Tahiti, le 28 août 2025 - Ce vendredi, en séance extraordinaire, l'assemblée de la Polynésie française doit adopter le projet de loi du Pays relatif à la lutte contre le tabagisme. Une nouvelle réglementation qui vient combler certains “vides juridiques” datant de 2009 et qui aspire à limiter la consommation de ces produits – notamment chez le jeune public – et à encadrer davantage leur commercialisation. Du côté des consommateurs et des professionnels du secteur, les avis sont mitigés.
Relayé à tort au second plan, dans sa lutte, derrière l'ice ou le cannabis, le tabac continue – plus que jamais – de faire des adeptes en Polynésie, notamment auprès du jeune public. Aux abords des collèges et lycées, les élèves ne se cachent plus. En cause, des moyens de consommation variés, accessibles et surtout banalisés : cigarettes, vapoteurs, “puffs”, etc. Pourtant, pour rappel, le tabac demeure l’un des fléaux majeurs en termes de santé publique. Dans son rapport de 2023, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) faisait déjà état de plus de 8 millions de décès par an en lien avec le tabac, à travers le monde. Un chiffre appuyé en 2025 par une autre étude du même organisme, estimant à 1,3 million le nombre de décès par an dus au tabagisme passif. En France, les chiffres sont également sans appel : 75 000 personnes meurent chaque année de la consommation de tabac, représentant ainsi plus de 200 décès par jour. Enfin, au Fenua, la consommation de tabac serait responsable d'environ une centaine de décès par an, soit près de 10 % de l'ensemble des décès enregistrés sur le territoire.
Un contexte édifiant qui vient légitimer l'adoption, ce vendredi, du projet de loi relatif à la lutte contre le tabagisme. Car si un cadre légal existe bel et bien depuis 2009, celui-ci semble souffrir de quelques “vides juridiques”, notamment concernant les nouveaux produits nicotinés ou les “puffs”, aujourd'hui considérés comme de véritables vecteurs d'addiction et de pollution. D'où la volonté du Pays de mettre en place une nouvelle réglementation afin d'encadrer l'importation, la commercialisation et la consommation de ces (nouveaux) produits et composants du tabagisme.
Vers davantage de restrictions
Concrètement, la nouvelle loi met un point d'honneur à assurer la sécurité des consommateurs en fixant des limites quant aux composants des produits pouvant entraîner une dépendance ou pouvant être dangereux pour leur santé et celle de leur entourage. En effet, selon le texte proposé, le conseil des ministres pourra fixer pour chaque produit la teneur ou la quantité maximale de certains composants, ainsi que le niveau maximal de certaines substances toxiques dans les émissions de ces produits. De même, cette loi permettra désormais au conseil des ministres d'ériger une liste des produits et composants interdits à l'importation ou la commercialisation.
Et à ce titre, la loi se veut d'ores et déjà pointilleuse puisqu'elle propose une restriction sur bon nombre d'arômes, une limitation de la contenance du réservoir des dispositifs électroniques et des recharges, une limitation du dosage en nicotine ou encore l'interdiction pure et simple des produits de vapotage à usage unique. Une manière assumée de contraindre les consommateurs, notamment les plus jeunes, afin de réduire le risque d'accoutumance.
“Il y aura un impact”
Du côté des jeunes consommateurs, on dénonce une hypocrisie des représentations collectives : “Le sucre tue tout autant et on en donne aux enfants tous les jours, matin, midi et soir. Et là, en revanche, cela ne dérange personne”, souligne Tevaitau, 20 ans, adepte du vapotage. “On essaie de nous inculquer des choses qui, au final, ne sont respectées nulle part et par personne. Le sucre tue. L'alcool tue. Et pourtant ces choses sont à la portée de tous et en vente dans n'importe quel commerce, sans restriction. Alors pourquoi venir sur les ‘vaps’ ?” Derrière les comptoirs des “vapo shops”, les vendeurs assurent que les clients se sont déjà préparés : “Certains de nos clients qui avaient l'habitude de consommer uniquement du jetable (puff, NDLR) se sont mis à acheter des produits de consommation longue durée et rechargeables”, témoigne Boy, un commercial bien connu du milieu. “Je pense que les gens vont s'adapter et nous aussi. Nos clients sont toujours les mêmes, ils sont réguliers. Après, évidemment, il y a aura un impact.”
Des professionnels pessimistes
Et si la loi suscite déjà quelques soupirs chez les consommateurs, du côté des importateurs et des revendeurs, on distingue plusieurs choses. “La mise en place de licences pour les importateurs et les revendeurs au détail, c'est une bonne chose”, concède Steve Sanne, associé gérant de la SARL SAJEGA, spécialisée dans l'importation et la distribution de produits du tabac et articles associés. “En 2022, il y a eu l'avènement de la puff. De trois, on s'est retrouvé à neuf importateurs. Les opportunistes du moment ont commandé des palettes et des palettes et c'est là que ça a foutu le bazar. Ça s'est vendu n'importe où, n'importe comment, sans formation des revendeurs, à l'exemple des stations-essence et autres magasins. (...) Les autres importateurs sont arrivés et ont submergé le marché avec des produits à 5 % de nicotine. Chose interdite en France où le taux est limité à 2 %. 5 %, c'est fort et il y a clairement un effet addictif. Et les conséquences aujourd'hui sont celles que l'on connait, on en trouve dans les lycées et même certains collèges, paraît-il.”
Mais si l'encadrement et le suivi de l'activité des structures officielles rassurent, les restrictions sur les produits et les composants ne rencontrent pas le même accueil du côté des professionnels : “Ils veulent restreindre au maximum, mais ce qui va se passer – et c'est certain –, c'est qu'il y aura des trafics parallèles”, affirme Steve Sanne. “Il y en avait déjà avant, notamment sur Facebook. Certaines personnes en commandaient juste en dessous de la franchise à 150 dollars US et revendaient. Ce sont nos propres clients qui nous en ont parlé. Aujourd'hui, certaines personnes n'hésitent pas à commander et livrer directement chez des particuliers mineurs. Et depuis l'arrivée des puffs, ce type de trafic a explosé. Avec la nouvelle loi, ce marché parallèle va prendre de l'ampleur. Ils vont vendre des arômes, du matos, du liquide avec des taux de nicotine élevés sous le manteau. Ce marché existe déjà et il va se développer.” Et si les premières restrictions ou obligations seront effectives dès le 1er janvier 2026, les opérateurs bénéficieront néanmoins d'une période transitoire – allant jusqu'à 2029 pour certains dispositifs – afin de régulariser leur situation et adapter leur offre.
Relayé à tort au second plan, dans sa lutte, derrière l'ice ou le cannabis, le tabac continue – plus que jamais – de faire des adeptes en Polynésie, notamment auprès du jeune public. Aux abords des collèges et lycées, les élèves ne se cachent plus. En cause, des moyens de consommation variés, accessibles et surtout banalisés : cigarettes, vapoteurs, “puffs”, etc. Pourtant, pour rappel, le tabac demeure l’un des fléaux majeurs en termes de santé publique. Dans son rapport de 2023, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) faisait déjà état de plus de 8 millions de décès par an en lien avec le tabac, à travers le monde. Un chiffre appuyé en 2025 par une autre étude du même organisme, estimant à 1,3 million le nombre de décès par an dus au tabagisme passif. En France, les chiffres sont également sans appel : 75 000 personnes meurent chaque année de la consommation de tabac, représentant ainsi plus de 200 décès par jour. Enfin, au Fenua, la consommation de tabac serait responsable d'environ une centaine de décès par an, soit près de 10 % de l'ensemble des décès enregistrés sur le territoire.
Un contexte édifiant qui vient légitimer l'adoption, ce vendredi, du projet de loi relatif à la lutte contre le tabagisme. Car si un cadre légal existe bel et bien depuis 2009, celui-ci semble souffrir de quelques “vides juridiques”, notamment concernant les nouveaux produits nicotinés ou les “puffs”, aujourd'hui considérés comme de véritables vecteurs d'addiction et de pollution. D'où la volonté du Pays de mettre en place une nouvelle réglementation afin d'encadrer l'importation, la commercialisation et la consommation de ces (nouveaux) produits et composants du tabagisme.
Vers davantage de restrictions
Concrètement, la nouvelle loi met un point d'honneur à assurer la sécurité des consommateurs en fixant des limites quant aux composants des produits pouvant entraîner une dépendance ou pouvant être dangereux pour leur santé et celle de leur entourage. En effet, selon le texte proposé, le conseil des ministres pourra fixer pour chaque produit la teneur ou la quantité maximale de certains composants, ainsi que le niveau maximal de certaines substances toxiques dans les émissions de ces produits. De même, cette loi permettra désormais au conseil des ministres d'ériger une liste des produits et composants interdits à l'importation ou la commercialisation.
Et à ce titre, la loi se veut d'ores et déjà pointilleuse puisqu'elle propose une restriction sur bon nombre d'arômes, une limitation de la contenance du réservoir des dispositifs électroniques et des recharges, une limitation du dosage en nicotine ou encore l'interdiction pure et simple des produits de vapotage à usage unique. Une manière assumée de contraindre les consommateurs, notamment les plus jeunes, afin de réduire le risque d'accoutumance.
“Il y aura un impact”
Du côté des jeunes consommateurs, on dénonce une hypocrisie des représentations collectives : “Le sucre tue tout autant et on en donne aux enfants tous les jours, matin, midi et soir. Et là, en revanche, cela ne dérange personne”, souligne Tevaitau, 20 ans, adepte du vapotage. “On essaie de nous inculquer des choses qui, au final, ne sont respectées nulle part et par personne. Le sucre tue. L'alcool tue. Et pourtant ces choses sont à la portée de tous et en vente dans n'importe quel commerce, sans restriction. Alors pourquoi venir sur les ‘vaps’ ?” Derrière les comptoirs des “vapo shops”, les vendeurs assurent que les clients se sont déjà préparés : “Certains de nos clients qui avaient l'habitude de consommer uniquement du jetable (puff, NDLR) se sont mis à acheter des produits de consommation longue durée et rechargeables”, témoigne Boy, un commercial bien connu du milieu. “Je pense que les gens vont s'adapter et nous aussi. Nos clients sont toujours les mêmes, ils sont réguliers. Après, évidemment, il y a aura un impact.”
Des professionnels pessimistes
Et si la loi suscite déjà quelques soupirs chez les consommateurs, du côté des importateurs et des revendeurs, on distingue plusieurs choses. “La mise en place de licences pour les importateurs et les revendeurs au détail, c'est une bonne chose”, concède Steve Sanne, associé gérant de la SARL SAJEGA, spécialisée dans l'importation et la distribution de produits du tabac et articles associés. “En 2022, il y a eu l'avènement de la puff. De trois, on s'est retrouvé à neuf importateurs. Les opportunistes du moment ont commandé des palettes et des palettes et c'est là que ça a foutu le bazar. Ça s'est vendu n'importe où, n'importe comment, sans formation des revendeurs, à l'exemple des stations-essence et autres magasins. (...) Les autres importateurs sont arrivés et ont submergé le marché avec des produits à 5 % de nicotine. Chose interdite en France où le taux est limité à 2 %. 5 %, c'est fort et il y a clairement un effet addictif. Et les conséquences aujourd'hui sont celles que l'on connait, on en trouve dans les lycées et même certains collèges, paraît-il.”
Mais si l'encadrement et le suivi de l'activité des structures officielles rassurent, les restrictions sur les produits et les composants ne rencontrent pas le même accueil du côté des professionnels : “Ils veulent restreindre au maximum, mais ce qui va se passer – et c'est certain –, c'est qu'il y aura des trafics parallèles”, affirme Steve Sanne. “Il y en avait déjà avant, notamment sur Facebook. Certaines personnes en commandaient juste en dessous de la franchise à 150 dollars US et revendaient. Ce sont nos propres clients qui nous en ont parlé. Aujourd'hui, certaines personnes n'hésitent pas à commander et livrer directement chez des particuliers mineurs. Et depuis l'arrivée des puffs, ce type de trafic a explosé. Avec la nouvelle loi, ce marché parallèle va prendre de l'ampleur. Ils vont vendre des arômes, du matos, du liquide avec des taux de nicotine élevés sous le manteau. Ce marché existe déjà et il va se développer.” Et si les premières restrictions ou obligations seront effectives dès le 1er janvier 2026, les opérateurs bénéficieront néanmoins d'une période transitoire – allant jusqu'à 2029 pour certains dispositifs – afin de régulariser leur situation et adapter leur offre.





































