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L'aide-soignante empoisonneuse évoque "un processus délirant"


Chambéry, France | AFP | vendredi 12/05/2017 - L'aide-soignante jugée depuis mardi par la cour d'assises de Savoie pour avoir empoisonné des pensionnaires d'une maison de retraite près de Chambéry a évoqué "un processus délirant, incompréhensible", vendredi au quatrième jour de son procès.

L'accusée, âgée de 34 ans, a été longuement interrogée sur les faits, répondant avec calme et sur un ton monocorde, de sa petite voix enfantine. "A ce jour, j'ai conscience que ça a vraiment été une folie, que je n'arrive pas encore forcément à expliquer. Je voulais que toutes ces personnes aillent mieux, être reconnue comme la personne qui les a soulagées", a-t-elle dit.
Détenue depuis sa mise en examen fin 2013, elle comparaît pour avoir empoisonné, en 2012 et 2013, 13 pensionnaires de la maison de retraite où elle travaillait, âgés de 76 à 96 ans, en leur administrant des cocktails de psychotropes. Dix avaient trouvé la mort.
"Je faisais plus attention aux personnes que je sentais tristes. J'avais le sentiment que ces personnes n'étaient pas bien, pas heureuses", a-t-elle poursuivi, évoquant "un processus délirant, incompréhensible".
Elle prenait l'initiative "d'aller à l'infirmerie, pour faire ces mélanges" toxiques de médicaments, qu'elle administrait ensuite à ses victimes en solution liquide, dans un verre. "Je sais que ce que je fais est mal et à la fois, j'ai quelque chose qui me pousse à aller le faire", analyse-t-elle a posteriori.
À l'époque, une leucémie aiguë est diagnostiquée à sa mère, qui lui sera fatale. "J'étais dans un état de souffrance, de mal-être. Je supportais de moins en moins de voir les résidents ralentir", souligne l'accusée, qui dit ne pas se souvenir des recherches faites alors sur internet sur les médicaments et la mort par empoisonnement.
A la demande de son avocat, Me Thomas Bidnic, elle s'est tournée vers les parties civiles en fin d'audition : "Non, je n'ai absolument pas voulu donner la mort, ce n'était pas du tout mon but, c'étaient des personnes que j'appréciais".
Elle a maintenu qu'elle était responsable de onze empoisonnements mais pas de ceux visant Mathias Carle et Joséphine Pachoud, décédés à 86 et 89 ans après des malaises et résidant au rez-de-chaussée de la maison de retraite, elle-même travaillant à l'étage.
Le procès reprendra lundi matin avec l'audition des membres de la famille de Ludivine Chambet. Le verdict est attendu le 24 mai. L'accusée encourt la réclusion à perpétuité.

le Vendredi 12 Mai 2017 à 05:26 | Lu 375 fois