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LR entre embarras et contre-attaque après les déclarations de Wauquiez


Paris, France | AFP | lundi 19/02/2018 - Les Républicains (LR) ont opté lundi pour la contre-attaque tous azimuts, après la diffusion de déclarations choc de Laurent Wauquiez, même si l'embarras est palpable au sein d'une droite en reconstruction.

Dialogue de sourds. Laurent Wauquiez "se grandirait à s’excuser devant les Français", a estimé le ministre Gérald Darmanin, mis en cause par le président de LR. "S’excuser de quoi ?", rétorque l’une des porte-parole du parti, Laurence Sailliet.
M. Wauquiez doit faire face depuis vendredi à la diffusion d’extraits, enregistrés à son insu, d’un cours donné à l’EM Lyon business school.
Dans cet enregistrement, révélé par TMC, on entend le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes affirmer que Nicolas Sarkozy faisait placer ses ministres sur écoutes -- M. Wauquiez s'est excusé auprès de l'ancien président et plaide le "jeu de rôles" devant les étudiants--, et se dire "sûr et certain" qu’Emmanuel Macron et ses équipes "ont largement contribué à mettre en place la cellule de démolition" contre François Fillon.
Quant à Gérald Darmanin, visé par une enquête pour abus de faiblesse, "il sait ce qu’il a fait" et "il va tomber", affirme M. Wauquiez, le comparant à un Jérôme "Cahuzac puissance 10".
Sur RMC et BFMTV lundi, M. Darmanin a répliqué, tout en assurant "les yeux dans les yeux", une expression de M. Cahuzac, n’avoir "jamais abusé d’aucune femme" ni "d’aucun pouvoir".
"J’ai l’impression que Laurent Wauquiez est un peu tombé du côté obscur de la force". "Il avait deux maîtres: (Patrick) Buisson d’un côté, Soeur Emmanuelle de l’autre. Je regrette qu’il n’ait pas suivi l’exemple de Soeur Emmanuelle sur ce coup", a cinglé le ministre.
Aux voix de la majorité, qui se sont multipliées pour condamner les propos de M. Wauquiez, s’est ajouté dimanche Xavier Bertrand. Le président des Hauts-de-France, qui a quitté LR, l’a comparé à la famille Le Pen et l'a accusé de faire "pire que du Trump".
 

- journalisme "CAP ajusteur-monteur" -

 
Au sein même de LR, l'embarras est perceptible. Eric Woerth, président LR de la Commission des finances, a ainsi regretté des "propos qui ne concourent pas au rassemblement".
Le président de LR va-t-il s'exprimer cette semaine ? Invisible depuis la diffusion de l'enregistrement, il orchestre en attendant une contre-offensive via ses porte-parole.
Gilles Platret a ainsi vu dans la diffusion de cet enregistrement "un cas d'école". "Est-ce que ça, c'est du journalisme ? Non. Ca, (...) c'est un exercice au niveau CAP d'ajusteur-monteur", a-t-il déclaré.
Autre porte-parole, Laurence Sailliet a évoqué "un journaliste qui corrompt un élève en amont pour faire un enregistrement illégal".
Laurent Wauquiez n’a "pas insulté les Français", a relevé sur RMC Lydia Guirous, autre porte-parole de LR, dans une allusion à certaines déclarations d’Emmanuel Macron, sur les ouvrières "illettrées", ou les "fainéants" opposés à ses réformes.
La députée Virginie Duby-Muller, secrétaire nationale adjointe de LR, a confié sur Europe 1 avoir "l’impression que tout ça a été orchestré", remarquant que "cet événement intervient à un moment où Laurent Wauquiez enchaînait des séquences positives, qu’il s’agisse de l’Emission politique (sur France 2), du Conseil national ou enfin des (victoires à deux) élections législatives partielles", après les défaites cuisantes de 2017.
Officiellement, Les Républicains poursuivent leur feuille de route comme si de rien n’était, prévoyant la diffusion d’un tract à 500.000 exemplaires sur les conséquences de la politique de l’exécutif en matière de pouvoir d’achat. Des contre-propositions sur l’immigration sont également attendues cette semaine.
Un dirigeant LR veut croire que "dans deux mois, plus personne ne se souviendra" de cette séquence. "Ceux qui n’aiment pas Laurent Wauquiez ont remis un peu d’essence dans leur moteur". "Ceux qui l’aiment bien se disent: il parle cash", estime-t-il, "pas certain" qu’il n’y ait "que des éléments négatifs" dans cet épisode.
Le président de l'EM Lyon Business School, Bruno Bonnell, député LREM, a exclu toute enquête interne sur l'origine des fuites, regrettant que ce cours ait donné lieu à "une tribune politique et désespérante".

le Lundi 19 Février 2018 à 06:02 | Lu 229 fois