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L'ancienne formule du Levothyrox de retour dans les pharmacies, "au compte-gouttes"


Paris, France | AFP | lundi 02/10/2017 - Après les nombreuses plaintes provoquées par les effets secondaires de sa nouvelle formule, l'ancien Levothyrox a fait son retour lundi dans les pharmacies, mais le nombre de boîtes limité fait déjà craindre un risque de pénurie.

"Je n'ai même pas reçu une boîte de chaque dosage", constate auprès de l'AFP Michel Duval, pharmacien à Rennes, au terme d'une journée que nombre de ses confrères appréhendaient: "Certains patients sont compréhensifs, beaucoup pas du tout parce qu'ils ont entendu à la radio, à la télé qu'il y en aurait dans toutes les pharmacies".
"C'est donné au compte-gouttes, on ne sait même pas s'il y en aura demain donc je ne peux rien leur promettre", déplore-t-il.
Sur les réseaux sociaux, d'autres pharmaciens se plaignaient d'un approvisionnement trop réduit et assuraient ne pas parvenir à joindre leurs grossistes, saturés de demandes.
Importée d'Allemagne, l'ancienne formule de ce médicament pour la thyroïde est disponible depuis lundi sous le nom d'Euthyrox. 
Fabriqué par le laboratoire Merck, comme le Levothyrox, l'Euthyrox est disponible "pour une durée et des quantités limitées (130.000 boîtes de 100 comprimés en 8 dosages)" pour les 22.000 pharmacies de France, a souligné l'Agence du médicament ANSM.
Selon l'Agence, les médecins ne doivent donc prescrire l'Euthyrox qu'en "dernier recours", aux patients qui se plaignent d'effets secondaires (crampes, maux de tête, vertiges, perte de cheveux) liés au nouveau Levothyrox.
Problème: "Nous avons des remontées qui montrent que ce n'est pas forcément ce qui se passe", a affirmé dans la journée à l'AFP le directeur général de l'ANSM, Dominique Martin.
 

- 'Pas assez de boîtes' -

 
"Il faut réserver l'Euthyrox à ceux pour qui il n'y a pas d'alternative", insiste-t-il. "S'il était épuisé très rapidement, des gens qui en ont vraiment besoin ne l'auraient pas dans les jours qui viennent".
L'ANSM a fait parvenir lundi matin un document d'information aux professionnels de santé. Il stipule que les ordonnances doivent mentionner le nom "Euthyrox" et être postérieures au 14 septembre pour rendre possible la délivrance de ce médicament
Les autorités de santé estiment à plus de 9.000 le nombre de signalements pour effets indésirables visant la nouvelle formule du Levothyrox, commercialisée depuis mars.
Au total, trois millions de patients prennent du Levothyrox en France (premier marché mondial) pour soigner l'hypothyroïdie ou après une opération de cancer de la thyroïde. 
Chantal L'Hoir, de l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT), estime que cette journée ne s'est "pas bien" passée.
"Les pharmaciens n'ont pas assez de boîtes (et) je n'accepte pas le caractère temporaire" de cette remise à disposition de l'ancienne formule, déplore Mme L'Hoir.
Une pétition lancée cet été revendique 294.500 signatures. Plusieurs procédures judiciaires sont par ailleurs en cours.
 

- 'Repousser le problème' -

 
Pour Alain Delgutte, de l'Ordre des pharmaciens, la mise à disposition temporaire de l'Euthyrox équivaut à "repousser le problème" puisque "tôt ou tard, cette formule sera supprimée".
Merck entend en effet généraliser le recours à la nouvelle formule: la France est le premier pays où elle a été introduite mais le laboratoire avait indiqué à l'AFP début septembre que des procédures d'homologation étaient en cours ailleurs.
La nouvelle formule du Levothyrox a été réclamée par l'ANSM au laboratoire en 2012 afin, selon elle, de rendre le produit plus stable dans le temps. Le changement ne porte pas sur le principe actif mais sur d'autres substances, les excipients.
Face à la colère de patients signalant des effets secondaires, la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait annoncé le 15 septembre le retour sous quinze jours de l'ancienne formule avant l'arrivée de médicaments alternatifs.
Selon l'ANSM, un autre médicament, le L-Thyroxin Henning (laboratoire Sanofi), sera disponible à partir de mi-octobre.
Un médicament sous forme de gouttes, la L-Thyroxine (laboratoire Serb), existe également, mais est prescrit en priorité aux enfants et aux personnes qui ont des troubles de la déglutition.
Dominique Martin a annoncé à l'AFP lundi que l'arrivée d'un autre médicament équivalent était étudiée pour novembre: "C'est un médicament utilisé dans un pays européen, qui n'a pas les mêmes excipients" que le nouveau Levothyrox.

Perquisition au siège du laboratoire Merck à Lyon

Une perquisition était en cours mardi au siège français à Lyon du laboratoire allemand Merck, fabricant du médicament Levothyrox dont la nouvelle formule fait l'objet de plaintes concernant de lourds effets secondaires, a-t-on appris de source proche de l'enquête, confirmant une information du Progrès.
Merck a confirmé que la perquisition était actuellement en cours à son siège lyonnais, assurant que celle-ci était "attendue" et que le laboratoire y collaborait "activement".
Cette perquisition est menée depuis 09H00 par les gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp) dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte pour "tromperie aggravée, atteintes involontaires à l'intégrité physique et mise en danger de la vie d'autrui". Fin septembre, 62 plaintes ont été déposées et confiées au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Marseille.
Ces investigations sont réalisées "sous la tutelle de deux magistrats de Marseille, dans les trois établissements du siège de Merck situés à Lyon et dans sa banlieue", a précisé à l'AFP le procureur de Marseille Xavier Tarabeux, ajoutant qu'aucune audition ou garde à vue n'était prévue pour l'heure.

le Mardi 3 Octobre 2017 à 04:55 | Lu 308 fois