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L’accusé pardonné par son ex-belle-famille


Tahiti, le 29 avril 2025 - Le procès du père accusé de tentative d’assassinat envers son fils se poursuit à la cour d’assises de Papeete. Une deuxième journée d’audience marquée par des témoignages renversants de l'entourage de l'accusé et de la victime. Et pour cause : à la barre, la famille s’est dit prête à pardonner le père qui “a déjà trop souffert”.
 
Ce mardi, s’est tenue la deuxième journée du procès concernant la tentative d’empoisonnement d’un jeune homme par son père, survenue en mars 2022. Pour rappel, à cette date, le père de famille avait tenté d’assassiner son fils en le forçant à ingérer une dose importante d’anxiolytique. Une tentative avortée. De ses premiers aveux, retrouvés sur des écrits lors de l’enquête, l’homme aurait voulu mettre fin à ses jours et à ceux de son fils car il les jugeait habités par un mal irréversible, un trouble psychologique aigu concernant son garçon. Un mal peut être, mais une douleur assurément. Le jeune homme de vingt ans a mis fin à ses jours le 8 avril dernier à seulement trois semaines du procès. 
 
La deuxième journée d’audience avait donc pour but de cerner l’accusé, ses motivations, et surtout son état psychologique au moment des faits. S’étant autoproclamé “violeur” ou “meurtrier” dans des écrits perquisitionnés lors de l’enquête, l’homme semble avoir accentué certains traits de sa personnalité. Appelées à la barre, son ex-compagne [la mère de la victime NDLR], sa femme – avec qui il semble être encore en couple, finalement – et sa mère, dressent un seul et même portrait, celui d’un homme gentil, aimant, altruiste même. Concernant les viols présumés qu’il aurait commis sur ces deux compagnes, ces dernières assurent ne pas les avoir subis. Et si les relations avec son fils étaient indéniablement conflictuelles, l’ensemble des témoignages et éléments de l’enquête attestent d’une volonté du père de prendre en charge son fils dès lors qu’il en a eu les moyens.
 
Une affection indéniable envers son enfant confirmée également par son ex-beau-père, grand-père de la victime : “Il l'a toujours gâté”, assure ce dernier. “Je pense même qu'il l'a trop gâté. C'est son défaut. (...) Mon petit-fils a changé lorsqu'il est arrivé en 5ème-4ème. Il avait des mauvaises fréquentations. Il est tombé dans la drogue et à partir de là il a changé.” Un témoignage qui remet en question la position de la victime, un fils jusque-là présenté comme étant manipulé par son père. Et le grand-père va même plus loin : “Je voudrais m'adresser au père de mon petit-fils...au nom de toute notre famille, je te pardonne. On te pardonne.” Insensible jusqu'à ce moment précis du procès, le père de la victime s'est autorisé à pleurer, enfin.
 
Ex-gendarme, l’homme a également surpris ses anciens coéquipiers par suite de cette affaire : “Ce n’était pas quelqu’un qui s’ouvrait sur sa vie personnelle”, a expliqué son supérieur hiérarchique de l’époque avant de souligner : “D’un point de vue professionnel, il n’y avait rien à dire. (…) Il n’avait pas de comportement déplacé, même lors d’interventions. (…) Nous avons tous été surpris lorsque l’affaire a éclaté.” Un ensemble de témoignages qui est venu semer le doute quant à la suite du procès. D'autant que, du côté des experts, les diagnostics semblent contradictoires. La psychologue de l'enquête affirmant que l'accusé ne souffrait d'aucune dépression au moment des faits, tandis que la psychiatre se perdait en explication, ne sachant plus si il s'agissait d'une altération ou d'une abolition du discernement. Quoiqu'il en soit, la décision sera rendue ce mercredi 30 avril lors du troisième et dernier jour de procès.

Rédigé par Wendy Cowan le Mardi 29 Avril 2025 à 18:46 | Lu 3457 fois