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La réforme des retraites prend un nouveau départ


Paris, France | AFP | mardi 17/04/2018 - La réforme des retraites, qu'Emmanuel Macron veut voir "votée en 2019", sera abordée jeudi au Sénat lors d'un colloque, alors que le gouvernement consulte depuis lundi syndicats et patronat pour préparer le futur "système unique" censé remplacer la quarantaine de régimes existants.

Cette fois, "on est vraiment partis, c'est une vraie entrée en discussion", se réjouit Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT.
Accompagné de son secrétaire général Laurent Berger, il a ouvert lundi un nouveau cycle de consultations avec Jean-Paul Delevoye.
Le Haut commissaire à la réforme des retraites, nommé en septembre, avait déjà reçu les partenaires sociaux fin novembre pour une première prise de contact officielle, mais depuis "on n'avait pas beaucoup avancé, ça devenait problématique", explique M. Sève.
D'autant plus que le chef de l'Etat avait souhaité en janvier "que l'ensemble des textes puisse être finalisé d'ici à l'été 2019", sans pour autant donner le coup d'envoi de la concertation.
La décision a finalement été actée lors d'une réunion au sommet fin mars à l'Elysée, avec le Premier ministre Edouard Philippe, la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn et celui des Comptes publics Gérald Darmanin.
"On a un planning de travail extrêmement chargé (...) jusqu'à fin octobre, début novembre", indique Luc Bérille, secrétaire général de l'Unsa, reçu à son tour mardi matin.
Force ouvrière et la FNSEA devaient également rencontrer le Haut commissaire mardi, avant la CFE-CGC, l'U2P et le Medef le 23 avril, puis la CGT le 24 et enfin la CPME et la CFTC le 25.
Au milieu de cet agenda, le Sénat organisera jeudi un colloque sur la réforme des retraites, qui sera ouvert par Mme Buzyn et conclu par M. Delevoye.
Autant d'occasions pour l'exécutif d'insister sur la nécessité de transformer un système "complexe, inéquitable et peu lisible", comme le résume un document transmis aux partenaires sociaux et que l'AFP s'est procuré.
 

- "lignes rouges" -

 
Le Haut commissaire et son équipe ont ainsi recensé 42 régimes de retraites et calculé qu'un Français sur trois a cotisé à "au moins quatre régimes", certains en accumulant jusqu'à onze.
Le document pointe notamment une disparité des modes de calcul (public/privé, salarié/indépendant) qui "crée des inégalités", des mécanismes de redistribution qui "manquent de transparence" et des dispositifs de solidarité (maternité, veuvage) qui "ne donnent pas les mêmes droits".
"On n'est pas tout à fait d'accord sur le constat", objecte M. Bérille, déplorant "un bilan à charge" alors que le système actuel permet selon lui "d'assurer de la redistribution" et "des taux de remplacement plutôt élevés" par rapport au dernier salaire.
L'Unsa redoute par ailleurs un "télescopage" avec les réformes de la SNCF de la fonction publique et met en garde contre la tentation de "régler de façon détournée" la question des statuts spéciaux.
Pour la CFDT aussi, "il y a des lignes rouges", prévient M. Sève, soulignant que son organisation "ne veut pas d'une réforme pour faire des économies".
La France consacre 310 milliards d'euros par an à son système de retraite et "on ne peut pas redistribuer cette somme sans se poser la question de la justice sociale qu'on fabrique derrière", ajoute-t-il, évoquant "l'inégalité homme-femme" et "le chantier de la retraite à la carte".
Pour l'heure, Emmanuel Macron a seulement promis de "consolider" le système par répartition, qui "crée une solidarité intergénérationnelle et est au coeur de la cohésion du pays".
Mais, quel que soit le contenu de la réforme, "le but est qu'elle soit votée en 2019", a-t-il rappelé dimanche.

le Mardi 17 Avril 2018 à 05:18 | Lu 488 fois