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L'OMC prévoit un net ralentissement du commerce l'an prochain


MARTIAL TREZZINI / POOL / AFP
MARTIAL TREZZINI / POOL / AFP
Genève, Suisse | AFP | mercredi 05/10/2022 - L'OMC prévoit désormais un net ralentissement du commerce mondial l'an prochain, le commerce et la production étant soumis à de fortes turbulences économiques et géopolitiques interdépendantes, selon ses nouvelles prévisions publiées mercredi.

Les économistes de l'OMC tablent actuellement sur une croissance du volume du commerce mondial des marchandises de 3,5% en 2022 – soit légèrement supérieure à la hausse de 3,0% prévue en avril ce qui s'explique principalement par des révisions statistiques et la disponibilité de nouvelles données.

Mais ils prévoient une augmentation de 1,0% pour 2023 – chiffre en forte baisse par rapport à l'estimation précédente de 3,4% publiée en avril.

Concernant le PIB mondial, les nouvelles prévisions prévoient une augmentation de 2,8% en 2022 et de 2,3% en 2023 (soit 1,0 point de pourcentage de moins par rapport aux prévisions précédentes pour ce dernier chiffre).

En comparaison, l'OCDE, qui a maintenu sa prévision à 3% pour 2022, a récemment annoncé tabler sur une croissance de 2,2% l'an prochain. Le FMI prévoit en revanche une croissance de 3,2% cette année, et de 2,9% en 2023.

"Le tableau pour 2023 s'est considérablement assombri", a relevé la directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, lors de la présentation des prévisions aux journalistes.

Les estimations publiées en avril paraissent "maintenant trop optimistes, étant donné que les prix de l'énergie se sont envolés, que l'inflation s'étend désormais à un plus grand nombre de secteurs et que la guerre ne montre aucun signe d'accalmie", indique l'organisation.

Si les prévisions actuelles se confirment, la croissance du commerce ralentira donc fortement en 2023, mais elle restera cependant positive.

L'OMC note toutefois qu'une grande incertitude entoure les prévisions en raison du changement de politique monétaire dans les économies avancées et de la nature imprévisible de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

Pour 2023, si les risques de dégradation venaient à se concrétisent, la croissance du commerce pourrait tomber jusqu'à -2,8%, mais en cas de bonnes surprises, elle pourrait atteindre jusqu'à 4,6%.  

- "Choix épineux" -
La semaine dernière, Mme Okonjo-Iweala, a affirmé que le monde se dirigeait vers une "récession mondiale".

"Les responsables politiques sont confrontés à des choix épineux dans leur recherche d'un équilibre optimal entre la lutte contre l'inflation, le maintien du plein emploi et la réalisation d'objectifs importants comme la transition vers les énergies propres", a-t-elle souligné mercredi.

"S'il peut être tentant de recourir aux restrictions commerciales pour remédier aux failles en matière d'approvisionnement que les chocs de ces deux dernières années ont mises en évidence, une réduction des chaînes d'approvisionnement mondiales ne ferait qu'aggraver les tensions inflationnistes, entraînant à terme un ralentissement de la croissance économique et une baisse des niveaux de vie", a-t-elle averti.

La demande d'importations devrait faiblir à travers le monde sous l'effet d'un ralentissement de la croissance provoqué par divers facteurs dans les grandes économies.

En Europe, la hausse des prix de l'énergie résultant de la guerre en Ukraine entraînera une compression des dépenses des ménages et une augmentation des coûts dans le secteur manufacturier, détaille l'OMC. 

Aux Etats-Unis, le resserrement de la politique monétaire aura des répercussions sur les dépenses sensibles aux taux d'intérêt dans les domaines du logement, de l'automobile et de l'investissement en capital fixe par exemple. La Chine reste confrontée à de nouvelles flambées de Covid-19 et à des perturbations de la production associées à une faible demande extérieure, poursuit l'OMC.

Enfin, le gonflement de la facture des importations de combustibles, de produits alimentaires et d'engrais pourrait se traduire par une insécurité alimentaire et un surendettement dans les pays en développement.

L'OMC note que les risques entourant les prévisions sont nombreux et interdépendants. 

Elle indique également qu'un durcissement excessif de la politique monétaire pourrait provoquer des récessions dans certains pays.

le Mercredi 5 Octobre 2022 à 02:34 | Lu 233 fois