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L’aquaculture de bénitier à Tatakoto : un projet en bonne voie


La direction des ressources marines (DRM), l’Université de Polynésie française (UPF), l’Institut de Recherche et de Développement (IRD) et le CRIOBE-CNRS ont effectué une mission sur l’île de Tatakoto aux Tuamotu, visant à assurer une exploitation et une co-gestion durable de la ressource en bénitiers. Cette île est depuis toujours réputée pour son stock naturel important en bénitier, une aubaine pour la population qui envisage néanmoins de développer une activité durable. Pour rappel, le bénitier fait partie des espèces protégées au plan international par la C.I.T.E.S et, plus connue sous le nom de « convention de Washington ».

Le collectage de bénitier, une autre forme d’exploitation :

C’est au cours de sa dernière mission effectuée à Nouméa que le ministre des ressources marines, Temauri Foster a reçu un avis favorable du Secrétariat de la Communauté du Pacifique, quant à sa demande d’intégration du projet de collectage de bénitiers aux Tuamotu, au sein du CRISP ( programme pour la protection et la gestion des récifs coralliens dans le Pacifique) . Ainsi, 12 stations de collectage financées par le programme CRISP à Tatakoto et Reao ont été posées par les équipes de la DRM, la commune de Tatakoto, et les aquaculteurs. Au final, ce sont 185 m² de station de collectage de bénitiers qui ont été posées dans le lagon de Tatakoto. Sur la base des données d’il y a 10ans, ils pourraient espérer récolter entre 20 000 à 80 000 naissains. Ces données sont à relativiser du fait d’un taux de mortalité élevé constaté durant la saison chaude de l’année 2009. Aussi, dans un souci d’unir leurs efforts de pionniers, les aquaculteurs de Tatakoto ont émis le souhait de créer une coopérative de collecteurs.
Si l’aquariophilie représente une niche intéressante, le marché de la chair à l’exportation pourrait se révéler bien plus porteur. Et, dans une perspective de développement durable, la formation des porteurs de projets, assurée par la DRM, demeure une composante essentielle.

Pas de croissance sans recherche et développement :

Dans le cadre du programme de recherche « approche intégrée de la filière d’exploitation du bénitier (Tridacna maxima) en Polynésie française » ou IBENI, les équipes de scientifiques ont pu effectuer des prélèvements et réaliser des enquêtes qui permettront de dresser un bilan des usages du lagon, du stock ainsi qu’un état sanitaire des bénitiers du lagon de Tatakoto. IBENI est financé par le Ministère de l’Outre-Mer et conduit par l’Université de Polynésie française avec la collaboration de partenaires tels que la DRM, l’IRD, le CRIOBE-CNRS et l’Ifremer. Les résultats de ces recherches seront un atout pour le développement de cette activité. Ils devront toutefois être complétés par d’autres travaux scientifiques, techniques et socio-économiques, notamment si l’on envisage d’exporter de façon durable ce produit pour sa consommation.

Un plan stratégique de gestion et d’exportation durable de la ressource :

Validé par le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), autorité scientifique de la CITES, un plan stratégique de gestion et d’exportation durable de la ressource intègre le suivi des exportations, la mise en place de zones de pêche réglementée (ZPR) et le développement du collectage sur les trois lagons prioritaires de Tatakoto, Reao et Tubuai.
Dans le cadre de cette mission, les équipes en charge du suivi du plan stratégique ont pu constater que depuis 2003 les expéditions de bénitiers sauvages depuis l’île de Tatakoto ont été suivies par un agent de police de la municipalité. Concernant la mise en place de ZPR, depuis 2004 ce sont pas moins de 50 hectares, soit 2,8% du lagon qui ont été classées ZPR avec une volonté unanime de la population et des pouvoirs publics d’étendre cette ZPR. Enfin, le développement du collectage des bénitiers qui vient d’être lancé à Tatakoto et à Reao évoluera en fonction de la volonté des acteurs locaux et de la demande extérieure, que ce soit le marché de l’aquariophilie ou celui de la consommation.
L’objectif à terme est de substituer l’exploitation de bénitiers sauvages au profit de bénitiers d’élevages.






Préparation des stations de collectage.
Préparation des stations de collectage.

Un plongeur prêt à immerger l'une des stations de collectage de bénitier.
Un plongeur prêt à immerger l'une des stations de collectage de bénitier.

crédit photo de Melle Nabila Gaertner représentant l'UPF
crédit photo de Melle Nabila Gaertner représentant l'UPF

Rédigé par communique MRM le Lundi 12 Mars 2012 à 08:54 | Lu 2361 fois