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La Française des Jeux s'envole pour ses premiers pas en Bourse


Paris, France | AFP | jeudi 21/11/2019 - L'action Française des Jeux (FDJ) décollait jeudi lors de ses premiers pas en Bourse, une privatisation ayant donné lieu à une souscription massive par un demi-million de particuliers et qui rapporte 2,1 milliards d'euros à l'Etat.

Le titre FDJ a entamé sa cotation à 09H30 sur le marché parisien à 23 euros, soit un bond de quelque 15% par rapport au prix de 19,90 euros fixé pour son introduction, tandis qu'une cloche était sonnée dans les locaux de l'opérateur boursier Euronext pour marquer symboliquement le début des échanges.
Vers 12H00, l'action s'échangeait à 22,82 euros (+14,7%).
"J'ai le sentiment d'être en train de vivre un moment historique (...) 500.000 Français sont devenus actionnaires (...) ainsi que les plus grands investisseurs internationaux", s'est félicitée la PDG du groupe, Stéphane Pallez.
Cette privatisation "marque la réconciliation des Français avec les marchés", a renchéri le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, qui a tiré la corde de la cloche de concert avec Mme Pallez. Le succès de l'opération, largement ouverte au grand public, était "nécessaire après la crise financière de 2008", a-t-il insisté.
Le gouvernement n'avait pas ménagé ses efforts afin d'encourager les petits porteurs à profiter de la souscription, ouverte le 7 novembre, pour entrer au capital de la deuxième loterie européenne.
Alors que la fourchette initiale de l'action était comprise entre 16,50 et 19,90 euros, son prix définitif a été arrêté au plus haut niveau possible, reflétant l'important engouement des investisseurs, particuliers comme institutionnels (banques, fonds, assureurs...).
Au total, avec cette privatisation, l'Etat cède 99,32 millions de titres pour un montant brut approchant 1,888 milliard d'euros, soit environ 52% du capital de FDJ, selon l'Agence des participations de l'Etat (APE).
Un montant qui en fait la plus importante introduction en Bourse en France depuis celle de Natixis en 2006 (4,2 milliards d'euros).
Mais finalement, l'Etat empochera davantage: 2,1 milliards d'euros, en incluant 380 millions d'euros de "soulte" --somme que versera la FDJ en échange du monopole pour exploiter pendant 25 ans jeux de loterie et paris sportifs dans son réseau physique.
Surtout, la FDJ restera une manne pour les finances publiques: l'Etat continuera d'engranger quelque 3,5 milliards d'euros de recettes fiscales et sociales versées chaque année par l'opérateur.

- Souscription populaire -

L'introduction devrait valoriser le groupe Française des Jeux dans son ensemble à environ 3,7 milliards d'euros. "Ces résultats sont une marque de confiance dans l'avenir du groupe", a estimé Mme Pallez, notant que les particuliers détiendront désormais "près de 20% du capital".
Pour convaincre les petits épargnants, le gouvernement leur avait accordé une décote de 2% sur le prix des titres, ainsi qu'une action gratuite pour dix achetées à condition qu'elles soient détenues 18 mois. 
Pour autant, certains pourraient être frustrés: "seulement 10% de la demande pourra être servie" pour les petits épargnants ayant demandé des actions pour plus de 2.000 euros, avait averti mercredi M. Le Maire.
Conséquence d'une demande excédentaire: à l'issue de la période de souscription, plus de 11 milliards d'euros d'actions ont été demandés -- 1,6 milliard en provenance du grand public et 10 milliards de la part d'investisseurs institutionnels.
L'engouement pour la FDJ auprès des épargnants reste cependant très en deçà du succès des introductions en Bourse de Natixis en 2006 (qui avait séduit 2,8 millions de particuliers), d'EDF en 2005 (avec un record d'environ 5 millions de particuliers), mais aussi de GDF ou d'Air France.

- Surallocation en suspens -

En fonction de l'évolution du titre, le gouvernement peut exercer jusqu'au 20 décembre une option de surallocation, en mettant sur le marché 11,35 millions d'actions supplémentaires, selon l'APE -- auquel cas l'Etat ne détiendra plus que 21,91% du capital.
La FDJ avait vanté auprès des investisseurs "un placement durable", en raison d'une "croissance durable" déconnectée de la conjoncture --avec un chiffre d'affaires s'étant envolé de 7% sur les neuf premiers mois de 2019 (à 1,42 milliard d'euros).
Sa privatisation s'inscrit dans le vaste programme de cessions d'actifs auquel la loi Pacte a ouvert la voie afin d'alimenter un fonds de 10 milliards d'euros consacré à l'innovation. "L'intégralité des recettes va aller dans le fonds", a insisté M. Le Maire.
Si l'Etat a "une place fondamentale" dans l'économie, sa "juste place n'est pas forcément celle d'actionnaire principal", a-t-il observé.

le Jeudi 21 Novembre 2019 à 05:05 | Lu 276 fois