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La ressourcerie ouvre son magasin à Bora Bora


Bora Bora, le 7 mai 2024 - Déjà très engagée sur la question de la protection de l’environnement, l’île de Bora Bora possède depuis la fin du mois d’avril un magasin solidaire qui offre la possibilité aux habitants de se fournir en équipements et matériels issus du recyclage et à petits prix.


Cette ouverture est le résultat d’un processus débuté en 2023 et né de la collaboration entre l’association Ia Vai Ma noa Bora Bora, du réseau des ressourceries de Tahiti et des îles Tia’i Fenua, des autorités communales et de la Direction de l’environnement (Diren). Afin de lutter contre la pollution liée aux déchets qui finissent le plus souvent au Centre d’enfouissement technique (CET), l’association s’est attelée à leur collecte et leur mise en valeur, dans un premier temps au sein de ses ateliers de réparation Tātā’i : les propriétaires d’objets en panne étaient invités à leur donner une seconde vie grâce aux conseils de professionnels bénévoles. Ceux qui ne pouvaient être réparés étaient alors démantelés pour un recyclage optimal, la partie dédiée à l’enfouissement étant réduite au minimum.

Face au succès de ces ateliers, l’association Ia Vai Ma noa Bora Bora a décidé d’aller plus loin, en proposant avec l’aide du Service de l’emploi (Sefi) de véritables formations qualifiantes à des personnes en réinsertion professionnelle, dont certaines porteuses de handicap : depuis février 2024, dix d’entre elles ont pu recevoir une série de formations, au cours desquelles elles ont appris progressivement les bases de la réparation puis du démantèlement, pour atteindre un niveau d’expertise validé par une certification d’agent valoriste.

Ainsi, les appareils collectés au point d’apport volontaire de la ressourcerie, ouvert tous les mercredis aux personnes désireuses de se débarrasser de leurs objets, sont réparés ou démantelés pour fournir des pièces détachées ou des matières recyclables et précieuses comme le cuivre.

Une valorisation des objets mais aussi de compétences pour les employés de la ressourcerie, qui y trouvent un lieu de partage des connaissances mais aussi de solidarité. “C’est vraiment un bon exemple d’entraide. J’arrive à m’en sortir avec l’aide des copains, mais aussi tout seul”, se félicite Justin Tapao, un jeune en situation de handicap – le tout premier – formé à la ressourcerie. Il voit là un excellent moyen de gagner en autonomie et de poursuivre une activité professionnelle, après une première expérience professionnelle dans la maintenance nautique. Petits prix et grand bénéfice pour l’environnement

Depuis le lundi 28 avril, la population de Bora Bora a donc la possibilité de s’équiper à moindre coût tout en faisant un geste pour l’environnement : un grand nombre d’articles réparés, qu’il s’agisse de machines à laver, de grille-pain, et autre ventilateur, micro-ondes mais aussi des meubles et bientôt des produits textiles fabriqués à base de chutes de tissus, sont proposés aux clients qui s’y pressent depuis. “Nous sommes même un peu débordés par l’afflux de monde”, avoue Heinatea Manea, agent valoriste en formation, qui s’occupe en plus de l’accueil des clients et de l’encaissement des ventes.

Un succès qui s’explique non seulement par les valeurs que porte ce projet mais également parce qu’il répond à un besoin important en équipement des habitants de l’île. À Bora Bora, s’approvisionner reste un véritable casse-tête, au regard de la cherté de la vie, accentuée par le coût du transport. “Nous avons même déjà des commandes de particuliers”, précise Jeanne Le Moigne, la coordinatrice du projet. 

​Convention en projet avec l’hôtellerie

Les nombreux dons faits par les hôtels de l’île, à l’instar de vélos, de mobiliers ou d’ordinateurs, viennent compléter une offre déjà large et appréciée des clients. Une convention avec les établissements de luxe de Bora Bora est d’ailleurs en cours de finalisation : la récupération des matériels usagers et nécessitant une réparation serait facturés aux hôtels au même tarif que leur dépôt au CET. Les fonds récoltés, tout comme le produit des ventes au magasin de la ressourcerie, permettraient ainsi son fonctionnement mais aussi le maintien en poste de ses employés, en contrat à courte durée pour le moment.

Cette économie circulaire présente de nombreux avantages sur le plan écologique, économique mais aussi social : les jeunes de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) sont déjà accueillis au sein de la ressourcerie pour effectuer leurs travaux d’intérêt généraux, tout comme des classes du collège de Bora Bora dont ceux de la 3ème Prépa-métier. “Les ateliers de sensibilisation au démantèlement peuvent également susciter des vocations”, souligne Anatole Teraaitepo, encadrant de la ressourcerie depuis sa création. Le succès de ce modèle économique, écologique, social et solidaire à de quoi servir d’exemple pour les futures ressourceries de Tahiti et des autres les îles de la Polynésie française.

Rédigé par Lucie Scarparo le Vendredi 9 Mai 2025 à 14:31 | Lu 2195 fois