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L'avenir de BlackBerry, plus incertain que jamais


L'avenir de BlackBerry, plus incertain que jamais
MONTREAL, 16 décembre 2011 (AFP) - Retard du lancement du BlackBerry 10, échec de la tablette PlayBook, refus de sang neuf à la tête du groupe: l'avenir du fabricant du téléphone intelligent canadien, Research in Motion (RIM) apparaît plus incertain que jamais.

Au lendemain de la publication d'un bénéfice trimestriel net de 265 millions de dollars, un peu supérieur à des attentes très basses, le marché a retenu trois facteurs négatifs pour l'avenir de RIM.

D'abord, le groupe canadien lui-même table maintenant sur des bénéfices et un chiffre d'affaires nettement inférieurs aux attentes des analystes pour le reste de l'exercice.

En outre, ses dirigeants ont annoncé au cours d'une conférence avec les analystes le report jusque vers la fin de l'année prochaine du lancement de la gamme BlackBerry 10 qui doit s'appuyer sur le nouveau système opérationnel QNX.

Enfin, les deux co-PDG de RIM, Jim Balsillie et Mike Lazaridis, même s'ils ont indiqué aux analystes qu'ils ne recevraient désormais qu'un salaire d'un dollar symbolique, refusent apparemment de modifier le modèle bicéphale de la direction pour y introduire de nouveaux dirigeants, comme le réclament certains actionnaires.

A la clôture des marchés vendredi, l'action de RIM chutait de 11% à la Bourse de Toronto et sur le Nasdaq à New York, se retrouvant à son plus bas depuis sept ans.

"Une déception après l'autre", résume pour l'AFP Keith Farrant, gestionnaire du fonds canadien Claret. Il refuse de se prononcer sur l'avenir de RIM, tout en estimant que "quand cela commence à dégringoler comme cela, la tendance est difficile à arrêter".

Pour lui, la question essentielle est de savoir quand arrivera le BlackBerry 10 - annoncé d'abord pour Noël 2011, puis pour le premier trimestre 2012 -, car "plus on tarde et plus on perd de parts de marchés".

L'annonce par les deux patrons de RIM de la réduction de leur salaire à un dollar "ne veut rien dire", dit encore M. Farrant. "C'est du sang neuf qu'il leur faut", mais "comme ils contrôlent autour de 10% du capital et qu'ils n'en veulent pas...".

Un autre analyste canadien, Carl Simard, président de la société de gestion de portefeuille Medici, parle d'une "descente aux enfers", tout en reconnaissant que les chiffres du 3e trimestre "ne sont pas si mauvais que cela".

"Leur modèle d'affaires est dépassé", dit-il à l'AFP. "Ils se croient capables de rivaliser avec Apple", alors qu'ils ont "déjà perdu".

Il pense que RIM devrait "se délester de ses activités manufacturières" autrement dit de la fabrication de téléphones pour se concentrer sur les logiciels et les services aux entreprises.

Les analystes américains, eux, affichent des opinions contrastées. Si le site 247WallSt.com affirme que RIM est "presque inexistant" face à Apple et Google, Barry Richards, de Paradigm Capital, relève, lui, "nombre d'éléments positifs": la croissance de la clientèle (à 75 millions, contre 70 millions au trimestre précédent), une marge d'autofinancement positive et l'absence d'endettement.

Ehud Golblum, de Morgan Stanley, décèle un "changement positif" dans le ton des managers, mais il pense qu'il risque d'arriver trop tard, alors que l'éventuelle modification du modèle d'affaires "ne sera pas évidente avant neuf ou douze mois".

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Rédigé par Par Michel VIATTEAU le Vendredi 16 Décembre 2011 à 11:57 | Lu 543 fois