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Le Baluchon de Yann Quénet à Hiva Oa


Marquises, le 4 juin 2020 - C'est une coquille de noix qui s'est présentée il y a un mois dans la baie de l'île avec à son bord un commandant nommé Yann Quénet. Ce marin breton, a fait escale aux Marquises, étape incontournable de son tour du monde sur Baluchon, le bateau de 4 mètres qu'il s'est construit.
 
Si le qualificatif d'inconscient vient prioritairement à l'esprit quand on évoque l'aventure que vit Yann Quénet à bord de son embarcation minimaliste, persévérant pourrait aussi le définir.
L'aventure a débuté à Saint Brieuc, en Breta gne, en 2015. Mais après quelques semaines de mer , le navigateur fait naufrage au large du Portugal suite à quelques erreurs de conception de son embarcation. Loin de se décourager, Yann retourne en Bretagne pour reconstruire un autre bateau et c'est en 20 19 qu'il est de retour au Portugal, plus exactement à Lisbonne , pour réaliser son rêve : un tour du monde !
Après une courte escale aux Îles Canaries, il débute sa traversée de l'Atlantique, direction les Antilles et plus précisément la Guadeloupe. Après 29 jours de traversée sans aucune avarie sérieuse, il reste deux mois sur place afin de découvrir cette magnifique île. Puis c'est le départ pour Panama d'où il partira en direction l'archipel des Marquises. Contrairement à la majorité des navigateurs, il ne fera aucune escale, notamment aux Galapagos et c'est après 44 jours de mer, à une moyenne de 5 nœuds, que Baluchon fait son entrée dans le port de Hiva Oa.
En raison de sa faible capacité de stockage, ses niveaux de nourriture et d'eau étaient au plus bas. Des dizaines de boites de conserves de sardines et de thon, quelques légumes et 900 litres d'eau ont été consommés durant cette traversée. Contrairement à la tradition locale et en raison du confinement, il n'a pas été accueilli avec des couronnes de fleurs mais par les gendarmes avec un badge d'identification !

Carénage et visite de l'île

C'est à la station de carénage MMS de Tahauku qu'il a sorti son bateau afin d'y effectuer de petites réparations, de l'entretien comme l'anti fooling et la peinture. Après deux semaines sur cale, il a pu procéder à la remise à l'eau dernièrement. Cette petite pose a permis à Yann Quénet de découvrir l'île de Hiva Oa. Son départ est prévu d'ici quatre à cinq semaines pour la suite de son long voyage. En effet, dans un premier temps, il se rendra à Tahiti, puis aux Îles Sous-le-Vent avant de mettre le cap sur la Nouvelle-Calédonie. Initialement, il voulait passer par les îles Tonga et les Fidji, mais elles risquent d'être encore fermées aux plaisanciers pendant un certain temps. Arrivé en Nouvelle-Calédonie, le skipper devrait y rester quelque mois vu les conditions climatiques à cette époque de l'année. Il restera donc sur place en attendant la fin de la saison cyclonique. Avec un navire de cette taille, il ne faut pas prendre de risques.
Yann Quénet espère y trouver un peu de travail. Enfin il se dirigera vers le nord de l'Australie où il fera escale, puis ce sera l'île de La Réunion, Durban en Afrique du Sud et, enfin, retour en Bretagne prévu pour fin 2022. Le fait d'effectuer un tour du monde en solitaire, sur un bateau minuscule et conçu par lui, est un vieux rêve d'enfance qui est en train de se réaliser. Tout ce que l'on peut lui souhaiter, c'est bon vent !

Un marin pas comme les autres
Yann Quenet est un Breton de 51 ans originaire de Saint Brieuc. Passionné de bateaux depuis son plus jeune âge, il s'est mis à son compte voilà 5 ans après avoir passé plus de 20 ans à la direction départementale de l'équipement (DDE Bretagne), d'où il démissionne pour assouvir sa passion : construire des bateaux. Il connait déjà la Polynésie pour y avoir séjourné de 1991 à 1993 en tant que militaire à la base marine de Papeete.
Yann monte sa société, Boat et Koat (bois en breton). Il dessine les plans de plus de 15 navires avant de les construire et de les entretenir. Ce passionné de voiliers retape des bateaux depuis l'âge de 18 ans et sa passion a pris corps lorsqu'il a pris le départ de cette incroyable aventure. Il n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'il y a 10 ans il est parti sur une frégate des années 1960, de 9 mètres de longueur, pour un tour de l'Atlantique qui l'a mené en Angleterre, aux îles Acores, en Espagne ou encore au Portugal.

Baluchon
Ce bateau, construit en résine et en contreplaqué époxy, ne mesure que 13 pieds, soit quatre mètres, pour un mat de plus de sept mètres et un poids total de 480 kg. Baluchon est équipé d'un panneau solaire de 50W, d'une batterie, d'un pilote automatique électrique et de balises de détresse. La navigation s'effectue avec un téléphone GPS. Le navire a été mis au point et construit par son skipper, Yann Quenet, en Bretagne. Il lui aura fallu moins de 400 heures de travail pour le réaliser. Son coût total est d'environ 480 000 Fcfp. Il n'a pas de moteur, mais il peut se manœuvrer à la godille. Il est également équipé d'une petite annexe gonflable qui ressemble à un jouet d'enfant.

Rédigé par Michel Coudert le Jeudi 4 Juin 2020 à 16:54 | Lu 2823 fois