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La piste du tourisme local pour la relance


Le Pays et les partenaires sociaux sont à peu près parvenus à s’entendre mardi sur des pistes de sauvegarde de l’économie.
Le Pays et les partenaires sociaux sont à peu près parvenus à s’entendre mardi sur des pistes de sauvegarde de l’économie.
Tahiti, le 12 mai 2020 -  Une réunion tripartite entre le Pays, les patrons et les syndicats de salariés s'est tenue mardi. Il a notamment été question des dispositifs exceptionnels de sauvegarde de l’emploi et de la relance de l'activité touristique au fenua soutenue par le marché local. 

“On ne peut pas aller jusqu'à parler d'union sacrée, mais il y a une réelle prise de conscience de la part de tous les partenaires sociaux sur la gravité de la crise à venir”, a indiqué mardi Nicole Bouteau, ministre du Tourisme et du Travail, à l'issue d'une réunion avec le patronat et les syndicats de salariés. 

Les débats ont notamment porté sur la mise en place prochaine des dispositifs exceptionnels de sauvegarde de l’emploi : le Dispositif exceptionnel de sécurisation de l’emploi (Diese) pour les salariés, et le Dispositif exceptionnel de sauvegarde de l'emploi des travailleurs indépendants (Deseti). Des mesures prévues dans le cadre du collectif budgétaire de 30 milliards de Fcfp examiné et voté en urgence à l'assemblée de la Polynésie française à la mi-mars. 

Ces dispositifs ont pour objectif de garantir à chaque salarié et à chaque travailleur indépendant un revenu minimum mensuel, en cas de diminution du temps de travail imposée par l’employeur, et pour les travailleurs indépendants l'arrêt temporaire de leur activité. La perte de revenue étant compensée par le Pays. Restait à savoir à quelle hauteur ce dernier pourrait intervenir. 

“Sur le principe, tout le monde est d'accord pour la mise en place de ces dispositifs de soutien. Notre proposition est de placer le curseur à 70%, mais certains partenaires sociaux souhaiteraient monter jusqu'à 100% mais là ça serait comme financer du chômage. Et le but c'est de financer de l'activité”, a expliqué Nicole Bouteau. Ces ajustements seront pris mercredi en conseil des ministres. 

Zone franche dématérialisée pour le tourisme

Le Pays, les syndicats de salariés, et la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) souhaitent que ces dispositifs soient largement employés dans le secteur du tourisme complètement dévasté suite à l'arrêt brutal des liaisons aériennes internationales. “Une fois le déconfinement acté, et que les liaisons inter-îles seront rétablies, l'idée est d'appeler au patriotisme polynésien, d'acheter local, de voyager dans nos îles, de stimuler l'activité économique du fenua”, a indiqué Nicole Bouteau. 

Christophe Plée, président de la CPME, a de son côté émis l'idée de la création d'une zone franche dématérialisée pour le secteur du tourisme pour les six prochains mois. “L'idée est de stimuler la consommation, de baisser les prix des chambres d'hôtels, des pensions de familles, des billets d'avion pour les résidents. Il ne faut pas lésiner sur les moyens”, a insisté le président de la CPME. “Les chefs d'entreprise vont pouvoir garder ainsi leur outil de travail. Ils vont garder leurs salariés et nous éviterons des drames. On est capable de le faire, maintenant il faut que le Pays et l'Etat accompagnent”, a poursuivi l'intéressé. 

Patrick Bagur, président du Medef, est pour sa part plus dubitatif quant à l'efficacité de ces mesures. “Il faut revoir ces dispositifs parce qu'ils ne sont pas adaptés aux grands groupes hôteliers et aux compagnies aériennes par exemple. C'est l'une des solutions, il faut la travailler mais c'est loin d'être encore prêt. Par contre il faut pouvoir rouvrir l'activité dans tous les domaines que l'on peut pour redémarrer”, a estimé le patron des patrons. 

Rédigé par Désiré Teivao le Mardi 12 Mai 2020 à 20:03 | Lu 3368 fois