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Le Pays et l'Etat attendus sur le projet aquacole à Hao


Hao, le 21 avril 2021 - L’atoll de Hao se prépare à la venue d’une délégation du Pays et de l'État prévue samedi. Si aucune réunion publique n’est au programme, les questions restées en suspens sont pourtant nombreuses au sein de la population sur les sujets désormais récurrents que sont, entre autres, le projet de ferme aquacole, la relance économique et la dépollution des terres.
 
Samedi, une délégation du Pays et de l'Etat est attendue à Hao dans les Tuamotu. Les préparatifs vont bon train cette semaine sur l'atoll : nettoyage du village de Otepa, préparation de costumes, de chants et danses en vue de l'arrivée entre autres du président Édouard Fritch et du haut-commissaire Dominique Sorain. La délégation arrivera vers midi à bord du navire Tahiti Nui puis visitera le collège, un futur lotissement, inaugurera la nouvelle centrale EDT-Engie et participera au  conseil municipal avant de repartir le lendemain matin.
 
A quelques jours de leur arrivée, c’est  l’occasion de prendre la température sur place. Car, si aucune réunion publique n’est prévue au programme, la population attend des réponses à de nombreuses questions restées en suspens. Bien que la politique soit un sujet délicat dans les îles éloignées, les habitants n'en demeurent pas moins curieux quant à l'avenir que réserve le gouvernement à leur atoll.
 
Ferme aquacole : “Être fixé une bonne fois pour toutes”
 
C’est le cas de Françoise, une habitante : "Pour ma part je suis contente de la venue de cette délégation car cela faisait longtemps qu'un président n'était pas venu ici. Petit à petit, j'espère que notre atoll retrouvera un équilibre économique, il y a aussi la problématique du projet aquacole qui nous bloque dans notre évolution. J'aimerais vraiment que l'on soit fixé une bonne fois pour toutes sur l'avenir de ce projet".
 
En ce qui concerne la nouvelle centrale EDT-Engie financée par le pays à hauteur d'environ 300 millions de Fcfp, il faut savoir que l'ancienne centrale se trouvait sur le site du futur projet aquacole Tahiti Nui Ocean food. Ce site étant aujourd'hui libre, la population est en droit de se demander où en est l'avancement du projet. Comme s’interroge un habitant :“Viendra ? Viendra pas ? Si le projet a lieu, est-il l'heure de parler emploi, environnement ? Si le projet n'a pas lieu, le Pays peut-il arrêter d'investir pour rien ?”
 
Autre point d'interrogation, les aides en matière agricole en Polynésie française pour lesquelles Hao nécessiterait un traitement adapté sachant que le sol de l'atoll est constitué en grande partie de soupe de corail et non de terre végétale. Un problème auquel s’ajoute l'indivision limitant d’autant plus les possibilités. Seules les cultures hors-sols et dernièrement celle de la vanille seraient rentables et durables localement et mériteraient d'être plus soutenues.
 
Du côté du secteur de la pêche et des métiers de la mer, les administrés regrettent qu’ils ne soient pas plus valorisés. Les parcs à poissons, l'aquaculture ou encore l'aquariophilie sont très largement sous-exploités. Avec une superficie de 720 km2 ce lagon serait pourtant une usine à ciel ouvert, sans parler du potentiel touristique inexistant.
Toujours autour de la mer, certains estiment qu’il serait judicieux  d'instaurer une capacité mer/lagonnaire équivalente à la capacité de conduite véhicules et poids-lourds mise en place pour pallier la problématique de l'éloignement des archipels.
 
Les terres polluées par le CEP
 
Dernier point, et non des moindres, la relance économique et le traitement des terres
polluées. Dans une interview le 1er mars 2019, Annick Girardin, ministre des Outre-mer, indiquait que : " Pour les sols restant à traiter, l'État a mobilisé les crédits nécessaires à leur prise en charge (5,4 milliards de Fcfp dès 2020). Les modalités restent à arrêter définitivement, en relation étroite avec le Pays. Enfin, les habitants de Hao sont au cœur de nos préoccupations. Une commission d'information spécifique se réunit régulièrement, elle associe tous les acteurs."
 
Covid ou pas, les accords de l'Élysée et en particulier l'article 1.1.9 (voir encadré) ainsi que les promesses, sont encore présents dans l'esprit paumotu. Promesses qui entretiennent une question qui revient régulièrement dans les conversations : Qu'est-il est prévu pour Hao après la dépollution ? Car justement, les perspectives de développement et d’emploi sont au centre des préoccupations. Tuaora, un jeune homme de l'atoll témoigne : "Pour moi comme pour beaucoup d'autres jeunes de l'île, la seule perspective d'avenir c'est l'armée ! J'ai quelques diplômes en poche dans le domaine maritime professionnel mais il n'y a aucun débouchés solides ici, alors pour moi la venue de cette délégation ne m'intéresse pas".

​Ce que prévoit l’accord de l’Élysée du 17 mars 2017

"L'atoll de Hao a subi des dégradations du fait des activités du CEP. Ces dégradations tiennent à des pollutions par des métaux lourds, des hydrocarbures, des polychlorobiphényles (PCB) et des radioéléments à longue durée de vie. Dans le lagon, les déchets inertes ont fait l'objet d'un plan systématique de retrait. L'Etat s'engage à achever la dépollution de l'atoll de Hao dans le cadre des meilleures pratiques existantes et selon les règlementations en vigueur. Il poursuit sa surveillance des zones contaminées. Il conclut avec le Pays et avec la commune de Hao un partenariat dédié au soutien du développement économique et social de l'atoll en envisageant à cette fin un contrat de site."

Rédigé par Teraumihi tane le Mercredi 21 Avril 2021 à 12:31 | Lu 1980 fois