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La chasse aux talents du web est ouverte


Paris, France | AFP | lundi 21/09/2015 - Le Mercato du web bat son plein : les nouveaux réseaux de chaînes YouTube se disputent les jeunes talents du web, à l'instar de l'humoriste "Seb la Frite" qui vient de rejoindre Finder Studios, désormais troisième face à ses concurrents.

Créé l'an dernier au sein de la société de production Makever, Finder est l'un de ces nouveaux MCN (réseaux multi-chaînes) français, qui aident les talents du web à monétiser leurs chaînes auprès des annonceurs, en échange d'une commission.

La chaîne vient également de mettre sous contrat "Pat la réalisation" et "La chaîne de Jérémy" qui, comme Seb la Frite, figurent parmi les 20 humoristes les plus populaires du web français.

Autre trophée de prix pour le jeune réseau, la très populaire chaîne "Studio Bubble Tea", où deux fillettes déballent des paquets cadeaux ou des oeufs Kinder - "unboxing", véritable phénomène sur YouTube -, explique à l'AFP la dirigeante de Finder, Virginie Maire.

L'écurie de Finder compte maintenant une quarantaine de chaînes, qui totalisent 130 millions de vidéos vues par mois. Elle arrive en troisième position derrière Mixicom, qui fédère des stars du web dont Cyprien, Norman et Squeezie (312 millions de vues par mois, selon le site SocialBlade) et le pionnier français Wizdeo (200 millions de vues, 500 chaînes).

Finder revendique la première place sur le créneau de la beauté avec 20-25 talents connus, dont Sananas et Horia, et sur celui de la cuisine avec la chaîne +fastgoodcuisine+. Il se dit n°3 pour l'humour.

"Nous accompagnons les YouTubeurs qui, très jeunes, se retrouvent dans un tourbillon, doivent lire des contrats à 17 ans... Souvent ils ont arrêté leurs études pour se consacrer à leur chaîne à plein temps, mais beaucoup sont très mûrs", souligne Virginie Maire.

"Les annonceurs sont de plus en plus conscients de l'intérêt de s'adosser à des talents du web. Mais le but n'est pas de transformer les YouTubeurs en hommes sandwiches", assure le PDG de Makever, Matthieu Viala.

Dès que le succès pointe, les YouTubeurs se font démarcher par ces réseaux, qui leur promettent soutien juridique et annonceurs plus lucratifs que les spots automatiques de YouTube.

- 100 réseaux dominent le web -

Pour une marque, utiliser la notoriété d'un YouTubeur est inestimable, confirme Véronique Morali, la patronne de Webedia, nouveau propriétaire du réseau Mixicom. "C'est du marketing de l'influence. Ces jeunes savent parler aux autres jeunes, ils sont prescripteurs. (...), c'est une nouvelle forme de publicité", a-t-elle commenté sur BFM Business.

Dans ce vaste mercato, le paysage commence à se stabiliser. Outre les français, des MCN étrangers, comme l'européen Divimove ou le britannique Base79 (Rémi Gaillard, Cauet), ont "signé" certains des talents français les plus suivis.

Les YouTubeurs partagent donc leurs recettes publicitaires, leur seule rémunération, d'abord avec YouTube qui en perçoit près de la moitié, mais aussi avec leur MCN qui en prend 10% à 30% et parfois avec une régie publicitaire classique -- Finder a ainsi conclu un accord en mars avec la régie de TF1.

Au final, il leur reste environ 1 euro pour 1.000 vues. De quoi faire vivre seulement les quelques centaines les plus populaires, qui touchent quelques milliers d'euros par mois.

Les MCN n'affichent aussi qu'un chiffre d'affaires pour l'instant très modeste. "Finder ne représente que 3% de l'activité du groupe", reconnaît Matthieu Viala.

Mais leur modèle intéresse et les MCN se font racheter en série, parfois pour 20 ou 30 fois leur chiffre d'affaires. La semaine dernière, le groupe Webedia a racheté Mixicom, pour plusieurs dizaines de millions d'euros, selon des professionnels. L'an dernier, le britannique Rightster a payé 50 millions de livres pour Base79. Et Disney a racheté le MCN géant Maker Studios (60.000 chaînes) pour un milliard de dollars.

Selon une étude du cabinet britannique Ampere publiée cet été, les 100 plus gros MCN mondiaux fédèrent 100 milliards de vues par mois, soit 42% des vues sur YouTube. Mais ils n'encaissent en moyenne qu'une vingtaine de millions de dollars par an.

Rédigé par () le Lundi 21 Septembre 2015 à 05:52 | Lu 178 fois