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Le coup de gueule de Jaros Otcenasek : "Les administrations sont payées à ne rien faire !"


Jaros Otcenasek a du récupérer lui-même son permis de navigation à la DPAM, pour se rendre à la Direction des ressources marines
Jaros Otcenasek a du récupérer lui-même son permis de navigation à la DPAM, pour se rendre à la Direction des ressources marines
PAPEETE, le 26/08/2015 - Le président du syndicat des pêcheurs professionnels n'en peut plus. Il dénonce la lenteur du circuit administratif, concernant notamment le transfert des dossiers. Jaros Otcenasek demande à ce que chacun fasse son boulot. Du côté de la Direction polynésienne des affaires maritimes, ces dénonciations n'ont pas lieu d'être.

"Les pêcheurs font leur travail et à la fin du mois c'est elles (les administrations, NDLR) qui sont honorées, c'est de l'injustice". Le président du syndicat des pêcheurs professionnels est en colère. Il dénonce la lenteur administrative, concernant notamment les délivrances de papiers officiels leur permettant d'exercer convenablement leur activité.

En effet, pour bénéficier des carnets de bons pour le carburant, les pêcheurs professionnels doivent d'abord subir des contrôles sur leurs bateaux, réalisés par un inspecteur qui dépend de la Direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM). Une fois ces contrôles réalisés, un permis de navigation est ainsi délivré au nom de chaque pêcheur. Grâce à ce permis, ils peuvent ainsi demander l'obtention du carnet de bons pour le carburant, géré, cette fois-ci, par la Direction des ressources marines.

Aujourd'hui, Jaros Otcenasek déplore le manque de réactivité de la DPAM. "La semaine dernière, au moment d'aller chercher mon carburant, j'ai contacté le service de la pêche (Direction des ressources marines, NDLR) et ils m'ont dit que je n'avais pas mon permis de navigation, alors que j'ai eu ma visite de contrôle, le 10 juillet dernier. Je suis donc venu chercher mon permis ce lundi matin et il était resté sur le bureau de la DPAM. Ils ne l’ont même pas transféré au service de la pêche. Donc j'ai fait leur travail, alors qu'ils ne se trouvent qu'à 100 mètres l'un de l'autre". Selon lui, beaucoup de pêcheurs rencontreraient les mêmes difficultés.

Du côté de la DPAM, on se défend : "S'il y a des lenteurs, je crois que pour l'instant je ne suis pas informée. Il suffirait éventuellement d'attirer notre attention, car ce problème peut tout à fait arriver. Mais je pense qu'on serait à même de régler cela". Pour obtenir leur permis de navigation, les pêcheurs ont deux options : "Soit ils viennent le récupérer, s'ils sont sur Papeete, soit, de façon très facile, et dans les îles notamment où nous avons un référent, on envoie souvent par mail le document, au moins pour déclencher l'obtention du carnet", explique Catherine Rocheteau, directrice de la DPAM.

UN CONTROLE EST REALISE CHAQUE ANNEE

Pour établir ces permis de navigation, les inspecteurs de la DPAM sillonnent la Polynésie. Des contrôles sont réalisés une fois par an et pris en charge par la DPAM, depuis 2006. "On a fait en sorte de rationaliser les déplacements. C'est-à-dire qu'on programme une visite par an et par île. Donc on sait qui a les permis de navigation, on connaît les pêcheurs professionnels et leurs bateaux qui sont soumis à ce genre de visite. Par exemple, pour le cas des Marquises, le contrôle se fait durant la période de février-mars et, chaque année, durant cette période, on programme la visite et on prend en charge le déplacement. Il appartient à chacun d'être prêt, mais on les informe largement par la presse, les mairies, les référents sur l'île, etc. Ça permet de ne pas se déplacer de nombreuses fois dans un archipel éloigné, ce qui coûte cher. Donc, si quelqu'un n'est pas là et qu'il n'est pas prêt avec son bateau, c'est à lui d'organiser le déplacement supplémentaire de l'inspecteur".

Le permis de navigation est valable pendant un an. Aujourd'hui, la DPAM effectue des contrôles sur 32 îles en Polynésie française et cela concerne plus de 1 000 pêcheurs professionnels.



Jaros Otcenasek, Président du syndicat des pêcheurs professionnels

Que demandez-vous à la DPAM ?
"Qu'ils fassent leur boulot correctement entre les administrations. C'est le même problème que nous avons rencontré lors de nos demandes transitoires. La directrice de la DPAM voulait faire revenir mes pêcheurs des Marquises, pour qu'ils récupèrent leurs casiers judiciaires numéro 3 pour avoir leur BCPC, c'est-à-dire, le brevet de capitaine de pêche. Ce qui veut dire que mes pêcheurs payent leurs billets d'avion pour récupérer ce bout de papier et le déposent à la DPAM. Je leur ai dit, pourquoi ne pas trouver un accord entre administrations afin d'éviter tout cela."

C'est un problème de service public alors selon vous ?

"Tout à fait, c'est un problème de service public. Ils sont payés à ne rien faire. C'est moi qui dois faire leur travail et c'est eux qui sont payés. Vous pouvez le dire, les pêcheurs font leur travail et à la fin du mois c'est eux qui sont honorés, c'est de l'injustice."

Catherine Rocheteau, directrice de la DPAM

Qu'est-ce qu'un permis de navigation ?
"Le permis de navigation est délivré après une visite de sécurité qui permet d'établir si le bateau est conforme. Chaque année, il faut vérifier le matériel et l'état du bateau, etc. et ça dure en général une demi-journée, ça dépend de la typologie du bateau. Ensuite, un rapport est établi, ce qui prend généralement 48 heures voir la semaine qui suit, ça dépend où se passent les visites, parce qu'on couvre toute la Polynésie. À l'issue de cette visite et du rapport établi, on met en place le permis de navigation, qui est en fait le titre de sécurité du bateau, ça ne concerne pas le titre qui permet aux pêcheurs de conduire."

Qui prend en charge les déplacements des inspecteurs ?
"Depuis 2006, si ma mémoire est bonne, c'est la DPAM qui se charge de cela. On regarde la date de péremption du permis et on tente de le garder toujours dans la même période. Aujourd'hui, on a trois inspecteurs, bientôt quatre, et on sera sûrement au maximum de nos équipes en termes d'effectifs. Donc ça demande des compétences particulières et une formation spécifique. Ça demande de faire les choses dans les temps pour pérenniser la situation. Mon objectif est de limiter nos dépenses et que ça soit efficace pour les usagers. Depuis 2 ans, on s'est rendu compte que c'était bien plus facile en utilisant les services de l'Aranui. Donc mon inspecteur part en avion jusqu'à une des îles du Sud ou du Nord, selon le tour que fait l'Aranui. Ensuite, il embarque à bord de ce bateau et il fait toutes les îles. Je fais le relai auprès des radios locales, les mairies ou nos référents. Pendant les opérations de débarquements de l'Aranui, l'inspecteur s'occupe des visites de nos professionnels."


le Mercredi 26 Août 2015 à 15:26 | Lu 2670 fois