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L’avenir des infirmiers suspendu au Conseil des ministres de mercredi


L’avenir des infirmiers suspendu au Conseil des ministres de mercredi
PAPEETE, lundi 17 décembre 2012. Après plusieurs semaines de mobilisation contre la baisse de 5% de leurs tarifs, imposée par la CPS, les infirmiers libéraux ont, manifesté de nouveau, ce lundi matin dans Papeete. Une opération escargot depuis Arue leur a permis d’obtenir un rendez-vous à la vice-présidence. Ils en sont sortis avec quelques espoirs en plus. Malgré la pluie, la vingtaine d’infirmiers et d’infirmières s’est d’abord rassemblée sur le stade d’Arue. Le cortège est ensuite parti à petite vitesse pour traverser Papeete jusqu’au siège de la vice-présidence, après une petite demi-heure. «Nous n’avons pas bloqué réellement la circulation, seulement ralentie» témoigne une infirmière. «Nous pensions venir pour un Conseil des ministres, mais nous avons appris qu’il n’y en avait pas aujourd’hui» précise Jérôme Fernandez, le président du syndicat des infirmiers libéraux de Polynésie française (SILPF). Pas question de se laisser abattre, ni par la pluie ni par le déplacement du président Oscar Temaru hors du territoire. Les infirmiers libéraux veulent être entendus au plus haut niveau et ils le seront. La ténacité finit par donner des résultats, de même que le poids des 10 000 signatures recueillies sur la pétition qui circule depuis le 26 novembre. Ces milliers de signatures venant de la population, des patients et même de certains élus sont les preuves pour le SILPF que leur combat est entendu, soutenu. «Nos patients particulièrement ont bien compris que si nos tarifs baissaient encore de 5% comme il est prévu en 2013, ce sont eux qui vont en pâtir les premiers, car certains infirmiers sont tentés de stopper leur activité. Nous ne nous battons pas seulement pour le maintien de nos salaires, mais aussi pour que le système de santé perdure et nous remercions chaleureusement tous ceux qui ont signé la pétition à ce sujet» assure Jérôme Fernandez.

Les 40 minutes d’entretien avec le vice-président ont visiblement permis aux infirmiers libéraux d’exposer la réalité de leur profession
. Mi novembre, ces professionnels de santé, maillon indispensable du réseau de santé, notamment pour les soins à domicile, apprenaient que leurs tarifs étaient baissés, sur décision de la CPS de 5%, alors qu’ils avaient subi une première baisse il y a deux ans, et qu’une précédente avait été actée déjà en 1995. Or, pendant ce temps, leurs charges n’ont cessé d’augmenter : frais de carburants notamment et les cotisations sociales aussi. «Dans les îles, les indemnités kilométriques pour les infirmiers libéraux ont été divisés par neuf. C’est énorme. Certains, au cours des dernières années, ont déjà perdu entre 15 et 30% de leur rémunération» détaille Jérôme Fernandez. Avec cette menace de baisse des tarifs des soins infirmiers de 5% pour 2013 ce sont d’autres difficultés que le Pays doit envisager, car certains professionnels pourraient abandonner leur activité et leurs tournées de soins. S’il y a moins d’infirmiers, particulièrement dans les îles, les prolongations d’hospitalisations seront plus nombreuses et les évacuations sanitaires aussi. Des arguments que le vice-président Antony Geros aurait pris en compte. Bien entendu, rien n’a été décidé sur cette unique rencontre. «Il s’est engagé à défendre le dossier dès qu’il aura reçu tous les éléments de la Caisse de prévoyance sociale à ce sujet. A la lumière des données de la CPS, il va essayer de trouver une solution pour que nos tarifs soient gelés et ne subissent pas cette baisse de 5%. Ce n’est pas un exercice facile, mais cela pourrait être annoncé dès le prochain Conseil des ministres de mercredi» témoigne Jérôme Fernandez, devant la quinzaine d’infirmières libérales qui a attendu l’issue de cette rencontre. Un rendez-vous impromptu jugé «plutôt positif» par le syndicat des infirmiers qui explique qu’en 2012 les tarifs des médecins ont été maintenus, que ceux des sages-femmes ont été revalorisés de 2%, alors que ceux des infirmiers sont de nouveau sur la sellette. «On maintient la pression et on fait en sorte que l’on ne nous oublie pas».

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 17 Décembre 2012 à 17:29 | Lu 1197 fois