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"La majorité Tapura reste forte et stable"


Tahiti, le 14 septembre 2022 – La présidente du groupe Tapura à l'assemblée s'attendait aux démissions de Nicole Bouteau, Teva Rohfritsch et Philip Schyle mercredi. Elle dit espérer d'eux qu'ils s'inscrivent dans une “opposition constructive” et rappelle que le groupe rouge et blanc reste largement majoritaire avec au moins 36 élus sur 57 à l'assemblée.
 
Vous avez reçu ces trois démissions au sein de votre groupe aujourd'hui. En tant que présidente, comment réagissez-vous ?
 
“Une réaction de tristesse bien sûr, car nous sommes une famille qui s'entend bien. Les relations entre les représentants sont très bonnes. Mais il ne s'agit pas d'un problème au niveau de l'assemblée, mais plutôt par rapport aux décisions gouvernementales et au manque de communication avec notre gouvernement et notre président. N'étant plus en phase avec tout ça aujourd'hui, tous les trois ont décidé de marquer le pas et de démissionner non seulement du groupe mais aussi du parti.”
 
Nicole Bouteau, Teva Rohfritsch et Philip Schyle veulent sortir de cette “spirale négative” politique. C'est un sentiment que vous avez ?
 
“Leur parole n'engage qu'eux-mêmes. Ils parlent de spirale négative, dans le sens où les résultats des élections ont été défavorables au Tapura huiraatira. Nous l'avons bien sûr pris comme un vote sanction. Nous en sommes tout à fait conscients. Nous savons qu'à travers ce vote, la population n'a pas forcément voulu soutenir le Tapura et a voulu le sanctionner.”
 
Après Putai Taae ce week-end, peut-on parler d'un mouvement de désertion qui touche le Tapura ?
 
“Concernant Putai Taae, il a 'médiatiquement parlant' annoncé sa démission. Mais contrairement à nos trois élus cités, il n'a pas fait parvenir de lettre de démission. Demain, lors de la session de rentrée budgétaire, il siègera encore au sein du Tapura. (…) Sinon, oui, on peut dire que ça s'accumule, puisque ça fait quatre. Nous ne sommes plus que 36. Mais c'est quand même une majorité qui reste toujours forte et stable. La stabilité est ce qui nous importe au sein du groupe Tapura.”
 
Est-ce que les démissions de Teva Rohfritsch, Nicole Bouteau et Philip Schyle sont une vraie surprise pour vous ?
 
“Très honnêtement, non. D'ailleurs, si je ne suis pas au Congrès des maires, c'est bien parce je me doutais qu'ils allaient aller au bout des choses. Connaissant leurs démarches et leur personnalité qui est entière. Je respecte cette décision et je sais qu'ils resteront profondément autonomistes. Donc on reste, quelque part, dans la famille. Celle des autonomistes. Je reste également convaincue qu'ils sauront voter et soutenir les textes qu'il faut soutenir et qu'ils contribueront à améliorer ce doit être amélioré. Je suis persuadée qu'ils seront une opposition constructive.”
 
En 2018, Édouard Fritch a rassemblé beaucoup de monde autour de lui. Aujourd'hui, plusieurs élus semblent lui reprocher un manque de décisions ou d'arbitrages politiques clairs. Est-ce que vous ne craignez pas d'être un parti moins rassembleur que par le passé ?
 
“Je pense que le reproche se fait sur un manque de décisions politiques. Mais on ne peut pas lui reprocher ses décisions sur la gestion du Pays. J'aimerais quand même rappeler que beaucoup de décisions ont été prises et que beaucoup de bonnes choses ont été faites pour soutenir notre économie. Au niveau politique, effectivement, pour ceux en tout cas qui ont un sens politique, ils attendaient d'autres décisions. À un moment donné on se rend compte qu'on perd les législatives. On voit le message de la population. Maintenant, comment leur montrer qu'on a compris ? Pour certains, il fallait passer par un remaniement ministériel qu'ils ont exprimé auprès de notre président. Le président, en tant que chef de l'exécutif, a pris la décision de refuser de changer. Il s'agit de continuer à travailler, d'assurer la continuité des dossiers jusqu'aux prochaines élections. De plus, remanier les gouvernements signifie remettre en place une équipe. On perd ainsi deux à quatre mois et on ne peut pas se permettre de faire ça. La majorité a entendu cette décision. Certains ont exprimé leur désaccord, car politiquement ce n'est pas la meilleure des stratégies. En tout cas, nous concernant, ce n'est pas une façon de dénigrer l'appel qu'il y a eu le 18 juin. J'étais candidate. Je n'ai pas été élue. Mais j'ai compris et je suis heureuse que notre pays exprime la démocratie. La population a compris qu'à travers son vote, elle pouvait exprimer sa volonté, sa colère.”
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mercredi 14 Septembre 2022 à 17:43 | Lu 2025 fois