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Le Parlement européen prêt à clore le douloureux chapitre du Brexit


Bruxelles, Belgique | AFP | mardi 27/04/2021 - Le Parlement européen devrait approuver mardi soir l'accord commercial de l'UE avec le Royaume-Uni, point final de l'éreintant feuilleton du Brexit, sur fond de tensions persistantes entre Londres et Bruxelles.

Le résultat du vote, qui ne sera officiellement communiqué que mercredi à 09H00 (07H00 GMT), ne fait guère de doute. "Je m'attends à ce que le texte soit voté au moins à la majorité des trois quarts", affirme le social-démocrate allemand Bernd Lange.

Le feu vert des eurodéputés sur cet accord conclu in extremis le 24 décembre dernier était devenu urgent: l'application provisoire du texte, effective depuis le début de l'année, s'achève vendredi. Et le Royaume-Uni exclut toute prolongation.

Le scrutin, à l'issue d'un débat parlementaire de 5 heures mené mardi matin, est accompagné du vote d'une résolution non contraignante, dans laquelle les élus qualifient le Brexit d'"erreur historique".

Le départ britannique "a été poussé par un nationalisme irresponsable, basé sur de fausses promesses et une vision à court terme. Il est mauvais pour la Grande-Bretagne et mauvais pour l'Europe", a déclaré l'eurodéputé social-démocrate autrichien Andreas Schieder.

La résolution souligne aussi que le Parlement européen doit être pleinement associé aux futurs échanges avec Londres sur la gouvernance de cet accord de 1.250 pages, ce qu'a promis la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Chute du commerce

"La ratification marquera la fin des longues périodes de négociation et le début d'un nouveau chapitre dans nos relations avec le Royaume-Uni", a souligné le vice-président de l'exécutif européen, Maros Sefcovic.

Les relations entre Londres et Bruxelles ont déjà été profondément affectées par la décision britannique de quitter le marché unique --officielle depuis le 31 janvier 2020, mais effective seulement depuis le début de l'année.

Sur le plan des échanges, les exportations européennes vers le Royaume-Uni ont reculé de 20,2%, quand les importations britanniques dans l'UE ont baissé de 47% au cours des deux premiers mois de 2021, selon Eurostat.

A cela s'ajoute une crise de confiance entre les deux partenaires, après plusieurs décisions de Downing Street remettant en cause le précédent accord conclu avec l'UE, le traité de 2019 sur le Brexit, qui organise le divorce.

Les Européens reprochent notamment à Londres d'avoir violé le protocole irlandais contenu dans ce traité en reportant certains contrôles douaniers et sanitaires qui devraient être menés entre la province britannique d'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni, afin d'éviter le retour d'une frontière sur l'île d'Irlande.

En signe de protestation, les eurodéputés ont longtemps retardé le moment de fixer une date pour donner leur feu vert à l'accord commercial.

Hommage à Jo Cox

"Le gouvernement britannique ne doit pas prendre (le vote de mardi) comme un chèque en blanc ou un vote de confiance aveugle", a prévenu l'eurodéputé luxembourgeois Christophe Hansen (PPE, droite).

Mme von der Leyen, dont les services ont entamé une procédure contre le Royaume-Uni pour sa violation du protocole, a assuré aux eurodéputés que l'UE "n'hésiterait" pas "si nécessaire", à utiliser contre Londres les mesures de compensation unilatérales prévues par l'accord.

D'autres points de friction restent en suspens des deux côtés de la Manche, comme en témoigne la menace mardi de la France de prendre "mesures de rétorsion" sur les services financiers britanniques si l'accord post-Brexit sur la pêche n'était pas mis en oeuvre.

Dans ce contexte délicat, le récent différend autour des retards d'approvisionnement du continent en vaccins AstraZeneca, quand le Royaume-Uni était lui livré dans les temps, est venu jeter un peu plus d'huile sur le feu.

"Nous avons plus en commun que ce qui nous divise", a cependant plaidé Michel Barnier, qui s'exprimait pour la dernière fois devant l'hémicycle en sa qualité d'ex-négociateur en chef de l'UE pour le Brexit.

Une phrase empruntée à la députée britannique pro-européenne Jo Cox, assassinée par un militant d'extrême droite lors de la campagne du référendum de 2016 sur le Brexit.

le Mardi 27 Avril 2021 à 06:56 | Lu 173 fois