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LR: Larcher passe à l'offensive et complique l'équation de Wauquiez


Paris, France | AFP | mardi 28/05/2019 - Gérard Larcher est passé à l'offensive mardi en initiant une "démarche" pour "reconstruire un projet qui rassemble la droite et le centre", fragilisant un peu plus Laurent Wauquiez qui "prend toute sa part" dans la déroute des Républicains aux européennes mais n'entend pas démissionner.

L'entourage du président du Sénat l'assure: "ce n'est pas une démarche hors des Républicains. Il reste à LR, il l'a dit. C'est une démarche en dehors des partis, et ce n'est pas contre les partis". Mais l'initiative de Gérard Larcher n'en vient pas moins compliquer la très délicate équation personnelle de Laurent Wauquiez.
Présent à l'Assemblée lors d'une réunion de groupe tendue, M. Wauquiez a dit "prendre toute sa part" dans le désastre électoral de dimanche (8,44%). "Toutes les initiatives en faveur de la refondation sont bienvenues, c'est justement cela l'esprit des états généraux évoqués hier (lundi) par Laurent Wauquiez", avait auparavant indiqué son entourage en réponse à M. Larcher.
Dès lundi soir, le patron de LR a convoqué un bureau politique pour proposer la tenue d'"états généraux" à la rentrée afin de "tout remettre à plat" et endiguer les appels plus ou moins explicites à la démission.
Une initiative "insuffisante" et jugée tardive en raison de l'imminente campagne pour les municipales de 2020, a réagi mardi le chef des sénateurs LR Bruno Retailleau, préparant le terrain pour Gérard Larcher. Et confirmant au passage avoir lui aussi suggéré à Laurent Wauquiez de démissionner, comme l'écrit Le Figaro.
M. Larcher, lui, n'a "demandé la démission de personne". Non sans remarquer qu'un patron de LR refusant de se démettre bénéficie de "statuts qui le protègent". Et de juger que la démission de Nicolas Sarkozy après une déroute électorale en 1999 "s'inscrivait dans notre tradition".

- Baroin, Bussereau et Morin favorables -

 
Absent lundi du bureau politique, dont il a critiqué la tenue "prématurée", M. Larcher a préféré lancer son initiative mardi matin sur Franceinfo, proposant "aux présidents de groupe parlementaire, aux présidents des trois grandes associations d'élus" de se retrouver "la semaine prochaine" pour "reconstruire un projet qui rassemble la droite et le centre".
"Je ne peux pas me résoudre à ce que Les Républicains n'incarnent qu'un segment qui aujourd'hui pèse 8%", "un segment conservateur", a averti M. Larcher, qui avait marqué de vives réserves sur le profil de la tête de liste François-Xavier Bellamy avant de dire s'être "trompé" et de participer activement à la campagne.
La "démarche" a reçu l'assentiment rapide de François Baroin (président de l'Association des maires de France), selon son entourage, de Dominique Bussereau (président de l'Assemblée des départements de France) et d'Hervé Morin (président des Régions de France).
A l'Assemblée, le patron des députés LR Christian Jacob, soutien de M. Wauquiez, a lui aussi donné son aval, émettant cependant des réserve sur une "démarche sans doute un peu trop +élus locaux+".
Lors de cette réunion de groupe, le député Aurélien Pradié a notamment évoqué l'image "d'insincérité" de Laurent Wauquiez dans l'opinion publique. Le patron de LR 
"Il ne s'agit pas de demander des têtes au bout d'une pique" mais de procéder à un "aggiornamento idéologique" au sein de LR, a fait valoir le vice-président Guillaume Peltier.
Les sénateurs LR ont de leur côté  "approuvé la démarche de rassemblement lancée et présentée devant le groupe par Gérard Larcher".

- "Sacré défi" -

 
Fin de non-recevoir, en revanche, du président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde. "Je comprends que la droite française est en crise. Mais ce n'est pas mon affaire", a-t-il déclaré.
En lançant sa démarche, M. Larcher avait cité LR mais aussi l'UDI, "un certain nombre d'élus qui nous ont quittés ou sont indépendants". "Moi, je parle avec Xavier Bertrand, comme je parle avec Hervé Morin, comme je parle avec Laurent Wauquiez".
Autant de troupes de la droite et du centre dispersées depuis la défaite à la présidentielle de 2017, siphonnées par Emmanuel Macron et Édouard Philippe et qu'il convient de "rassembler" en vue des élections municipales. Or rassembler, pour Laurent Wauquiez, "c'est un sacré défi", juge le président du Sénat.
"Xavier Bertrand est un des talents de notre famille politique, il est anormal aujourd'hui qu'on n'ait pas de lien d'échange et en tout cas de reconstruction avec lui, avec Valérie Pécresse, avec les autres également, les centristes bien entendu, l'UDI, les libéraux", a relevé Damien Abad, deuxième vice-président de LR.
Dans la majorité, le président du groupe MoDem Patrick Mignola a dit regretter "que la panique à droite fasse oublier que les associations d’élus locaux sont pluralistes et n’ont pas vocation à participer ès qualité à des initiatives partisanes". 

le Mardi 28 Mai 2019 à 06:12 | Lu 313 fois