Tahiti, le 8 juillet 2025 - Les syndicalistes de la Fraap ont décidé, ce mardi soir, de suspendre une fois de plus leur mouvement de grève et de renvoyer leurs doléances devant le tribunal du travail. Ce choix a été fait après avoir rencontré les chefs des groupes de danse qui concourent au Heiva et les représentants des agences de voyage. Les discussions avec le gouvernement sont, quant à elles, au point mort depuis lundi soir.
Pas de discussion avec le gouvernement mardi pour la Fraap, mais des échanges avec les chefs de troupes de danse qui participent au Heiva, ainsi qu’avec les principaux acteurs du tourisme ont peut-être pesé dans la balance. Le syndicat a décidé vers 20 heures de suspendre une fois encore son mouvement social pour renvoyer ses demandes au tribunal du travail pour, ensuite, se retrouver devant la commission de conciliation si les débats avec le président du Pays ne donnent rien.
La veille, lundi, une deuxième réunion de négociations entre le Pays et la Fraap, depuis le dépôt du préavis de grève mercredi dernier, avait tourné court. En effet, à peine était-elle entrée, que la délégation ressortait déjà au bout de douze minutes.
Le président du Pays, Moetai Brotherson, avait maintenu le même discours et avait été clair avec la Fraap : pas question pour lui de revaloriser le point d’indice (unique point de revendication de la Fraap), puisque cela doit se faire en avril prochain en présence de tous les partenaires sociaux et également à la clôture des comptes administratifs.
Pas question de “céder”
Cependant, Moetai Brotherson n’était pas resté les deux pieds dans le même sabot puisqu’il leur avait fait une proposition “à la fois concrète et simple qui ne les a visiblement pas satisfaits, qui les a même choqués”, expliquait-il en sortant de la réunion, “pourtant je pense que c'est une bonne solution qui sera appliquée malgré tout”.
Et cette solution, elle implique la ministre du Travail Vannina Crolas et la ministre des Solidarités Minarii Galenon. Celles-ci recevront “chaque troisième vendredi du mois”, dans les jardins de la vice-présidence, à partir de 6 heures du matin, les fonctionnaires qui ont des “difficultés” et qui n’arrivent pas à “joindre les deux bouts”. Ils seront “reçus, entendus” et des actions pour les aider seront mises en place. “Tous les dossiers seront examinés de manière individuelle” car chaque situation est différente, on ne peut donc pas les “globaliser”.
Une proposition que le chef de l’administration considère comme étant “la démarche la plus humaine” que le Pays puisse faire. Pour lui, “le logement, l'alimentation, le transport et l'énergie” sont les principaux problèmes auxquels doivent faire face certains fonctionnaires car ce n’est pas “l'ensemble” des fonctionnaires qui a du mal à “joindre les deux bouts (…) on connaît les chiffres”.
Il a répété que le problème des catégories D qui exercent des fonctions de catégorie C ou B ne peut être réglé par la revalorisation du point d’indice, mais par la “promotion à une catégorie supérieure au travers des examens professionnels qui doivent être adaptés selon les filières”.
Concernant la grève, Moetai Brotherson rappelait, avec une pointe d’ironie, que lors du dernier appel à la grève, le syndicat avait annoncé que cela “allait être absolument cataclysmique. Or, il y a eu à peu près 300 grévistes alors qu'il y a 1 000 adhérents à la Fraap, donc on verra bien”. Mais pas question pour lui de “céder sur ce type de revendications qui ne sont pas pertinentes”. Il assurait en revanche avoir pris les devants “pour anticiper sur les problématiques liées à l'éducation, la santé et la circulation routière”.
Enfin, le chef du gouvernement a rappelé que les personnes sans emploi ainsi que les patentés doivent eux aussi “faire face” à la cherté de la vie et que le plus bas salaire d’un agent de la fonction publique s’élève à “20 000 francs au-dessus du Smig, c'est vraiment le plus petit salaire”, soit 193 181 francs mensuels.
“C’est tout le monde qui n’arrive pas à joindre les deux bouts”
Personne de la délégation syndicale ne s’attendait à une telle proposition de la part du président du Pays, à tel point que le secrétaire général de la Fraap, Jean-Paul Urima, a dit “halluciner” en sortant de la salle. “C’est un dispositif qui s'apparente à de la mendicité institutionnalisée”, a-t-il assuré. Il considère que ce “dispositif s’apparente à celui mis en place pour les sans domicile fixe”, ainsi les agents vont “exposer leurs problèmes personnels, leurs problèmes familiaux (…). C'est vraiment manquer de respect à l'égard de ces agents, c'est les réduire au stade de mendiants”.
Dans la foulée de cette réunion, la page Facebook de la Fraap affichait alors une sentence : “Ce sera un mercredi noir ce 9 juillet 2025 : 90% des vols seront annulés.” Une phrase retirée quelques minutes plus tard, la Fraap prétextant ce mardi un “piratage” de sa page.
De son côté, le secrétaire général délégué de la Fraap, Jimmy Tehetia, disait ne pas comprendre pourquoi diriger les agents vers les ministres “pour raconter leur misère”. Il rappelait que des services spécifiques existent et s’interrogeait “pourquoi cela n'a pas déjà été fait ?” puisque ce conflit date de décembre dernier. “Ils n'ont pas encore compris que notre population souffre.”.
Le représentant de la Fraap à Te Fare Tauhiti Nui – La maison de la culture, Raymond Tamaititahio, se disait quant à lui “choqué” par les propos tenus par Moetai Brotherson. “Nous demander de mendier car on n’arrive pas à boucler les fins du mois à cause de la vie chère, je trouve que c’est déplacé (…). C’est tout le monde qui n’arrive pas à joindre les deux bouts”, a assuré le technicien de TFTN.
Comme personne parmi les syndicalistes ne s’attendait à cette proposition, “on n’avait pas d’arguments pour contrer”, confiait Raymond Tamaititahio. Il ajoutait que connaissant la “fierté du Polynésien, moi-même, je n’irais pas mendier pour avoir un pain en plus dans le mois”. Il considérait au contraire qu’il a effectué un travail pour lequel il devrait être payé. “Tout travail mérite salaire et on sait très bien que la vie est devenue chère (…). Aller bosser tous les jours et donner le maximum et derrière, aller mendier, c’est un peu nous dénigrer en tant que travailleurs”. Le dernier mot qu’il aura à l’adresse de ses collègues fonctionnaires étaient alors “arrêtons de subir, arrêtons d’être témoins de ce qui se passe et devenons acteurs de notre futur”.
Finalement, la Fraap a décidé de temporiser une fois de plus son mouvement, sans pour autant lâcher ses revendications. Le dialogue social va désormais se déplacer sur le terrain du tribunal du travail puis la commission de conciliation si aucun accord n’est trouvé.
Il était difficile de prédire ce mardi soir si le syndicat était prêt à retenter le coup de la reprise de grève après suspension.
Pas de discussion avec le gouvernement mardi pour la Fraap, mais des échanges avec les chefs de troupes de danse qui participent au Heiva, ainsi qu’avec les principaux acteurs du tourisme ont peut-être pesé dans la balance. Le syndicat a décidé vers 20 heures de suspendre une fois encore son mouvement social pour renvoyer ses demandes au tribunal du travail pour, ensuite, se retrouver devant la commission de conciliation si les débats avec le président du Pays ne donnent rien.
La veille, lundi, une deuxième réunion de négociations entre le Pays et la Fraap, depuis le dépôt du préavis de grève mercredi dernier, avait tourné court. En effet, à peine était-elle entrée, que la délégation ressortait déjà au bout de douze minutes.
Le président du Pays, Moetai Brotherson, avait maintenu le même discours et avait été clair avec la Fraap : pas question pour lui de revaloriser le point d’indice (unique point de revendication de la Fraap), puisque cela doit se faire en avril prochain en présence de tous les partenaires sociaux et également à la clôture des comptes administratifs.
Pas question de “céder”
Cependant, Moetai Brotherson n’était pas resté les deux pieds dans le même sabot puisqu’il leur avait fait une proposition “à la fois concrète et simple qui ne les a visiblement pas satisfaits, qui les a même choqués”, expliquait-il en sortant de la réunion, “pourtant je pense que c'est une bonne solution qui sera appliquée malgré tout”.
Et cette solution, elle implique la ministre du Travail Vannina Crolas et la ministre des Solidarités Minarii Galenon. Celles-ci recevront “chaque troisième vendredi du mois”, dans les jardins de la vice-présidence, à partir de 6 heures du matin, les fonctionnaires qui ont des “difficultés” et qui n’arrivent pas à “joindre les deux bouts”. Ils seront “reçus, entendus” et des actions pour les aider seront mises en place. “Tous les dossiers seront examinés de manière individuelle” car chaque situation est différente, on ne peut donc pas les “globaliser”.
Une proposition que le chef de l’administration considère comme étant “la démarche la plus humaine” que le Pays puisse faire. Pour lui, “le logement, l'alimentation, le transport et l'énergie” sont les principaux problèmes auxquels doivent faire face certains fonctionnaires car ce n’est pas “l'ensemble” des fonctionnaires qui a du mal à “joindre les deux bouts (…) on connaît les chiffres”.
Il a répété que le problème des catégories D qui exercent des fonctions de catégorie C ou B ne peut être réglé par la revalorisation du point d’indice, mais par la “promotion à une catégorie supérieure au travers des examens professionnels qui doivent être adaptés selon les filières”.
Concernant la grève, Moetai Brotherson rappelait, avec une pointe d’ironie, que lors du dernier appel à la grève, le syndicat avait annoncé que cela “allait être absolument cataclysmique. Or, il y a eu à peu près 300 grévistes alors qu'il y a 1 000 adhérents à la Fraap, donc on verra bien”. Mais pas question pour lui de “céder sur ce type de revendications qui ne sont pas pertinentes”. Il assurait en revanche avoir pris les devants “pour anticiper sur les problématiques liées à l'éducation, la santé et la circulation routière”.
Enfin, le chef du gouvernement a rappelé que les personnes sans emploi ainsi que les patentés doivent eux aussi “faire face” à la cherté de la vie et que le plus bas salaire d’un agent de la fonction publique s’élève à “20 000 francs au-dessus du Smig, c'est vraiment le plus petit salaire”, soit 193 181 francs mensuels.
“C’est tout le monde qui n’arrive pas à joindre les deux bouts”
Personne de la délégation syndicale ne s’attendait à une telle proposition de la part du président du Pays, à tel point que le secrétaire général de la Fraap, Jean-Paul Urima, a dit “halluciner” en sortant de la salle. “C’est un dispositif qui s'apparente à de la mendicité institutionnalisée”, a-t-il assuré. Il considère que ce “dispositif s’apparente à celui mis en place pour les sans domicile fixe”, ainsi les agents vont “exposer leurs problèmes personnels, leurs problèmes familiaux (…). C'est vraiment manquer de respect à l'égard de ces agents, c'est les réduire au stade de mendiants”.
Dans la foulée de cette réunion, la page Facebook de la Fraap affichait alors une sentence : “Ce sera un mercredi noir ce 9 juillet 2025 : 90% des vols seront annulés.” Une phrase retirée quelques minutes plus tard, la Fraap prétextant ce mardi un “piratage” de sa page.
De son côté, le secrétaire général délégué de la Fraap, Jimmy Tehetia, disait ne pas comprendre pourquoi diriger les agents vers les ministres “pour raconter leur misère”. Il rappelait que des services spécifiques existent et s’interrogeait “pourquoi cela n'a pas déjà été fait ?” puisque ce conflit date de décembre dernier. “Ils n'ont pas encore compris que notre population souffre.”.
Le représentant de la Fraap à Te Fare Tauhiti Nui – La maison de la culture, Raymond Tamaititahio, se disait quant à lui “choqué” par les propos tenus par Moetai Brotherson. “Nous demander de mendier car on n’arrive pas à boucler les fins du mois à cause de la vie chère, je trouve que c’est déplacé (…). C’est tout le monde qui n’arrive pas à joindre les deux bouts”, a assuré le technicien de TFTN.
Comme personne parmi les syndicalistes ne s’attendait à cette proposition, “on n’avait pas d’arguments pour contrer”, confiait Raymond Tamaititahio. Il ajoutait que connaissant la “fierté du Polynésien, moi-même, je n’irais pas mendier pour avoir un pain en plus dans le mois”. Il considérait au contraire qu’il a effectué un travail pour lequel il devrait être payé. “Tout travail mérite salaire et on sait très bien que la vie est devenue chère (…). Aller bosser tous les jours et donner le maximum et derrière, aller mendier, c’est un peu nous dénigrer en tant que travailleurs”. Le dernier mot qu’il aura à l’adresse de ses collègues fonctionnaires étaient alors “arrêtons de subir, arrêtons d’être témoins de ce qui se passe et devenons acteurs de notre futur”.
Finalement, la Fraap a décidé de temporiser une fois de plus son mouvement, sans pour autant lâcher ses revendications. Le dialogue social va désormais se déplacer sur le terrain du tribunal du travail puis la commission de conciliation si aucun accord n’est trouvé.
Il était difficile de prédire ce mardi soir si le syndicat était prêt à retenter le coup de la reprise de grève après suspension.




































