Tahiti Infos

L’instit’ aux méthodes “old school” condamnée


Tahiti, le 27 mai 2025 - Une enseignante était jugée ce mardi au tribunal correctionnel de Papeete pour violences aggravées sur des élèves de CP. Une plainte avait été déposée par un parent d’élève au mois de mai 2019. La prévenue a été condamnée à 6 mois de prison avec sursis.
 
La liste est longue. Interrogés après qu’une plainte a été déposée, des élèves en classe de CP au moment des faits (2019), ont détaillé les méthodes de leur enseignante : les claques sur la tête, les coups de pied aux fesses et les coups de règle, les oreilles tirées, les jets de crayons. “Elle frappait un peu fort”, ont-ils déclaré. “Ça faisait carrément mal. Il y en a même une qui a changé d’école.”
 
Faire “toc-toc” sur la tête
 
“Tout cela a-t-il bien existé ? Vous reconnaissez ?”, a interrogé le président du tribunal ce mardi lors de l’audience. La prévenue, a répondu à demi-mots, “et du bout des lèvres” a commenté la procureure. Elle a rapporté avoir plutôt “posé les doigts sur les tempes”, “fait toc-toc” sur la tête des élèves. Elle a évoqué des “rappels à l’ordre” dans une classe difficile.
 
En guise d’explication, l’avocat de la prévenue a replacé les faits dans un contexte personnel global. En 2017, l’enseignante a divorcé, elle s’est retrouvée dans une situation financière “difficile”. Son fils a développé une psychose. Il a été hospitalisé d’office. Il a en plus souffert d’un cancer. “Ma cliente, elle aussi, se bat contre un cancer depuis 2015.”
 
Une enseignante fragilisée
 
D’un point de vue professionnel, elle a été mutée dans une classe en Rep+ (quartiers ou secteurs isolés connaissant les plus grandes concentrations de difficultés sociales ayant des incidences fortes sur la réussite scolaire) “sans aide particulière”. Autant d’éléments qui l’auraient “fragilisé”, elle, “la fonctionnaire dévouée”, forte d’une carrière sans vague de 40 ans. “On peut tous commettre des erreurs dans un contexte très particulier.”
 
La prévenue est, depuis la plainte, suivie par un psychiatre. Cette démarche, engagée à son initiative, l’aurait aidé à prendre conscience de la violence des faits. Elle enseigne toujours, épaulée au quotidien dans sa tâche par une assistante. Il lui reste à enseigner une année scolaire avant de prendre sa retraite.
 
L’avocate des parties civiles (élèves et parents) s’est dit “déçue” par la prévenue qui n’a pas reconnu l’ensemble des faits. “Certes, les enfants aujourd’hui avancent”, ils ont dépassé la peur qu’ils ont pu ressentir cette année-là en franchissant les portes de l’école, mais les préjudices sont bien là.
 
La procureure pour sa part avoue être restée sur sa faim. “Nous n’avons pas eu, lors de cette audience, les raisons fondamentales du passage à l’acte.” Les éléments, selon elle, n’ont pas été “satisfaisants”. Les gestes de l’enseignante relèvent “d’un autre temps”. Surtout, la prévenue reste “fragilisée”. Même si les faits datent, qu’ils sont “circonscrits dans le temps” et qu’ils ne concernent qu’un nombre réduit d’élèves, elle a émis un doute sur la capacité de l’enseignante à mener à bien ses missions. Elle a requis 6 mois d’emprisonnement avec sursis, obligation de soin et d’indemnisation des victimes.
 
Reconnue coupable par le tribunal, mardi, pour les faits qui lui sont reprochés l’enseignante a été condamnée à 6 mois avec sursis, et obligation d’indemniser les victimes.
 

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 28 Mai 2025 à 11:52 | Lu 1509 fois