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Le Pays lance une consultation publique pour sa stratégie touristique


Tahiti, le 21 octobre 2020 - Alors que le secteur dans son entier souffre de la pandémie, le Pays a décidé de mettre la population au chevet du tourisme. Pour l’élaboration de la future stratégie touristique 2020-2025, un appel est ainsi lancé aux Polynésiens pour contribuer, au travers d’une plateforme web dédiée, en apportant leurs idées et leurs expérience pour redresser la barre.
 
Après une présentation au CESEC et aux représentants de l’assemblée, le projet de nouvelle stratégie touristique a été présenté officiellement au public. Plus qu’un projet, c’est surtout une méthode originale qui est proposée avec "Fariiraa Manihini 2025". Derrière cette appellation se cache en réalité une démarche, "inédite en Polynésie", avec la consultation de tous pour l’élaboration du nouveau schéma de développement touristique polynésien jusqu’en 2025. Un schéma qui doit forcément tenir compte d’un secteur plus que perturbé par l’épidémie mais également des aspirations de chacun.
 
La stratégie peut venir d’en bas
 
Après une demi-décennie de croissance non-stop qui a vu le tourisme polynésien renouer avec la gloire et les chiffres passés, la démarche est à la fois périlleuse et audacieuse. La préparation de la stratégie 2021-2025, qui devait pérenniser le succès engrangé, a été mise à mal par la pandémie. Nouveau contexte et donc nouvelle vision des choses. Alors que les gouvernements successifs ont soutenu pendant de nombreuses années, à grands coups de défiscalisation, l’hôtellerie de luxe ou le tourisme nautique tout en essayant de développer la croisière de masse, la nouvelle démarche de "co-construction" a vocation à trouver les solutions qui viennent d’en bas. La population mais également les acteurs du tourisme sont ainsi sollicités dès maintenant pour faire des propositions dans une démarche qui se veut aussi participative que constructive pour redresser le tourisme polynésien désormais moribond. Le but est en effet de "construire la nouvelle feuille de route à partir de l’avis de tous les Polynésiens" selon Warren Dexter, médiateur du projet. Ils peuvent ainsi "s’exprimer sur le tourisme qu’ils veulent ou qu’ils ne veulent pas".
 
Place au tourisme inclusif
 
Un nouveau concept qui s’accompagne donc d’une nouvelle méthode avec la mise en place de chantiers collaboratifs sur une plateforme web dédiée. Carte blanche est ainsi laissée à la population et aux opérateurs du secteur pour y évoquer leurs idées. Une dizaine de chantiers ont déjà été ouverts à tous à la discussion sur des thèmes aussi variés que la navigation de plaisance, l’écotourisme ou encore le partage des données statistiques. Le site web www.fm25.pf doit ainsi favoriser cette consultation du public pour un tourisme "inclusif". Un terme unique pour évoquer une double démarche qui vise, à la fois, à tenter d’intégrer l’ensemble de la population aux travaux mais également à prendre en compte toutes les problématiques liées aux développements touristiques. Environnement, culture ou encore égalité entre les territoires seront ainsi considérés au même titre que l’approche économique. Alors que les préoccupations des Polynésiens sont plutôt orientées vers la situation sanitaire, l’espoir est cependant grand au sein de l’équipe en charge du projet mais aussi dans le monde du tourisme. "Toute la population a réalisé l’importance du tourisme dans notre pays, (…) les gens seront d’autant plus intéressés à participer sur l’élaboration d’une stratégie pour les cinq prochaines années" selon Jean-Marc Mocellin, directeur du GIE Tahiti Tourisme, qui s’avancera même à évoquer un "moment idéal" pour s’exprimer sur le sujet.
 
Encaisser, relancer et développer
 
Un cadre de participation pour construire en commun une stratégie en trois phases : Atténuer les effets de la crise (2021) avant d’assurer la relance et le redressement (2021 – 2023) puis se mobiliser pour retrouver un développement touristique pérenne à l’horizon 2025. Pour cela, le projet ressemble à un appel à la mobilisation générale pendant les deux mois à venir. Jusqu’à la fin de l’année et probablement encore au début de l’année prochaine, les appels à contribution sont lancés. Sans tabou et sans filtre avec parallèlement une campagne de communication par des spots télévisuels pour sensibiliser les Polynésiens aux opportunités d’exprimer leur point de vue, "sans contrainte" et "sans restriction". Au cours du premier semestre 2021, une phase de consolidation sera opérée pour faire émerger la future stratégie pour les cinq années à venir. Un calendrier court et probablement dépendant d’une dégradation de la situation économique et sanitaire même si les échanges en ligne ou les visioconférences sont compatibles avec le respect des gestes barrières.
 

No limit sur le site Web fm25

Le site www.fm25.pf est la plateforme créée spécialement pour compiler les contributions durant les prochains mois et échanger les points de vue sur "l’avenir touristique du Fenua". Chaque Polynésien est invité à participer "sans restriction". Parmi les outils mis en place, les chantiers collaboratifs, "volontaires et autonomes" seront constitués autour de toutes les composantes du développement touristique "sans contrainte". À l’issue de cette période collaborative, les préconisations d’actions "réalistes et réalisables dans les 5 prochaines années" seront triées et ordonnancées.
 

Stéphane Renard, coordinateur de "Fariiraa Manihini 2025" : "Obtenir un maximum de collaboration"

L’élaboration d’une stratégie avec la population, cela veut dire qu’auparavant la stratégie se faisait sans ou contre la population ?
"Non pas contre, mais généralement les feuilles de route du tourisme ces dernières années, c’est un cabinet d’experts qui vient et qui interroge quelques acteurs et qui, sur cette base, définit un plan d’actions (…). Ce sont des experts qui n’ont pas forcément la connaissance des îles et du quotidien des Polynésiens mais qui ont une vraie connaissance de l’industrie touristique mondiale. Il faut pouvoir matcher ça avec d’autres regards. Là, l’idée ce n’est pas de faire une stratégie d’experts mais de faire une stratégie qui soit co-écrite par tout le monde. Et ça c’est inédit."
 
Et s’il y a peu de réponses ?
"On ira chercher les réponses, inciter les uns et les autres jusqu’à ce qu’ils apportent sur telles ou telles thématiques (…).  S’il y a des réponses qui nous manquent, on ira les chercher, les provoquer, organiser des séances Zoom, des réunions publiques pour forcer cette réflexion et obtenir un maximum de collaboration."
 

Rédigé par Sébastien Petit le Mercredi 21 Octobre 2020 à 23:02 | Lu 3779 fois