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Le Pays au front pour les sans-abris


Ils étaient une centaine de sans-abris, ce jeudi, à s'être pris la peine de venir rencontrer les différents services du Pays.
Ils étaient une centaine de sans-abris, ce jeudi, à s'être pris la peine de venir rencontrer les différents services du Pays.
Tahiti, le 19 juin 2025 - Ce jeudi, au parc Bougainville, la Direction des solidarités, de la famille et de l'égalité (DSFE) accompagnée de sa ministre de tutelle, Minarii Galenon, ont organisé la première édition de “La maraude des services du Pays”. Un événement visant à réunir en un même lieu les sans-abris de Papeete et les différents services dédiés à l'emploi et au logement. L'objectif : Créer des opportunités afin de sortir ces personnes de la rue.
 
Ils étaient une centaine de sans-abris, ce jeudi matin, à s'être donné rendez-vous au parc Bougainville pour la première édition de “La maraude des services du Pays”. Impulsé par la vice-présidente et ministre des Solidarités, Minarii Galenon, et dirigé par la Direction des solidarités, de la famille et de l'égalité (DSFE), l'événement avait pour objectif de rapprocher les divers services du Pays et ces personnes en situation de précarité : “Le problème qu'ils rencontrent souvent c'est le manque d'informations”, affirme Minarii Galenon. “Nous nous sommes rendu compte qu'ils sont de plus en plus jeunes. Nous savons qu'ils sont à la recherche d'un emploi, mais il faut les accompagner. On ne peut pas se contenter de leur dire ‘Allez au Sefi, il y a du travail’, ils n'y vont pas ; ‘Inscrivez-vous à l'OPH pour un logement’, ils ne le font pas. Nous avons donc regroupé tous les services ici aujourd'hui pour créer des opportunités.”
 
Et c'est bien ce dont il était question. Car si les sans-abris ont également été conviés à un copieux petit-déjeuner offert par la DSFE – viennoiseries, café, citronnade – tous ont été prévenus de l'enjeu de cette matinée : Se familiariser avec les différents services, entamer les démarches, et pourquoi pas postuler pour un travail et/ou un logement. En effet, étaient présents pour l'occasion : la Caisse de prévoyance sociale (CPS), l'Office polynésien de l'habitat (OPH), le Service de l'emploi, de la formation et de l'insertion (Sefi) ou encore Rahu Ora, l'agence immobilière sociale de Polynésie française, pour ne citer qu'eux.
 
La dure réalité du terrain
 
Une démarche louable sur le papier qui n'a, en revanche, pas nécessairement convaincu tout le monde. Maehaa, 34 ans et sans domicile fixe, témoigne : “D'un côté c'est bien, ça nous aide un peu. Mais ils n'ont pas vraiment de travail à nous offrir. Nous, ce qu'on cherche, c'est un travail avec un contrat. Il n'y a que comme ça que l'on pourra obtenir un logement et, peut-être, sortir de la rue. Je ne suis pas allé sur tous les stands. Je me suis focalisé uniquement sur ceux qui parlent de travail. Moi, je vis dans la rue et cela fait plus de 25 ans. Pour vous dire, aujourd'hui j'ai 34 ans... faites le calcul. Mes parents ont vécu dans la rue, je suis né dans la rue. Un jour, un juge m'a placé en foyer d'accueil mais à l'âge de 10 ans je suis revenu dans la rue, de moi-même. La rue c'est dur. Ici c'est chacun pour soi. Il n'y a pas vraiment de solidarité entre nous. Des fois, il faut se faire respecter pour survivre.”
 
Un constat partagé par Chantal, 40 ans, qui n'a pas réussi à cacher sa colère malgré la mise en place d'un tel dispositif : “Je suis énervée et j'en ai marre de me répéter. Moi, la seule chose que je veux c'est du travail. Pouvoir avoir un travail comme tout le monde, pouvoir avoir une maison comme tout le monde. Nous, tout ce que l'on veut, c'est d'être comme tout le monde. Aujourd'hui je suis ici parce qu'il faut se bouger, mais en réalité, je suis énervée. Je suis énervée après toutes ces personnes qui tiennent toujours les mêmes discours, que ce soit ce gouvernement ou les précédents. On nous promet toujours la même chose et à chaque fois : rien ! Ça fait 20 ans que je suis dans la rue et la seule personne qui nous aide vraiment c'est Père Christophe. C'est notre père à nous, il n'y a que lui qui a toujours été là et qui a toujours tout fait pour nous. Par contre, eux là –
 les institutions – on leur dit toujours la même chose mais on dirait qu'ils ne t'entendent pas. Avec eux, il y a toujours quelque chose qui bloque quand on fait les papiers.”
 
Pour autant, la ministre des Solidarités et vice-présidente du Pays, Minarii Galenon, a tenu à rassurer ces personnes en leur promettant de renouveler l'événement tous les semestres, donc deux fois par an. “Les sans-abris se sont nos ‘extraordinaires’, et il faut que l'on se rapproche d'eux”, a conclu la ministre des Solidarités. “Ils ont besoin que l'on vienne vers eux. Nous allons réitérer cette expérience tous les six mois afin de leur donner un maximum de chance pour sortir de la rue.”

Maehaa Graffe, 34 ans et sans abris, est décidé à trouver du travail après 20 années passées dans la rue.
Maehaa Graffe, 34 ans et sans abris, est décidé à trouver du travail après 20 années passées dans la rue.

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 19 Juin 2025 à 16:42 | Lu 1828 fois