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La menace des armateurs : hausse des tarifs, ou diminution des rotations


Ethode Rey, président de la confédération des armateurs
Ethode Rey, président de la confédération des armateurs
Ethode Rey est un homme méthodique. Le président de la confédération des armateurs aime appuyer ses propos sur du concret, et des calculs récents. C’est donc avec force documents que ce dernier justifie la demande de revalorisation des tarifs du fret formulée par les armateurs depuis le mois d'octobre, et pour l’heure restée lettre morte.

Ces tarifs ne sont pas libres : ils sont fixés en conseil des ministres, après consultation de la commission d’examen des tarifs maritimes interinsulaires (CETMI), qui se réunit au minimum une fois par an. Cette dernière a établi en 2008 une formule de revalorisation jugée obsolète par les armateurs. Le poids des charges aurait en effet considérablement évolué, sous l’effet conjugué de la hausse du prix du gazole destiné aux goélettes (72F le litre en janvier 2012, contre 60F en janvier 2011, soit une augmentation de 20%), mais aussi de l’augmentation des salaires (+2,1% selon Ethode Rey) et du coût de la vie.

Au total, les armateurs estiment que leurs charges ont augmenté de 5% en un an depuis la dernière revalorisation de 3% accordée par le CETMI en juillet 2011. « Les salaires représentaient 35% de nos charges en 2008. Désormais, c’est plus de 48% » explique Ethode Rey, qui a demandé à tous les armateurs de la place de lui fournir leurs chiffres, et qui a abouti à cette moyenne. De même, le poids du carburant a considérablement augmenté : 15%, contre 10% il y a trois ans. « C’est pour cela que nous demandons depuis des années à revoir cette formule » conclut l’armateur. Pour l’heure le ministre du développement des archipels (qui préside de droit la CETMI) n’a pas encore convoqué la commission, bien qu’il s’y soit engagé dans un courrier en date du 14 décembre 2011.

Rencontré vendredi dernier, le ministre de l’économie Pierre Frebault a promis aux armateurs une réunion tripartite avec Daniel Herlemme. La date n’était pas encore connue des armateurs lundi matin. « Si on n’obtient pas satisfaction, il ne nous restera qu’une seule solution : réduire nos charges. Et pour cela, un seul moyen : diminuer les rotations dans les îles » menace Ethode Rey. Au risque d'isoler encore plus les archipels éloignés.

« Le gouvernement est réticent à nous accorder une hausse des tarifs du fret car cela aura forcément un impact sur le coût de la vie dans les îles, et nous sommes en période pré-électorale » reconnaît le président de la confédération, qui dénonce toutefois les « manœuvres dilatoires » du ministre  D. Herlemme. « Le ministre nous demande de lui fournir nos bilans des trois derniers exercices afin d'étudier notre demande, mais il fait une lecture erronée de l'article 6 de la Décision n° 764 AE du 13 octobre 1978. Nous n’y sommes pas tenus » explique Ethode Rey. « Soit on travaille en confiance, soit non » tranche-t-il.

Le Pays subventionne déjà le gazole de ces armateurs à hauteur de 440 millions par an.

le Lundi 30 Janvier 2012 à 11:33 | Lu 1753 fois