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La gauche radicale paie le prix fort de la division


Paris, France | AFP | dimanche 11/06/2017 - La gauche radicale a payé dimanche au prix fort sa désunion, avec un score très inférieur à celui de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, qui ne lui permet pas d'espérer plus d'une vingtaine de sièges à l'Assemblée.
Si Jean-Luc Mélenchon est lui-même en bonne position pour l'emporter à Marseille, la dégringolade de La France insoumise entre les deux élections sera lue comme celle de l'ancien candidat à l'Elysée, dont la stratégie depuis le 23 avril a dérouté nombre de ses électeurs. 
Certains d'entre eux n'ont compris ni son refus d'appeler à voter Emmanuel Macron au second tour - se contentant d'indiquer qu'il ne voterait pas pour le Front national - ni les conditions drastiques qu'il imposait aux autres partis de gauche avant toute alliance aux législatives.
Mais dimanche soir, crédité d'environ 11% des suffrages au plan national, M. Mélenchon a évoqué un "beau résultat", revendiquant "des dizaines de candidats" en ballottage. 
"L'immensité de l'abstention montre qu'il n'y a pas de majorité pour détruire le code du travail, réduire les libertés publiques, ni pour l'irresponsabilité écologique, ni pour cajoler les riches", a affirmé M. Mélenchon depuis Marseille. 
Soucieux peut-être de couper court aux critiques qui avaient déferlé au soir du premier tour de la présidentielle, il a cette fois immédiatement demandé à ses électeurs de "ne jamais permettre l'élection d'un candidat du Front national". 
Pour son fondateur, La France insoumise, "mouvement politique totalement neuf, présentant ses candidats distinctement de tous les autres, sans tambouille" est "récompensée en étant confirmée dans sa position éminente telle que nous l'avions constituée à l'élection présidentielle". 

- "Mélenchon sera responsable de la défaite" -

Pas un mot donc sur la division quasi de moitié de son score national en voix par rapport au 23 avril où il avait remporté 19,6% des suffrages. Ni sur la déroute des autres partis de gauche, le PS bien sûr mais aussi son ancien allié, le parti communiste, qui avait appelé à voter pour lui à la présidentielle, ou d'EELV, tous deux placés en dessous de 4% selon les estimations. 
Le leader de La France insoumise, qui avait il y a cinq semaines l'ambition de devenir Premier ministre d'Emmanuel Macron dans un gouvernement de cohabitation en raflant la majorité à l'Assemblée, ne disposerait pas de plus de 20 sièges, ceux des députés communistes inclus, selon la dernière projection d'Ipsos pour France Télévision et Radio France.
Signe positif quand même, les principaux lieutenants de Jean-Luc Mélenchon sont tous qualifiés pour le second tour, avec des ballottages plus ou moins favorables. C'est le cas de son porte-parole Alexis Corbière à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, de son directeur de campagne Manuel Bompard en Haute-Garonne ou encore des deux responsables du parti de gauche, Danielle Simonnet à Paris et Eric Coquerel à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).
Mais on reste très loin des prévisions de LFI qui rappelait volontiers que le candidat était arrivé premier dans 67 circonscriptions et dépassait le seuil des 12,5 des inscrits, nécessaires pour se qualifier au second tour dans 451. 
Après des mois de divisions au sein de la gauche anti-Hollande, les différents partis se sont présentés en ordre dispersé, avec un accord limité à quelques dizaines de circonscriptions entre le PS et EELV et quelques ententes au cas par cas.
"Mélenchon sera responsable de la défaite", estimait quelques jours avant le scrutin Julien Bayou, porte-parole d'EELV, lui reprochant sa "volonté d'y aller tout seul".
Le parti écologiste s'est montré plutôt satisfait, estimant que ses scores étaient "globalement en léger progrès (dans) de nombreuses circonscriptions". Mais rares sont les écologistes qualifiés pour le second tour. Son secrétaire national David Cormand a sèchement perdu en Seine-Maritime et surtout Cécile Duflot, sortante, s'est fait éliminée à Paris.
"La division des forces de gauche se paie très cher", a commenté de son côté le patron des communistes Pierre Laurent, déplorant le refus d'alliance selon lui de LFI. Plusieurs communistes en ballottage favorable pourraient néanmoins tirer leur épingle du jeu.

le Lundi 12 Juin 2017 à 04:29 | Lu 359 fois