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Le 20 novembre remplace officiellement le 29 juin comme jour férié


Tahiti, le 6 mai 2025 – C'est fait. Dans les tuyaux depuis de nombreux mois, le projet de loi du Pays supprimant le 29 juin comme jour férié du calendrier pour le substituer au 20 novembre a été adopté par les élus de la majorité ce mardi à Tarahoi. Les débats ont été intenses et la surprise est venue de l'élue indépendantiste Maureaa Maamaatuaiahutapu qui, à l'instar de l'opposition, estime qu'une consultation populaire sur le sujet aurait été “pertinente”. 
 

C'était à prévoir. Si les premiers textes sont passés comme une lettre à la poste, le projet de loi du Pays visant à modifier la liste des jours fériés fixée par le code du travail a déchaîné les passions. Le 29 - Juin censé célébrer l'autonomie de la Polynésie française a toujours été vécu comme un jour de deuil pour le Tavini qui associe cette date à l'annexion de la Polynésie française par la France. Ça n'a donc pas été une surprise quand Éliane Tevahitua, alors vice-présidente du gouvernement Brotherson également en charge du portefeuille de la Culture, a évoqué sa volonté de remplacer ce jour férié par une date plus “consensuelle” et “culturelle” en choisissant le 20 novembre qui marque la levée des Pléïades. D'ailleurs, pas un mot concernant l'ancienne numéro 2 du gouvernement, ce mardi pendant l'examen de ce texte au sein de l'hémicycle.
 
Sans surprise non plus, les réactions de l'opposition. Qu'il s'agisse des élus Ahip ou Tapura, ils ont martelé n'avoir aucun souci avec le fait d'inscrire dans notre calendrier la célébration de Matari'i i Nia en faisant du 20 novembre un jour férié. Mais pourquoi supprimer le 29 juin, et “pas le 14-Juillet ou l'Armistice” ? La preuve selon eux que cette démarche du gouvernement ne “s'inscrit pas dans la bienveillance”, et qu'elle vient tout simplement “effacer une partie de notre Histoire”.
 
“Pourquoi n'avoir pas demandé l'avis de la population ? Vous avez dit être le président de tous les Polynésiens”, a lancé Nicole Sanquer à l'adresse de Moetai Brotherson. Pour Édouard Fritch, ce choix du gouvernement “sert à masquer son inaction sur tous les autres fronts”. “Le 29 juin marque une étape institutionnelle importante qu'on le veuille ou non”, a insisté le patron du Tapura, appuyé par Nicole Sanquer qui a tenu à rappeler au président du Pays que “si vous gouvernez aujourd'hui, c'est bien grâce au statut d'autonomie” obtenu par Gaston Flosse. Nicole Sanquer qui est d'ailleurs allée plus loin en lançant le défi au Tavini d'aller au bout de son idéologie d'indépendance en commençant par refuser chaque année les subventions de l'État.
 
“Commencez par refuser les subventions de l'État chaque année !”
 
“C'est trop facile de critiquer. Allez au bout. Vous avez encore trois ans devant vous.” Du côté du Tavini, Pauline Niva et Allen Salmon ont mis en avant le volet “culturel” de cette date du 20 novembre en expliquant faire le choix d'une “date apolitique et fédératrice”. Raté. Car de l'aveu même de leur collègue Maurea Maamaatuaiahutapu, si l'inscription du 20 novembre comme nouveau jour férié dans notre calendrier s'inscrit dans une “dynamique de réappropriation de notre identité”, cela ne doit pas pour autant remettre en cause l'Histoire et le fait que le 29 juin relève d'une “volonté contemporaine de reprendre en main nos affaires”, et que la suppression d'un autre jour férié aurait pu être privilégié. Comme Ahip, elle estime également qu'une consultation populaire sur ce sujet aurait été pertinente.
 
Un argument qu'a balayé le président du Pays qui a rappelé qu'il “n'y avait pas eu de consultation populaire” il y a 40 ans quand Gaston Flosse a décidé d'instaurer ce 29-Juin comme jour férié. Non seulement parce que cette date “ne correspond à rien” au regard des dates de promulgation des différents statuts d'autonomie, mais aussi parce que l'ancien président du Pays savait pertinemment qu'en choisissant de célébrer l'autonomie le jour même de l'annexion de la Polynésie par la France, “il allait initier des années de confrontation”. Pascale Haiti-Flosse a de son côté tenu à souligner que si aujourd'hui, nos sportifs brandissent un drapeau, c'est bien celui de la Polynésie française et pas celui du Tavini ou du Tahoera'a. “C'est ça que nous célébrons le 29-Juin”. Dans la même veine, l'élue du Tapura, Tepuaraurii Teriitahi a trouvé “injuste de lui cracher dessus aujourd'hui” et l'a au contraire remercié, lui, mais aussi “le roi ivrogne qui a signé cette annexion à la France (...) car sans cet ivrogne, sans la France et sans Gaston Flosse, nous ne serions pas [dans cet hémicycle] aujourd'hui”. Elle s'est par ailleurs demandé depuis quand le Tavini célébrait Matari'i i Nia...
 
Le texte a été approuvé par la majorité, l'opposition ayant voté contre. Le 29 juin prochain (qui tombe un dimanche) ne sera donc plus férié dès la promulgation de ce texte pour les conventions collectives relevant du secteur des assurances, des banques et sociétés financières, du personnel non-enseignant du privé, du gardiennage et des entreprises de sécurité et de l'industrie. Pour les autres secteurs d'activité, une période transitoire d'une année est prévue dans le texte afin de laisser le temps aux partenaires sociaux de renégocier ces fameuses conventions collectives.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 6 Mai 2025 à 17:37 | Lu 6108 fois