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La stratégie du nickel, ébauchée, au coeur de l'avenir de la Nouvelle-Calédonie


La stratégie du nickel, ébauchée, au coeur de l'avenir de la Nouvelle-Calédonie
PARIS, 11 octobre 2013 (AFP) - La stratégie à élaborer pour l'industrie du nickel, pilier de la croissance économique de la Nouvelle-Calédonie, a été évoquée vendredi par les élus calédoniens tant loyalistes qu'indépendantistes, qui ont reçu des assurances sur l'implication de l'Etat.

Tous étaient réunis à Matignon pour ce 11e Comité des signataires de l'accord de Nouméa (1998), qui veille à l'application des transferts de compétences et aborde les questions délicates de l'avenir de cette collectivité devant décider de son avenir institutionnel.

Ce comité se tenait à quelques mois des élections provinciales. En émergeront les membres du futur Congrès qui aura la charge de fixer la date d'un référendum d'autodétermination d'ici à 2018.

Le Premier ministre n'a eu de cesse de louer "l'esprit de responsabilité" des élus et de leur redire sa "confiance". Il leur a proposé la date du 4 mai pour ces provinciales.

Si Jean-Marc Ayrault s'est félicité du "chemin parcouru" depuis quinze ans dans le processus de décolonisation lancé par l'accord de Nouméa, il n'a pas caché que "tous les problèmes sont évidemment loin d'être réglés (...) et que des décisions importantes devront être prises".

Ainsi, un dossier n'a pas avancé aussi bien que prévu: celui de l'élaboration d'une stratégie commune du nickel. Le rapport d'Anne Duthilleul, experte mandatée pour aider les Calédoniens à la définir, n'a pas atteint son objectif.

M. Ayrault l'a reconnu à demi-mot: "Pour la vision stratégique, de nouvelles rencontres doivent avoir lieu". Mais, s'est-il empressé d'ajouter, "les membres du comité ont souligné leur grande convergence sur la nécessité d'une vision commune sur le nickel et de sa valorisation optimale au bénéfice du pays à long terme".

Il s'agit de trouver le chemin étroit qui puisse satisfaire les différents camps politiques. La province Nord et son président indépendantiste Paul Néaoutyine (FLNKS) viennent de lancer leur usine de Koniambo, symbole du rééquilibrage économique en faveur des kanak. Leurs gisements de nickel sont moins nombreux et moins riches que ceux, colossaux, de la SLN, en province Sud, auxquels ils souhaitent avoir accès.

La SLN est une filiale d'Eramet, dont l'Etat est actionnaire à 26%.

"sujet pivot"

La province Sud, dont notamment "Nouméa la blanche", aux mains des partisans du maintien dans la France, souhaiterait un renforcement de sa participation et de celle de la Nouvelle-Calédonie en général au sein de la SLN, dont elle ne détient que 4%. D'autant qu'un gros projet d'usine d'Eramet en Indonésie alimente les craintes d'un désengagement.

Pierre Frogier, sénateur du Rassemblement-UMP, a fait une ouverture inédite pour que le Nord puisse accéder plus facilement au nickel. En effet, il a une "très grande conviction": "nous n'arriverons pas sereinement à trouver une solution politique institutionnelle si nous ne réglons pas préalablement le problème du nickel, si le Nord, le Sud et l'opérateur historique (SLN) ne se mettent pas d'accord".

"C'est un sujet pivot pour la Calédonie", a insisté M. Frogier auprès de l'AFP. Et "il faut que l'Etat dise ce qu'il veut à ses partenaires au sein d'Eramet", a-t-il ajouté.

"L'Etat s'est engagé à assurer le contrôle conjoint d'Eramet avec le groupe Duval (qui en détient 37%), il veillera à ce que l'implication du groupe en Nouvelle-Calédonie se poursuive et à ce que les intérêts de la Nouvelle-Calédonie soient bien pris en compte", a assuré en retour M. Ayrault.

Si ce dossier a été renvoyé après les provinciales, d'autres sujets ont pu avancer.

Ainsi, la structure d'accompagnement promise l'an passé pour aider la Nouvelle-Calédonie à exercer pleinement les compétences transférées (enseignement du second degré, droit commercial, sécurité maritime et aérienne, etc.) a été créée. Elle est dirigée par Jacques Wadrawane, exemple de l'accession d'un kanak à la haute fonction publique.

Par ailleurs, des mesures sont à l'étude pour "promouvoir la promotion de Calédoniens dans la haute fonction publique régalienne" mais aussi à des postes de cadres dans le privé.

Le transfert de la sécurité civile, qui doit intervenir au 1er janvier 2014, faisait l'objet d'inquiétudes. Le président du gouvernement Harold Martin a assuré qu'il était "prêt". l'Etat versera donc comme prévu les 5 millions d'euros d'aide à la modernisation des centres de secours et d'incendie. Localement toutefois, des maires se sont eux inquiétés d'une grande impréparation.

sla/sm/fm

Rédigé par () le Samedi 12 Octobre 2013 à 06:04 | Lu 1077 fois