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Lame de fond politique dans le Pacifique pour protéger notre océan


(crédit photo : Donatien Tanret) Le lagon de Rimatara, la plus occidentale des îles Australes. Cet archipel est le plus avancé dans son projet de grande Aire marine protégée. Son AMP verrait le jour au plus tôt en 2016, et aurait au maximum une surface d'un million km².
(crédit photo : Donatien Tanret) Le lagon de Rimatara, la plus occidentale des îles Australes. Cet archipel est le plus avancé dans son projet de grande Aire marine protégée. Son AMP verrait le jour au plus tôt en 2016, et aurait au maximum une surface d'un million km².
PAPEETE, le 27 juillet 2015 - En juillet ce sont pas moins de 4 réunions internationales, colloques ou tables rondes avec des chefs d'états et des scientifiques de Polynésie et du Pacifique qui ont appelé à une meilleure protection de notre océan. Une frénésie d'activité à quelques mois de la grande conférence internationale sur le climat, COP21.

Alors que le monde se dirige à grands pas vers un dérèglement climatique désormais pratiquement inévitable, les pays du Pacifique se mobilisent pour faire pression sur les puissances mondiales afin d'en limiter l'importance. Ils sont unanimes sur la nécessité de protéger une partie importante de notre océan, ce qui permettra de lutter contre ces changements climatiques tout en augmentant considérablement la résistance de nos îles, lagons et stocks de pêche à ces changements inévitables.

Dans un communiqué, la fondation Pew, qui s'est installée en Polynésie en 2013 pour encourager la création de grandes Aires marines protégées, fait la liste des quatre évènements qui ont eu lieu ce dernier mois et allant dans ce sens :
- Le colloque sur la "vulnérabilité des îles basses polynésiennes et du Pacifique face aux effets du changement climatique" organisé du 30 juin au 2 juillet 2015 en Polynésie : les scientifiques locaux et internationaux ont rappelé le rôle majeur de l’océan comme régulateur et atténuateur du changement climatique
- La table ronde des îles du Pacifique sur la "conservation de la nature et les aires protégées" organisée par le Secrétariat du Programme régional océanien de l’environnement tenu du 8 au 10 juillet 2015 à Fiji : représentants des pays d’Océanie, organismes publics, ONG et experts de la conservation se sont rassemblés pour travailler sur la mise en œuvre du Cadre régional pour la conservation de la nature et les aires protégées dans le Pacifique insulaire 2014 – 2020.
- Le Polynesian Leaders Group (PLG) qui s'est déroulé en Polynésie a signé, le 16 juillet 2015, la "déclaration de Taputapuatea" : elle appelle les nations à unir leurs efforts pour la protection de l’océan et de l’environnement pour lutter contre le changement climatique
- La Polynésie s'est engagée en juin 2015 à présenter un Plan Climat Energie pendant la COP21, incluant la création de grandes aires marines protégées.

À l'exception de la déclaration de Taputapuatea, qui est plus générale, tous ces événements incluent la recommandation de créer de grandes aires marines protégées (AMP) dans le Pacifique et en Polynésie, note la fondation Pew, qui s'en félicite.

Justement, une grande AMP est en cours de création aux Australes, et une autre est en discussion aux Marquises. Si les deux projets se concrétisent, 20% de notre ZEE sera protégée.


Les coraux sont 6 fois plus résistants dans les aires marines

Donation Tanret, chargé du projet Héritage mondial des océans chez Pew, nous explique la logique de créer de larges aires marines protégées, lagonaires et hauturières, pour lutter contre le réchauffement climatique : "La moitié du carbone de la planète est absorbé par le phytoplancton, autant que toutes les forêts du monde. Les AMP préservent ces puits de carbones, qui limitent les changements climatiques."

Mais ces protection servent aussi à augmenter la "résilience" de nos îles, donc leur capacité à s'adapter au changement : "Dans les AMP les écosystèmes sont plus résistants aux phénomènes extrêmes comme le réchauffement climatique, l'acidification des océans, les cyclones plus fréquents, les espèces invasives… Par exemple les coraux sont 6 fois plus résistants aux changements climatiques dans les AMP qu'à l'extérieur. Les grandes AMP assure aussi la protection d'une large variété d'écosystèmes, dont les espèces en voie de disparition qui ont importante valeur touristique et économique (tortues, requins, raies, mammifères marins, pahua…)."



Les scientifiques recommandent de protéger 30% des océans dans les 15 ans

La fondation rappelle que les scientifiques internationaux recommandent de protéger strictement 30% des océans d'ici 2030 (recommandations de l’UICN), et que la Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique recommande de protéger 10% des océans d'ici 2020. Pour l'instant, la surface protégée totale plafonne à 1%... Il est donc temps que les territoires ayant la plus grande surface océanique, dont la Polynésie, passent à l'action.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 27 Juillet 2015 à 14:11 | Lu 1471 fois