
Le 13 février dernier, l’association a été dissoute par liquidation judiciaire (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 3 mars 2025 – À l’approche de la Journée internationale des droits des femmes, l’annonce de la dissolution de l’association Vahine Orama Tahiti Iti sonne comme un échec dans la prise en charge des victimes de violences conjugales à la Presqu’île. Depuis 2023, l’association faisait face à des dissentions internes, qui ont conduit à la fermeture de la permanence à la mairie de Taravao et à la perte des deux locaux d’accueil d’urgence du lotissement Mariani. Abattue, l’ancienne présidente “évincée” reste mobilisée : à 65 ans, Marie-Noëlle Epetahui continue d’héberger des femmes et des enfants chez elle, à Afaahiti.
Le numéro de téléphone de Vahine Orama Tahiti Iti diffusé sur Facebook n’est plus en service. Reconnue pour ses actions concrètes en faveur de la prise en charge des victimes de violences conjugales à la Presqu’île depuis sa création en 2010, l’association s’est fait discrète ces dernières années, durant lesquelles elle a elle-même fait face à des difficultés.
Le numéro de téléphone de Vahine Orama Tahiti Iti diffusé sur Facebook n’est plus en service. Reconnue pour ses actions concrètes en faveur de la prise en charge des victimes de violences conjugales à la Presqu’île depuis sa création en 2010, l’association s’est fait discrète ces dernières années, durant lesquelles elle a elle-même fait face à des difficultés.
Une “hémorragie” financière
La joie et le soulagement associés à l’attribution d’un centre d’hébergement d’urgence dans le lotissement Mariani en 2022 ont été de courte durée : aujourd’hui, les fare 1 et 2 sont vides et les jardins sont en friche. Le partenariat avec l’Office polynésien de l’habitat (OPH) et la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE) a été mis à mal par des dissensions internes à l’association, à l’origine de son implosion. “L’équipe avait toujours été soudée, jusqu’au moment où il a fallu mettre un cadre professionnel en raison des financements publics pour le loyer et le budget de fonctionnement. De nouvelles personnes sont entrées dans l’association et on n’arrivait plus à s’entendre”, confie Rachaël Bourtache, dont la mère, Marie-Noëlle Epetahui, aurait été “évincée” de la présidence de Vahine Orama Tahiti Iti en juin 2023.
Une nouvelle présidente a été élue et les problèmes se sont accumulés, la nouvelle équipe en place accusant l’ancienne équipe fondatrice de tous les maux, et vice versa, donnant lieu à plusieurs procédures judiciaires et démissions, ainsi qu’à la fermeture de la permanence à la mairie de Taravao.
En septembre de la même année, le bureau a été renouvelé une seconde fois. Les rênes de l’association ont été confiées à Rachaël Bourtache, qui a fait face à une “hémorragie” avec des impayés au niveau du loyer, mais aussi du salaire des agents embauchés entre-temps. “Malgré une ultime tentative de rassemblement d'une nouvelle équipe, le ministère ne nous a pas suivis, et la convention de financement pour 2023 n'a pas été respectée. La seconde partie des fonds n’ayant pas été attribuée, l’association s’est retrouvée dans une situation financière critique”, écrit-elle, tout en questionnant “le soutien apporté aux structures investies dans des missions d'intérêt général”.
Retour à la case départ
Le 13 février dernier, la dissolution de l’association a été actée au terme d’une procédure de liquidation judiciaire. Une triste fin, synonyme de retour à la case départ pour Marie-Noëlle Epetahui, au service des femmes battues depuis près de vingt-cinq ans.
Car pendant ce temps-là, les violences conjugales ne se sont pas arrêtées, bien au contraire. “Je continue à accueillir des victimes chez moi. Depuis dimanche après-midi, j’ai une dame et trois enfants qui sont venus se mettre en sécurité à la maison. Le titre de présidente, ça n’a pas d’importance pour moi : ce qui compte, c’est ma mission d’accompagnement et d’écoute des mamans et des familles brisées”, explique-t-elle. Malgré cette situation précaire, la bénévole assure avoir gardé le lien avec ses principaux partenaires, comme la gendarmerie et l’hôpital, faute d’alternative en matière d’hébergement d’urgence au sud de Tahiti. Chaque année, Vahine Orama Tahiti Iti prenait en charge des dizaines de femmes et enfants, et recevait des appels de détresse quasi quotidiens.
Contacté ce lundi, le ministère des Solidarités n’a pas donné suite à notre demande d’interview dans l’immédiat.