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L'UE face à la récession provoquée par le coronavirus, près de 184.000 morts


Bruxelles, Belgique | AFP | jeudi 23/04/2020 - Les dirigeants de l'Union européenne tentaient jeudi de surmonter leurs divisions pour affronter la récession provoquée par la pandémie de coronavirus, qui a fait près de 184.000 morts dans le monde et devrait peser durablement sur la vie de milliards de personnes.

Plusieurs pays européens, encouragés par des signes d'amélioration sur le front de la maladie malgré un bilan toujours très lourd, ont commencé à alléger les mesures de confinement imposées à leur population et à faire redémarrer l'activité économique, tombée à un niveau historiquement bas.

Le PIB de l'UE devrait enregistrer une chute record de 7,1% cette année, selon les prévisions du FMI. En zone euro, l'activité du secteur privé s'est effondrée en avril à un rythme "sans précédent", selon le cabinet Markit, qui estime que cela préfigure "d'une contraction trimestrielle de l'économie de la zone euro de l'ordre de 7,5%".

Face à ces chiffres, les dirigeants de l'Europe travaillent à un plan de relance, alors que le continent déplorait jeudi à 11H00 GMT 113.855 décès.

Quelques heures avant leur réunion en vidéoconférence, la chancelière allemande Angela Merkel s'est engagée à faire preuve de solidarité en contribuant davantage au budget de l'UE, même si elle a de nouveau exclu toute mutualisation des dettes nationales.

En Allemagne, la plupart des magasins d'une surface inférieure à 800 m2 ont rouvert lundi. Bars, restaurants, lieux culturels, terrains de sports demeurent donc encore fermés.

"Aller trop vite serait une erreur", a estimé Angela Merkel alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde une nouvelle fois mercredi contre tout relâchement dans la lutte contre le coronavirus, dont elle craint une deuxième vague de contamination.

L'Autriche, la Norvège ou le Danemark sont aussi engagés sur la voie de l'assouplissement de leurs mesures, tandis que l'Italie, la France, la Suisse, la Finlande et la Roumanie préparent un prudent déconfinement.

Aux Etats-Unis, qui avec 46.583 morts, est le pays le plus endeuillé au monde par le Covid-19, l'Etat de Géorgie a décidé de rouvrir dès vendredi ses salons de tatouage, de soins esthétiques et les salles de gym. Lundi, ce sera au tour des cinémas et des restaurants, qui devront imposer de strictes mesures de distance sanitaires.

Cette décision a suscité les réticences y compris du président Donald Trump, pourtant impatient de "redémarrer" l'économie de la première puissance mondiale

Le Vietnam, qui enregistre officiellement zéro décès et moins de 300 cas, commence aussi à sortir du confinement. Dès les premiers jours de février, il avait suspendu tous ses vols vers la Chine et verrouillé sa frontière terrestre, longue de 1.300 kilomètres, avec la République populaire.

En revanche, au Royaume-Uni, le chef des services sanitaires, Chris Whitty, a douché les espoirs de ceux qui espéraient que Londres allait suivre cette tendance à court terme.

Crise sanitaire secondaire

Un organisme d'aide au développement, le Groupe des investisseurs du mécanisme de financement mondial, a dit craindre jeudi que la pandémie de Covid-19 se double d'"une crise sanitaire secondaire" qui toucherait en particulier les femmes et les enfants.

Avec les restrictions de mouvements, la pénurie d'équipements de protection pour les soignants et les pertes de revenus, les accouchements assistés ou les vaccinations des enfants sont en particulier touchés. Or ce sont "parmi les principaux moteurs de la récente réduction mondiale de la mortalité maternelle et infantile", note cet organisme financé par la Banque mondiale.

En début de semaine, l'ONU s'était elle alarmée d'une "catastrophe humanitaire mondiale", avec un nombre de personnes souffrant de famine qui risque de doubler pour atteindre "plus de 250 millions d'ici la fin de 2020".

Sept personnes ont été blessées mercredi à Cumana, au Venezuela, lors d'une manifestation pour réclamer de la nourriture qui a dégénéré en "pillage" de commerces.

"Nous n'avons ni gaz, ni eau et rien à manger (...) Il n'y a pas d'essence pour les transports", a déclaré à l'AFP Freddy Mago, un agriculteur qui s'est joint aux manifestants.

Alors que le ramadan doit débuter, le président du Tadjikistan, pays qui assure être épargné par la pandémie, a appelé jeudi à ne pas jeûner afin de ne pas se rendre vulnérable aux "maladies infectieuses".

En Afrique, pas Pata Pata

En Afrique, de nombreux Etats ou des chaînes privées ont lancé des programmes de télé-enseignement pour tenter de compenser la fermeture des établissements scolaires et universitaires.

"C'est pour éviter que le Covid-19 gagne là où ça fera le plus mal, dans le domaine du savoir. Que les enfants ne désapprennent pas même s'ils restent à la maison", affirme à l'AFP Massamba Guèye, enseignant-chercheur au Sénégal.

Le tube planétaire de la chanteuse anti-apartheid sud-africaine Miriam Makeba, "Pata Pata" -qui signifie "touche touche" dans plusieurs langues sud-africaines- a été adapté avec de nouvelles paroles pour aider à combattre la propagation du coronavirus.

Les paroles de cette chanson au refrain lancinant, sortie en 1967 et devenue un des symboles de la lutte de libération sud-africaine, disent désormais: "En cette époque de coronavirus, ce n'est pas le temps du toucher... Tout le monde peut aider à combattre Covid-19. Restez à la maison et attendez... Ce n'est pas du pata-pata... Nous devons garder nos mains propres".

La Chine a annoncé jeudi qu'elle verserait 30 millions de dollars supplémentaires à l'OMS, après le désengagement américain dans l'institution la semaine dernière.

"Cela servira notamment à la prévention et au contrôle de l'épidémie de Covid-19 et à soutenir le développement des systèmes de santé dans les pays en développement", a déclaré Geng Shuang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

le Jeudi 23 Avril 2020 à 04:41 | Lu 552 fois