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Le Port demande l'expulsion de trois voiliers de Punaauia


Tahiti, le 13 mai 2025 – Le tribunal administratif pourrait aller dans le sens du Port autonome qui lui demande de prononcer l'expulsion de trois bateaux au mouillage dans la baie de Vairai à Punaauia. “Ce bateau n'est pas une épave, c'est notre maison. On travaille ici, on a des enfants”, a plaidé le propriétaire de l'un des navires, expliquant avoir tenté de trouver des solutions avec le Port, sans succès. Le rapporteur public a proposé une astreinte de 10 000 francs par jour jusqu'au départ de ces voiliers. La décision est attendue le 27 mai. 
 
 
Ils sont arrivés de France en 2022 avec leur bateau, le “Shangy Shamu”, pour rejoindre leurs enfants qui vivent en Polynésie. Ils se retrouvent aujourd'hui devant le tribunal administratif. Mis en demeure une première fois en 2023, le Port autonome demande aujourd'hui au tribunal administratif de prononcer l'expulsion sous astreinte de leur navire qui est au mouillage à Punaauia, dans la baie de Vairai, de l'autoriser à procéder au retrait de ce bateau aux frais de l'occupant et, au besoin, avec le concours de la force publique. Le mouillage hors corps-mort dans cette zone est en effet interdit et les conclusions du rapporteur public sont allées dans le sens du Port en proposant une astreinte de 10 000 francs par jour jusqu'au départ de ce voilier "sous cinq jours à compter de la décision à intervenir". Mais aussi de deux autres bateaux, le “Shark” et l'"Adameck" qui mouillent au même endroit. Si leurs propriétaires étaient absents du tribunal ce mardi matin, ceux que du “Shangy Shamu” étaient bien présents à l'audience et ont tenté de plaider leur cause. Visiblement très ému, la voix tremblotante, le mari a expliqué avoir demandé de l'aide au Port autonome pour se conformer au droit. “On veut juste des solutions plutôt que de nous faire un procès.”
 
“Ce n'est pas une épave, c'est notre maison”
 
En cause : l'impossibilité pour eux de pouvoir disposer d'une bouée car elles ont une capacité de 15 tonnes maximum alors que leur bateau pèse 20 tonnes. “On a demandé à doubler la bouée à nos frais. On était prêts à payer de notre poche pour avoir le bon tonnage et on veut payer l'eau, les poubelles (...) mais il y a une politique de refus systématique des bateaux habités. Donc on est complétement coincés. On n'a pas de solutions. Il faudrait presque qu'on parte de Polynésie alors qu'on a toute notre vie ici”, a expliqué le propriétaire, ébéniste de métier. “Ce n'est pas une épave. C'est notre maison. C'est un beau bateau, entretenu, il a même tourné dans le film Marae”, appuie son épouse qui travaille ici en tant que patentée et qui semblait tout aussi désemparée face à cette fin de non-recevoir du Port autonome d'autant qu'actuellement “il y a 60 bateaux au mouillage là où nous sommes”. Fait rarissime, le président du tribunal s'est alors tourné vers la représentante du Port autonome lui demandant ce qu'on pouvait faire. “Quand on arrive quelque part, on s'assure de pouvoir le faire dans les règles”, a-t-elle rétorqué. Le tribunal rendra sa décision le 27 mai.
 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 13 Mai 2025 à 16:01 | Lu 4994 fois