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Le Tavini prend le train des manifs en marche


Tahiti, le 18 octobre 2021 - Le Tavini Huiraatira organise une marche pour la souveraineté, samedi matin à Papeete, en commémoration des affrontements du 23 octobre 1987. Le même jour, aux mêmes heures et suivant le même itinéraire, le collectif Nuna’a a ti’a manifestera contre l’obligation vaccinale.
 
L’année dernière, la commémoration avait été organisée en comité restreint au pied de la stèle Pouvana’a a O’opa à Papeete. Cette année, le Tavini Huiraatira voit plus grand pour la commémoration des affrontements du 23 octobre 1987. Bien plus grand. Le parti souverainiste organise une marche depuis les entrées Est et Ouest de Papeete, en direction de la place Tarahoi. Une marche qui sera fondue dans le cortège des manifestants contre l’obligation vaccinale, samedi…

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Les itinéraires et les horaires sont identiques. Le collectif Nuna’a a ti’a appelle à se rassembler sur le parking de l’ancien hôpital de Mama’o et au stade Willy Bambridge à Tipaerui. Les deux cortèges se mettront en marche à 8 heures en direction de la place Tarahoi, où un sit-in doit avoir lieu jusqu’en fin de matinée. Pour commémorer les affrontements qui avaient opposé les dockers aux forces de l’ordre, le 23 octobre 1987, et les émeutes qui s’en étaient suivies, le Tavini Huiraatira appelle à des rassemblements aux mêmes lieux, pour une marche qui démarrera à la même heure, en direction du même endroit. “Il y a des dates qui sont gravées dans nos mémoires”, a défendu lundi Oscar Temaru. Le parti souverainiste compte largement mobiliser ses militants pour l’occasion.
 
Cacophonie

D’un côté, le collectif Nuna’a a ti’a organise samedi un rassemblement citoyen pour demander l’abrogation de la loi sur l’obligation vaccinale, dire son opposition à la mise en place d’un pass sanitaire en Polynésie française et soutenir le docteur Jean-Paul Théron, appelé à comparaître le 29 octobre pour violences volontaires sur personne chargée d’une mission de service publique. De l’autre, le Tavini Huiraatira mobilise ses militants pour défendre la souveraineté du peuple polynésien sur ses ressources naturelles. Le parti indépendantiste veut dans l’immédiat réagir aux déclarations d’Emmanuel Macron, le 12 octobre dernier. En créditant la France du deuxième espace maritime au monde, grâce à ses outremers, le président de la République a déclaré que l’exploration des grands fonds marins était une des priorités du plan d’investissements France 2030. “C’est notre pays, avec toutes ses ressources”, clame le leader souverainiste. Les manifestants seront aussi là pour demander à l’État de respecter les dispositions de la résolution adoptée le 10 décembre 2020 par l’assemblée générale des Nations Unies qui réaffirme le droit inaliénable du peuple de Polynésie française à l’autodétermination.
 
Récupération
 
Si sur la forme, cette manifestation aura des allures curieuses, sur le fond cette union de moyens n’a rien d’étonnant. On connait les liens de proximité qu’entretient le collectif Nuna’a a ti’a avec le parti Tavini Huiraatira. Reste qu’au cœur des cortèges, on peut aussi estimer qu’ils seront nombreux à marcher samedi, sincèrement et sans lien avec quelque parti ou idéologie politique, simplement contre les dispositifs de contrôle sanitaire mis en place par les autorités dans le cadre de la gestion de la crise Covid. Et ceux-là risquent de faire les frais d’une entreprise de récupération. Car la manifestation de ne brillera probablement pas par la clarté de ses revendications, mais de toutes parts on pourra en effet se flatter d’avoir rassemblé sous son égide. “Nous sommes tous de ce pays. Chacun est libre de s'exprimer”, a soutenu Oscar Temaru lundi en conférence de presse.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 18 Octobre 2021 à 18:38 | Lu 949 fois