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Le compte à rebours du remaniement a commencé


Paris, France | AFP | lundi 07/10/2018 - Le bal des rumeurs battait son plein lundi en attendant l'heure, sans doute proche, du remaniement d'ampleur inconnue censé apporter "un nouveau souffle" à l'exécutif, près d'une semaine après la démission de Gérard Collomb.

Le retour du ministre de l'Intérieur vers son fief lyonnais, finalement accepté mardi soir par Emmanuel Macron, a conduit le Premier ministre Édouard Philippe à assumer l'intérim. Selon Matignon, il est ainsi prévu que le Premier ministre participe, lundi soir à Lyon, au dîner de travail des ministres de l'Intérieur des six plus grands pays de l'UE.
Le remaniement, qui aura été attendu aussi longtemps que le remplacement début septembre de Nicolas Hulot, pourrait donc être dévoilé lundi ou plutôt mardi, selon des sources gouvernementales. Soit avant le Conseil des ministres prévu mercredi et le départ dans la foulée de M. Macron pour le Sommet de la francophonie en Arménie.
Les noms des ministres Christophe Castaner, Jean-Yves Le Drian ou Gérald Darmanin circulent et, de plus en plus, ceux d'experts comme le procureur de Paris François Molins - une figure connue des Français depuis les attentats de 2015 -, la directrice de la PJ Mireille Ballestrazzi, le maire de Prades (Pyrénées-Atlantiques) Jean Castex, un haut fonctionnaire qui a servi Nicolas Sarkozy à l'Élysée, enfin l'ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard, un autre proche de M. Sarkozy.
L'ampleur de la réorganisation gouvernementale est la principale incertitude, suscitant un nombre "vertigineux" de "bêtises, fake news, manips, noms jetés en pâture sur le remaniement", a commenté Gilles Boyer, le conseiller du Premier ministre.

- Gouvernement Philippe III ? -

 
Si l'option d'un large changement était retenue, Édouard Philippe pourrait remettre la démission de son gouvernement. Dans cette hypothèse, renommé à Matignon à la tête d'un "gouvernement Philippe III", il pourrait solliciter de l'Assemblée un vote sur une déclaration de politique générale.
"Si le président décide d'un remaniement ample et profond, c'est d'évidence qu'il faudra que le nouveau gouvernement demande la confiance", a fait valoir dans le JDD Richard Ferrand, nouveau président de l'Assemblée et rouage essentiel de la Macronie.
M. Ferrand plaide pour un "nouveau souffle", mettant notamment l'accent sur la nécessité de se "réconcilier avec les territoires". "Cela peut se traduire par une place plus visible de ces enjeux dans le prochain remaniement", a-t-il dit, alors que les relations sont tendues entre gouvernement et grandes associations d'élus.
La députée LREM Laurianne Rossi, issue du PS, plaide elle dans Le Parisien pour un rééquilibrage du gouvernement ouvert "au centre à la gauche sociale-démocrate". 
Détenteur du portefeuille de la Cohésion des Territoires, Jacques Mézard pourrait être poussé vers la sortie. Mais selon une source parlementaire bien informée, des piliers de la macronie militent pour qu'il reste, car un départ de l'ancien président du groupe radical au Sénat "serait un mauvais message à envoyer au Sénat", notamment dans le cadre de la révision constitutionnelle pour laquelle chaque voix comptera.
Le secrétaire d'État Julien Denormandie pourrait, lui, obtenir un ministère de plein exercice au Logement.
Quant à Jacqueline Gourault, elle pourrait officiellement se voir attribuer les dossiers des collectivités locales.
Derrière elle, le gouvernement pourrait accorder une plus large place aux centristes du Modem, qui ont donné des signes de mécontentement notamment lors de l'élection au perchoir de Richard Ferrand. Le chef de file des députés MoDem, Marc Fesneau, a été cité pour succéder à Stéphane Travert à l'Agriculture, mais pourrait aussi entrer à un autre poste.
Autre ministre fragilisée: Françoise Nyssen (Culture), gênée par une enquête préliminaire sur des travaux d'agrandissement dans les locaux d'Actes Sud.
La porte-parole de LREM à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé, a assuré lundi sur franceinfo que Mme Nyssen était "une bonne ministre", et qu'elle n'était "pas candidate" à sa succession en cas de départ.
Enfin, ultime donnée de l'équation: les ministres nourrissant des ambitions municipales pour 2020 devraient pour l'heure rester au gouvernement. "On ne va pas caler nos comportements sur le comportement de Gérard Collomb", a expliqué dimanche le porte-parole Benjamin Griveaux, qui réfléchit lui-même à une candidature à Paris.

le Lundi 8 Octobre 2018 à 03:16 | Lu 357 fois