journalisme" fait ses débuts dans les rédactions françaises


Le "drone journalisme" fait ses débuts dans les rédactions françaises
PARIS, 8 juin 2013 (AFP) - Longtemps cantonné à un usage militaire, le drone se démocratise et devient accessible aux médias, dont certains en France testent actuellement ses possibilités: il permet de multiplier les angles de prise de vue en altitude et offre un nouveau regard sur un évènement.

Beaucoup moins cher qu'un vol d'hélicoptère, le prix d'un drone civil va de quelque dizaines à quelques centaines d'euros, selon les modèles. Les plus évolués sont assez puissants pour emporter une mini-caméra de type GoPro ou un appareil photo, comme le modèle Phantom du chinois DJI.

Le constructeur français Parrot, un des leaders du marché, a équipé son AR Drone 2.0, pilotable en wifi depuis un smartphone ou une tablette, pour pouvoir filmer en haute définition.

En partenariat avec cette marque et le réseau Hack/Hackers, qui réunit journalistes et développeurs, le laboratoire d'innovation de L'Express vient de mener une expérimentation, baptisée "Drone it". Pendant trois mois, des drones ont été confiés à des profils différents, journalistes, vidéastes ou citoyens engagés contre le gaz de schiste en Ardèche ou en faveur de la protection des algues en Bretagne, pour "voir ce qu'ils pouvaient tirer de cet outil".

"Le drone civil, dont le marché est actuellement en plein essor est aussi au service du journalisme et ses besoins s'identifient de plus en plus. L'exemple du comptage des manifestations est probant mais ce n'est pas le seul. Ses besoins et usages restent à définir et ses limites ne seront que (ou presque) les limites de nos imaginations", expliquait le laboratoire sur son blog (blogs.lexpress.fr/effet-jabberwocky).

Mercredi 12 juin, les conclusions de cette expérimentation, parmi les premières en France et en Europe, seront présentées.

Droniste

"Notre retour d'expérience, c'est qu'un +droniste+ (mélange de drone et de journaliste, ndlr) c'est 60% drone, 30% vidéo, 10% journaliste. Ca ne veut pas dire que ce n'est pas un métier de journaliste mais les compétences dont on a besoin, c'est avant tout de savoir piloter, deuxièmement, de savoir filmer et, en dernier, de savoir raconter une histoire", a expliqué à l'AFP Raphaël Labbé, directeur de l'innovation du groupe Express Roularta.

"On en a perdu en mer, dans la garrigue, depuis les immeubles...En intérieur, c'est beaucoup plus simple à manipuler. Il va y avoir un renouveau autour de tout ce qui est patrimoine et couverture d'évènements en circuit fermé, comme un stade. Ca vient enrichir le propos", a-t-il ajouté, à propos de vidéos tournées à l'aide de drones dans l'enceinte du Château de Vincennes ou des Bains Douches, ancien haut lieu de la nuit parisienne.

"La conclusion est assez positive. C'est un jouet sympa, mais c'est surtout une manière de repenser le métier de journaliste de façon stimulante", selon Raphaël Labbé.

Parmi les autres médias qui testent ces appareils, France Télévisions va utiliser des drones pour la première fois à l'occasion du Tour de France. Les images d'une quinzaine de sites (villages, monuments...), filmés de cette manière, seront diffusés lors du programme court "Au plus près du Tour", du 10 au 28 juin sur France 3 à 20H40. Des drones seront également utilisés pour "enrichir les directs" de l'épreuve, qui débute le 29 juin, selon France Télévisions.

"Ce n'est pas très onéreux et, à la différence des hélicoptères, les drones permettent d'entrer dans un édifice ou d'en filmer les jardins à très basse altitude, par exemple. Si l'expérience est concluante, on recommencera", a déclaré à l'AFP Daniel Bilalian, directeur des sports du groupe audiovisuel public.

Pour Eric Dupin, rédacteur en chef du blog sur les nouvelles technologies Presse-citron, qui vient de lancer le site www.smartdrones.fr, "c'est un sujet qui intrigue, intéresse et, pour certains, fait un peu peur", en référence aux questions sur le respect de la vie privée, notamment.

"Mais l'usage du drone peut aussi être positif et apporter pas mal de choses, comme ravitailler en médicaments des populations éloignées ou retrouver une personne perdue en montagne", a-t-il conclu.

Rédigé par Par Tupac POINTU le Samedi 8 Juin 2013 à 06:53 | Lu 631 fois