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Le Tahiti de Sylvain : De l’enfer au paradis


“Tahiti je t’aime”. Tout est dit dans le titre du livre que Teva Sylvain consacre à la vie hors normes de son père, le photographe Sylvain.
“Tahiti je t’aime”. Tout est dit dans le titre du livre que Teva Sylvain consacre à la vie hors normes de son père, le photographe Sylvain.
Tahiti, le 11 novembre 2020 - Ce n’est pas un lointain personnage du XIXe siècle que nous allons vous présenter aujourd’hui, mais un poète de l’image tout à fait contemporain. Le jeune Sylvain, Parisien bon teint, sortit vivant de l’épopée de la 2e DB du général Leclerc et arriva à 26 ans, en 1946, à Tahiti à bord d’un bateau militaire. Du nid d’aigle d’Hitler à Berchtesgaden aux lagons polynésiens, sa vie bascula en quelque mois de l’horreur de la guerre aux délices de l’amour et de la paix. Son fils Teva, qui a poursuivi le travail de son père pour magnifier Tahiti, ses îles et ses vahine, tenait à réaliser un ouvrage rendant compte de la vie exceptionnelle de son père. Il a accepté pour Tahiti Infos, de nous en offrir en avant-première les plus belles photos et les meilleures anecdotes...

Si l’on tente de relier entre eux les hommes qui ont permis de créer le mythe de “Tahiti paradis” et qui l’ont fortifié au fil des décennies, on ne manquera pas de citer Bougainville, Gauguin, Loti, Murnau entre autres, et enfin Sylvain qui vécut plus de quarante ans en Polynésie française où il s’éteignit le 19 mars 1991.

Kon Tiki, Bounty, de Gaulle, etc.

Une vahine (Jeanine), un cocotier, sur fond de lagon ; en un cliché, Sylvain a su redonner au mythe de Tahiti toute son aura ; et cette fois-ci, on peut voir des images du paradis...
Une vahine (Jeanine), un cocotier, sur fond de lagon ; en un cliché, Sylvain a su redonner au mythe de Tahiti toute son aura ; et cette fois-ci, on peut voir des images du paradis...
Difficile en quelques lignes de retracer la vie si riche de cet homme, tant il est vrai que l’on retrouve son nom un peu partout : sur les timbres de l’OPT, les billets de banque, dans des livres de BD, dans d’innombrables magazines (dont les plus prestigieux d’entre eux), au cinéma, à la télévision, jusqu’au monde de la musique. Que l’on parle du Kon Tiki, de l’installation du CEP, de la Bounty avec Marlon Brando en 1957 ou de la Bounty avec Mel Gibson (sorti en salle en 1984), du général de Gaulle, de l’aéroport de Faa’a, c’est encore le nom de Sylvain qui surgit comme si cet “homme prothée” de l’image était partout.

Mais c’est bien entendu surtout dans la photo d’art que cet amoureux du fenua s’illustra le plus magnifiquement et entra dans la légende de ceux qui ont contribué à faire le mythe de Tahiti. Car si l’on regarde bien, avant 1946, il est clair que ce ne sont pas les photographes qui manquèrent dans ce qui s’appelait alors les Etablissements français de l’Océanie, mais aucun d’entre eux, en réalité, n’a débordé à l’international comme Sylvain sut le faire. Et personne surtout avant lui, boîtier en main, ne s’était attaqué à mettre en image ce paradis que tant d’autres avant lui avaient évoqué, sans véritablement le donner à voir. D’ailleurs, voir est un verbe sans doute très réducteur quand on parle des clichés de Sylvain, puisque en les regardant, on est caressé par l’alizé, on respire le parfum des fleurs, on touche l’eau tiède des lagons, on ressent la chaleur du soleil sur la peau.

Héros de la 2e DB de Leclerc

Sylvain (à droite) a fait toute la campagne de la 2e DB jusqu’au nid d’aigle d’Hitler, Berchtesgaden. Il était tankiste et a participé à la libération de Paris.
Sylvain (à droite) a fait toute la campagne de la 2e DB jusqu’au nid d’aigle d’Hitler, Berchtesgaden. Il était tankiste et a participé à la libération de Paris.
Alors oui, ce “Tahiti je t’aime”, portrait fidèle de Sylvain par son fils Teva, cela faisait des années qu’on l’attendait. Mais Teva, lui aussi sur tous les fronts, manquait de temps ; le confinement du début de l’année a enfin donné de l’air à son emploi du temps et il a pu retrousser ses manches et enfin réaliser cet hommage à son père auquel il tenait tant.
Toute histoire ayant un début, remontons donc à l’année 1920 qui voit venir au monde du petit Sylvain Adolphe, à Paris. A dix ans, il apprend à jouer de la guitare (il adoptera le ukulele à Tahiti), et à 14 ans, le voilà primé au prestigieux concours Lépine pour l’invention d’une grue automatisée. Il sera à nouveau primé pour une autre invention l’année suivante, preuve que le jeune garçon a le cerveau en ébullition et que ses centres d’intérêts débordent très largement ceux de l’enseignement scolaires et des jeux des garçons de son âge.

Il a un physique de “beau gosse” et décroche un rôle dans un film de Maurice Labro (“Equipe”) en 1940 année où la guerre vient complètement chambouler la vie de Sylvain. En 1942, il se rend en zone libre ; pris par les Allemands, il est emprisonné à Annecy d’où il s’évade pour gagner la frontière espagnole, pays alors neutre. Arrêté en Espagne, il est emprisonné six mois au camp de Liranda de Ebro avant de pouvoir prendre à nouveau le large pour s’engager dans ce qui sera la grande aventure militaire de sa vie : en 1943, il s’engage dans la 2e DB (division blindée commandée par le général Leclerc) où il combattra jusqu’à la fin des hostilités. Il débarde en France le 3 août 1944, participe activement à la libération de Paris et termine son parcours héroïque en 1945 à Berchtesgaden, le fameux nid d’aigle d’Hitler.

Tahiti et Jeanine : le coup de foudre

27 octobre 1946 : l’une des toutes premières photos de Sylvain à Tahiti, l’arrivée au quai de Papeete et la montée à bord des jeunes filles venant offrir des colliers de fleurs aux nouveaux arrivant ; On reconnaît Jeanine Vidal, deuxième sur la passerelle.
27 octobre 1946 : l’une des toutes premières photos de Sylvain à Tahiti, l’arrivée au quai de Papeete et la montée à bord des jeunes filles venant offrir des colliers de fleurs aux nouveaux arrivant ; On reconnaît Jeanine Vidal, deuxième sur la passerelle.
A la fin de la guerre, Leclerc le garde à ses côtés et le nomme au commissariat à l’information de son cabinet (on dirait aujourd’hui au service presse). A ce titre, le 7 août, il part à bord du Suffren en Indochine. Il sera démobilisé le 12 décembre et il entame alors une série de reportages qui le mèneront à Angkor, Pékin, Shanghai, Saigon, la mer de Corail, Nouméa, Port-Vila, à Wallis, à nouveau en Nouvelle-Calédonie avant de débarquer, le 27 octobre 1946, sur le quai de Papeete, une journée inoubliable pour lui : il découvre en effet “le paradis” et surtout, dans les yeux d’une jeune fille élégante et ravissante, le grand amour ; il s’agit  de Jeanine Vidal, née à Papeete, jeune sage femme qui demeurera le grand, le seul, l’unique amour de sa vie. Et quel amour, puisque Jeanine sera celle qui le fera rester à Tahiti, s’y marier et qui deviendra sa muse.

Aux yeux de Sylvain, elle est “la” vahine, incarnation de la grâce, du naturel et de la spontanéité des filles des mers du Sud.
Par chance pour Sylvain, qui comprend tout de même qu’en s’installant à Tahiti, il prend le risque de ne pas être débordé de travail donc de revenus, l’année suivante, en 1947, un radeau fait de troncs de balsa s’échoue à Rairoa. Il s’agit du Kon Tiki à la rencontre duquel vont les autorités françaises qui emmènent avec elles le jeune photographe. Ses photos, son reportage sur le retour à terre, après 101 jours de mer de l’équipage du Kon Tiki feront le tour du monde et lui permettront d’acquérir une indiscutable notoriété à l’international. Le courrier de remerciements de G.W. Churchill, rédacteur-en-chef de la prestigieuse revue Life, ouvre les portes de la presse américaine au jeune photographe.

Désormais, il faudra compter sur Sylvain quand on voudra des images de Tahiti ou quand on viendra en tourner. Sylvain sera dès lors le “Monsieur images” de la Polynésie, qu’il s’agisse de photos ou de films de cinéma. Car Sylvain est aussi à l’aise avec un boîtier argentique qu’avec une caméra, qu’il travaille pour le cinéma où la télévision.

“Il faut faire rêver les gens”

Sylvain, au fur et à mesure de sa découverte des îles polynésiennes, s’y sentira de plus en plus attaché. C’est décidé, il ne rentrera pas à Paris, il plantera le trépied de son objectif à Tahiti, aux côtés de sa muse, Jeanine.
Sylvain, au fur et à mesure de sa découverte des îles polynésiennes, s’y sentira de plus en plus attaché. C’est décidé, il ne rentrera pas à Paris, il plantera le trépied de son objectif à Tahiti, aux côtés de sa muse, Jeanine.
Catalyseur de ce déploiement d’énergie, Jeanine, devenue son épouse le 18 mars 1948. Le couple aura cinq enfants : Vahinemoea, Jacqueline, le 10 décembre 1947, Eliane Vaea Tearai le 10 mai 1950, Turia Hinano Marie-Thérèse Terangi le 23 avril 1952, Teva Sylvain, Heremoana, Joël le 23 mai 1954 et Maïma, Tehani, Nadège le 9 avril 1963. Sylvain photographie énormément Jeanine, qui restera sa muse toute sa vie, mais il réalisera également de très beaux portraits de ses enfants.

Avec son garçon, Teva, la complicité va se manifester d’une manière peu ordinaire puisque “Teva dans Opération Gauguin” sera un feuilleton tourné de 1968 à 1970 et dont la diffusion commencera en 1970 en couleur en France métropolitaine, en noir et blanc à Tahiti. Au début de ce long tournage, qui mobilisa l’énergie de ses parents, Teva était âgé de 14, jeune blondinet aux aventures exotiques qui feront rêver plus d’un Métropolitain dans les brumes de l’hiver français : il y a des couleurs, du mouvement, du rêve, de l’aventure... “Il faut faire rêver les gens” disait sans cesse Sylvain qui avait définitivement tourné le dos à la grisaille parisienne à laquelle il était pourtant attaché dans sa jeunesse. Certes, Sylvain n’oublia jamais la lointaine France, mais il avait tourné la page et donné son cœur à un ailleurs dont il ne soupçonnait même pas l’existence lorsqu’il “bricolait” pour briller au concours Lépine.

Le tout Paris à Tahiti

Deux “gros poissons” dans le monde des people, Gunter Sachs et Brigitte Bardot, prennent la pose pour Sylvain.
Deux “gros poissons” dans le monde des people, Gunter Sachs et Brigitte Bardot, prennent la pose pour Sylvain.
L’une de ses manières de rester pas si éloigné que cela de Paris fut sans conteste les relations qu’il entretint très tôt avec les “vedettes” comme on disait alors de passage à Tahiti. Avant l’ouverture de l’aéroport international, elles étaient rares, certes, mais dès que les avions long courrier vinrent user la gomme de leurs pneus sur l’asphalte de Tahiti-Faa’a, elles arrivèrent beaucoup plus régulièrement, et nombre d’entre elles devinrent des amis de Jeanine et de Sylvain ; la première leur ouvrait les portes du Tahiti de la belle époque, le second immortalisait avec son Rolleiflex ces instants de bonheur et d’insouciance.

Citons, dans la kyrielle de ces stars dont l’étoile a certes parfois pâli, Jean Sablon, Arletty, Alain Decaux, Romain Gary, Martine Carol, Serge Reggiani, Georges Clouzot, Maurice Herzog, Jean-Paul Belmondo, Roger Vadim, Tino Rossi, Raymond Oliver, Brigitte Bardot, Gunther Sachs, Marlon Brando bien entendu, Eddy Barclays, Alain Colas, Jacques Martin, un fidèle, Paul-Emile Victor, devenu un “local”, Claude Lelouch, Catherine Deneuve, Johnny Hallyday, mais aussi Pierre Messmer ou Philippe de Gaulle... Pour tous, les immenses sourires de Jeanine et les “clic-clac” toujours inspirés et judicieux de Sylvain. Il n’était plus à Paris certes, mais Paris venait à lui !

Tanks contre pirogues

Toute sa vie, Sylvain magnifia la beauté de nos îles et de ses habitants ; il avait un leitmotiv, “il faut que les gens rêvent” ; et il les fit rêver.
Toute sa vie, Sylvain magnifia la beauté de nos îles et de ses habitants ; il avait un leitmotiv, “il faut que les gens rêvent” ; et il les fit rêver.
Qu’il était loin le temps de ces combats dans la froidure et la boue aux commandes de son char Sherman faisant route vers l’Allemagne sous les bombes et les obus de l’ennemi. Loin dans le temps aussi les drames vécus lorsque ses camarades perdaient la vie. “Nous en avons perdu des amis ; cette guerre, que certains ont appelée “spectaculaire”, elle nous aura coûté cher ! Nous nous comptons sur les doigts, maintenant, les “anciens”. Les uns après les autres, ils ont accompli leur travail. Nous sommes habitués au côtoiement journalier des futurs morts et des morts. Nous en avons vu, des cadavres, ennemis ou amis, sur les routes dans des positions de vivants, dans les chars calcinés, réduits à la grandeur de poupée, dans les forêts, écartelés, grimaçants. Oui nous en avons vu, pour nous, un cadavre, c’est comme une chose, c’est anonyme, c’est creux, vide, zéro”…
Tanks contre pirogues, obus contre couronnes de fleurs, le monde avait basculé pour Sylvain en même temps qu’il avait changé d’hémisphère.

Comblé par une vie aussi riche en événements heureux qu’en émotions fortes, en amour comme en beauté, Sylvain s’éteignit le 19 mars 1991 à Tahiti où il repose aujourd’hui. Trente ans plus tard ou presque, grâce à son fils Tva, grâce à son épouse Jeanine, grâce à sa famille et à ses amis, il peut feuilleter, là où il est, le livre de sa vie avec fierté et s’exclamer “Tahiti je t’aime”. Pas une de ses photos, nombreuses dans cet ouvrage, n’a pris une ride !

 
Photos extraites du livre “Tahiti je t’aime.
Portrait de Sylvain par son fils Teva”
(la plupart sont de Sylvain lui-même).

Les Révoltés de 1957

L’épopée du tournage des Révoltés du Bounty en 1957 mériterait à lui seul un livre entier, tant la réalité en terme de romanesque, dépassa et de loin la fiction, tant aussi les soucis, les ennuis, les caprices, les humeurs des uns et des autres, les retards, les problèmes furent légion. Sylvain ne tenait certes pas le rôle-titre de ce long métrage, mais c’est lui qui fournit en photos la XXth Century Fox.
Il suffit de lire, page 175 du livre, la lettre élogieuse de R. Florey, un des “big boss” de ce studio, pour comprendre que Sylvain fit plus que du bon travail, ses photos ayant été agrandies sous des formats XXL et ayant fait la couverture de nombreux magazines aux États-Unis notamment, mais pas que...
Sylvain fut, bien entendu, aux premières loges en 1957 lors du tournage des “Révoltés du Bounty” avec Marlon Brando. Ici le bateau anglais dans la baie de Matavai.
Sylvain fut, bien entendu, aux premières loges en 1957 lors du tournage des “Révoltés du Bounty” avec Marlon Brando. Ici le bateau anglais dans la baie de Matavai.

“Tahiti, c’est un art de vivre”

Evidemment, quand de tels clichés éclatent en pleine page dans un magazine de France ou des États-Unis en plein hiver, on est loin de la grisaille et du froid...
Evidemment, quand de tels clichés éclatent en pleine page dans un magazine de France ou des États-Unis en plein hiver, on est loin de la grisaille et du froid...
Dans une interview accordée à un journaliste français, Sylvain expliqua ainsi sa relation avec Tahiti :

Sylvain, vous vivez à Tahiti depuis trente ans, pourquoi ?
“Tahiti est un thème inépuisable. C’est un rêve. Chacun y trouve son compte. Les Tahitiens n’ont qu’un art : c’est l’art de vivre. Tout le monde est concerné. C’est, par exemple, le seul endroit au monde où les Chinois ne sont pas restés chinois. Ils ont perdu presque toutes leurs qualités de Chinois. Ils se marient avec des Tahitiennes. L’art de vivre des Tahitiens est une chose fantastique. Et de plus ils sont très près de nous. Ma femme est Tahitienne. Quand je suis arrivé à Tahiti, j’ai été d’emblée frappé par cet art de vivre. Même maintenant, bien qu’il y ait évidemment des tas de problèmes, des problèmes politiques, des petites et grandes choses...”

Il y a également le centre d’expérimentations du Pacifique. N’a-t-’il pas bouleversé cet art de vivre ?
“Oui, il a bouleversé pas mal de choses dans un sens mais il a apporté beaucoup dans l’autre. Tout de même, s’il n’y avait pas eu le C.E.P., comment vivrait-on aujourd’hui ? Peut-être Tahiti a-t-elle passé le cap du sous-développement grâce au C.E.P.”

Quelle différence entre Tahiti il y a trente ans et Tahiti maintenant ?
“Moi j’aime le Tahiti d’aujourd’hui, indépendamment des questions politiques qui s’y posent. J’aime le Tahiti d’aujourd’hui parce qu’elle a des ouvertures sur tout. Le modernisme n’est pas une chose désagréable en soi. Quand on est bien desservi par des lignes aériennes, quand on a un contact permanent avec le reste du monde, c’est tout de même très bien et fort agréable. Nous ne sommes pas du tout isolés. Les personnalités qui passent à Tahiti sont multiples et variées et apportent beaucoup. À Tahiti, il y a une espèce d’ambiance du fait de l’ouverture d’esprit des gens qui y vivent. C’est un pays qui apporte énormément à tous ceux qui y vont en mission, même sans l’avoir choisi.”

Mais tout de même, Tahiti, c’est un peu une image d’Épinal, sinon une belle photographie de Sylvain ?
“C’est une image de rêve que tout le monde devrait avoir dans la tête. Il faut que les gens rêvent. C’est une nécessité. On ne peut pas vivre sans imaginer quelque part qu’il y a un endroit merveilleux. À mon avis, on est très près de ce rêve. Tout le monde n’a-t-il pas une petite touffe de cocotier derrière la tête ?”


 

Rédigé par Daniel Pardon le Vendredi 13 Novembre 2020 à 17:52 | Lu 7312 fois