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Le Cesec juge "ambitieuse" la stratégie de l'innovation 2030


Tahiti, le 20 juillet 2022 – Le Cesec a rendu ce mercredi un avis favorable sur la stratégie de l'innovation 2030 du Pays. Il a souligné un projet “ambitieux” mais craint que les problématiques immédiates de la population soient occultées au profit de projets dont les résultats ne se feront pas sentir avant plusieurs années.
 
Ultime étape avant le vote du texte à l'assemblée de la Polynésie française, la stratégie de l'innovation 2030 du Pays était soumise ce mercredi à l'avis du Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec). Cette stratégie, déclinée en 40 actions sur les huit prochaines années, propose une “transformation du modèle économique et social de la Polynésie française pour un développement durable et inclusif”. Les représentants de la société civile ont rendu un avis favorable, soulignant une “démarche positive”, même s'ils ont regretté que la procédure d'urgence, ne leur ait laissé que 15 jours pour se prononcer sur ce document de 256 pages.
 
Le Cesec considère que le plan proposé est “ambitieux” et que les mesures proposées vont dans le sens d'un développement durable pour la Polynésie française. Néanmoins, l’institution souligne que les résultats d'un tel plan ne se feront sentir que dans plusieurs années. En attendant, il souhaite que ne soient pas occultés les problèmes qui guettent la population dans l’immédiat et considère qu'il est “primordial de développer notre autonomie alimentaire”.
 
Estimant qu'il manquait des points sur lesquels l'innovation doit porter, Patrick Galenon a proposé un amendement au projet d'avis, adopté en séance. Celui-ci précise que l'innovation doit également porter “sur l'analyse de l'expression des gènes dans les tumeurs induites par les radiations ionisantes”, mais aussi “sur les recherches relatives à l'exploration, la protection et l'exploitation durable des fonds marins de la ZEE de la Polynésie française”.

Le plus tôt possible

La stratégie de l'innovation s'appuie sur des financements extérieurs, nationaux, européens et internationaux. Le Cesec veut inciter les divers partenaires à s'associer le plus tôt possible afin de donner une image de sérieux, indispensable selon l'institution, pour l'obtention de ces financements. Le Cesec recommande également que “les financements plus modestes, mais ayant des effets concrets et immédiats, ou à court terme, sur la population soient favorisées”.
 
Enfin, les représentants de la société civile notent dans leur avis que la stratégie de l'innovation est portée par la Délégation à la recherche. Mais “au regard des enjeux touchant un grand nombre d'acteurs, tels que l'économie l'environnement, l'agriculture, la pêche et les ressources endogènes, le Cesec recommande qu'une délégation interministérielle soit en charge du dossier”.

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Quand la stratégie va-t-elle être effectivement mise en place ?

“L'étape suivante, c'est l'adoption de cette stratégie par l'assemblée de la Polynésie française, pour que ça devienne un document officiel qui pourra être présenté aux niveaux national, européen et international. On souhaite mettre en œuvre les premières mesures dès que la stratégie sera adoptée.”
 
Il y a 40 actions, prévues sur plus de sept ans. Dans son avis, le Cesec considère que le plan proposé ne présente pas de résultats concrets et mesurables. Un suivi va-t-il être mis en place ?

“Nous avons, au titre de chaque action de la stratégie, des indicateurs avec notamment des sources de vérification et un comité qui va se charger, au niveau opérationnel, du suivi, de la mise en œuvre et de l'atteinte des objectifs.”
 
Les mesures ont été spécifiquement choisies pour obtenir des financements de l'extérieur ?

“Nous avons choisi un format, qui s'appelle une stratégie de spécialisation intelligente, qui est un format européen parce que nous savons que c'est le format-type qui est reconnu aux niveaux international, européen et national. Ça implique de rentrer dans un certain cadre. Ça veut dire qu'effectivement, on doit avoir une réflexion en termes de stratégie avec des orientations bien définies et aussi un plan d'action. C'est une stratégie qui veut avoir une reconnaissance à l'extérieur de la Polynésie française pour pouvoir capter des financements ; mais ça nous permettra aussi, en interne à la Polynésie, de se structurer et se préparer.”
 
Lors des débats, un conseiller a souligné que c'est un projet trop ambitieux et qu'il faudrait se positionner sur des choses plus accessibles. Que répondez-vous ?

Pour moi, ce n'est pas trop ambitieux. Il faut se donner les moyens d'atteindre ses objectifs. Les gens ne voient pas, dans leur quotidien, toute l'innovation qui existe déjà et qui améliore considérablement leur vie.”
 
Estimez-vous, qu'ici en Polynésie, on a les ressources nécessaires pour ce genre de projets ?

“Je parle de structuration de l'écosystème polynésien de l'innovation. Nous savons pertinemment qu'il faut commencer aujourd'hui à construire pour que demain, nous ayons les compétences, notamment au niveau humain. Si on veut développer notre pays et maîtriser l'innovation, il faut que ce soient des Polynésiens et la formation de ces Polynésiens doit commencer le plus rapidement possible. Il ne faut pas attendre 2030.”

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Mercredi 20 Juillet 2022 à 18:08 | Lu 1188 fois