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La Polynésie, record de l'inflation en outre-mer


Tahiti, le 30 janvier 2023 – La Polynésie a enregistré en 2022 la plus forte inflation en comparaison avec l'ensemble des territoires ultramarins, indique la dirigeante des IEDOM/IEOM sur Outremers360°. Un record qui s'explique notamment par la hausse des prix de l'alimentaire en raison de la forte dépendance du fenua aux importations. Une politique monétaire "plus restrictive" en 2023 devrait permettre de retrouver une inflation autour de 2% fin 2024.
 
Il est des records qu'il n'est pas forcément agréable de détenir. C'est le cas de la Polynésie qui a connu en 2022 la plus forte inflation en comparaison avec l'ensemble des territoires d'outre-mer Dans une interview accordée vendredi dernier à Outremers360°, Marie-Anne Poussin-Delmas, dirigeante des Instituts d'émission d'outre-mer IEDOM/IEOM, indique que l'inflation a atteint au fenua 8,5% alors qu'elle était seulement de 3,3% en Guyane, 3,9% à La Réunion ou encore de 5% chez nos voisins de Nouvelle-Calédonie. Si, en moyenne, l'inflation dans les territoires d'outre-mer est moins importante qu'au niveau national (5,9%), celle enregistrée en Polynésie la dépasse largement.
 
Marie-Anne Poussin-Delmas rappelle que le rebond de l'inflation "vient principalement de l'énergie et de l'alimentaire et est lié aux chocs internationaux". Pour elle, l'inflation record enregistrée en Polynésie s'explique par la hausse des prix des biens alimentaires qui est "plus élevée que dans les autres outre-mer, en raison notamment d'une plus forte dépendance aux importations". Elle préconise donc, outre la mise en place de paniers à prix bloqués comme c'est le cas au fenua depuis le 1er janvier, d'"engager des actions de fond" : "progresser vers l'autonomie alimentaire ; développer les circuits courts ; renforcer l'autonomie énergétique". Des actions qui sont aussi "sources de création d'emplois".
 
Pour 2023, la dirigeante des Instituts IEDOM/IEOM prévoit plutôt une inflation "sous-jacente" avec notamment la hausse des salaires, alors qu'"on observe déjà un repli des prix internationaux". "C'est ce qui conduit la Banque centre européenne mais aussi l'IEOM sur la zone Franc Pacifique à mener une politique monétaire plus restrictive et à relever ses taux d'intérêt", indique-t-elle. "La Banque de France prévoit un pic d'inflation au premier semestre 2023 pour revenir vers 2% fin 2024."

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Lundi 30 Janvier 2023 à 10:12 | Lu 5226 fois