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Le Tahoera’a crée le principe de la "démission d’office" pour supprimer les frondeurs


Le Tahoera'a convoque ses instances dirigeantes pour entériner le principe de la "démission d'office" du parti. Deux assemblées sont prévues ce jeudi à Erima au domicile de Gaston Flosse.
Le Tahoera'a convoque ses instances dirigeantes pour entériner le principe de la "démission d'office" du parti. Deux assemblées sont prévues ce jeudi à Erima au domicile de Gaston Flosse.
PAPEETE, 22 avril 2015 – Le Tahoera’a Huira’atira provoque en urgence ce jeudi à Erima la réunion de ses instances dirigeantes. Gaston Flosse souhaite modifier le règlement intérieur du parti afin de provoquer la "démission d'office" des frondeurs pro-Fritch.

Une réunion du conseil politique du Tahoera’a Huira’atira est programmée à 16 heures, ce jeudi au domicile de Gaston Flosse à Erima. Elle sera suivie, dans la foulée, d’une assemblée du Grand conseil du parti autonomiste. L’ordre du jour prévoit la modification du règlement intérieur du parti et notamment l’inscription d’un principe dévastateur : celui de l’exclusion de facto du parti des membres de droits des instances dirigeantes du Tahoera’a, au bout de trois absences injustifiées à un conseil politique ou un Grand conseil.

"Plus de 200" convocations sont parties lundi à l’adresse des élus membres de droits des deux instances dirigeantes. Il s’agit théoriquement des présidents des sections Tahoera’a, des maires élus sous l’étiquette du parti, des membres du gouvernement et des 38 représentants orange à Tarahoi.
Le coup vise particulièrement les frondeurs du parti : les membres du gouvernement et les représentants pro-Fritch de l’Assemblée qui ne répondent plus aux convocations du parti depuis octobre dernier.

"On en a marre des gens qui crient leur amour pour le Tahoera’a et qui font tout pour le couler", nous a confié mercredi Mate Tuihani, membre du bureau exécutif du parti et proche de Gaston Flosse. Il refuse cependant de parler de mesure d’exclusion et préfère évoquer le principe de la "démission d’office". "Quand on revendique son appartenance à un parti, il faut assumer", lance-t-il.

Un problème de taille se dresse pourtant devant cet aménagement du règlement voulu par Gaston Flosse. Car il semble que le Président du Pays soit la principale cible de la manœuvre. Comment en effet provoquer légitimement la "démission d’office" d’Edouard Fritch, après trois absences injustifiées ? Edouard Fritch est président délégué du Tahoera’a, élu par le congrès du parti, tout comme le président Gaston Flosse. Ce sont les deux seuls élus par les militants à la tête du parti ; tous les autres membres sont nommés. Les deux hommes disposent à ce titre d’une légitimité démocratique au sein des militants. Comment imaginer dans ce contexte qu'Edouard Fritch soit démis de sa fonction autrement que par le suffrage des 7000 membres d’un congrès du parti ?

En toile de fond de tout cela, il y a la crainte, dans l'entourage de Gaston Flosse, qu'en cas de victoire des candidats pro-Fritch aux sénatoriales partielles, le 3 mai, le président délégué du Tahoera'a soit tenté assez rapidement de revendiquer la présidence du parti.

"Ils n’ont pas créé leur propre parti comme le voulait Gaston Flosse, il y a 15 jours ; ils ne se sont donc pas exclus d’eux-mêmes du Tahoera'a. Alors maintenant Gaston Flosse réfléchit à une modification du règlement qui permettrait de parvenir au même résultat", commente un observateur de la vie politique locale, proche d’Edouard fritch. "Gaston Flosse est dans une logique mortifère, de destruction totale. Il est en train de vider le parti de ses militants".

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 22 Avril 2015 à 16:19 | Lu 4195 fois