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L'ISPF lance une grande enquête sur l'emploi


Jérémie Torterat, conseiller technique à l'ISPF, Hina Grepin, chef de service du SEFI et  Fabien Breuil, directeur de l'ISPF.
Jérémie Torterat, conseiller technique à l'ISPF, Hina Grepin, chef de service du SEFI et Fabien Breuil, directeur de l'ISPF.
Papeete, le 16 mai 2018 - L’Institut de la Statistique de la Polynésie française lance à partir du 22 mai une grande enquête qu'il espère devenir pérenne. Pendant six mois, 28 enquêteurs se rendront auprès de 3900 ménages à Tahiti, mais également dans les archipels, pour collecter des données sur le marché de l’emploi. Métiers, formations, contrats, chômage, conditions de travail… tout sera passé au peigne fin.

Cela fait presque un quart de siècle qu'une telle enquête n'avait été réalisée en Polynésie. En effet, la dernière enquête remonte à 1994 dans un contexte économique tout autre… Depuis le CEP a fait ses valises et la crise économique est venue jouer les trouble-fêtes.
Vingt-cinq après, c'est l’Institut de la Statistique de la Polynésie française (l'ISPF) qui se lance dans cette nouvelle aventure afin de doter la Polynésie de données précises et globales sur le marché du travail.
"A travers un panel représentatif de la société, construit à partir du recensement de 2017, nos enquêteurs vont aller à la rencontre de 3900 ménages en deux temps. 2900 ménages seront d'abord questionnés pour les îles de la Société, puis à partir de septembre, nous nous rendrons dans les quatre autres archipels pour recueillir les données de 1000 ménages. En tout, cette enquête concernera pas moins de 10 000 personnes âgées de plus de 15 ans", précise Jérémie Torterat, conseiller technique à l'ISPF, qui travaille depuis plusieurs mois sur ce projet.
Cette enquête devrait permettre à la Polynésie de disposer de statistiques actualisées sur le marché de l’emploi. Situation professionnelle présente ou passée, recherche d'emploi, formation, origines géographique et sociale…, l'ISPF va recueillir une mine d'informations. Ces données, véritables instantanés de la situation réelle de l'emploi, sont indispensables pour éclairer les problématiques très vastes de ce secteur et adapter au plus près les politiques en matière d'emploi, de parcours professionnels, de formations…


BADGE, TEE-SHIRT JAUNE ET CASQUETTE NOIRE ESTAMPILLES ISPF

Concrètement, habillés d'un tee-shirt jaune, d'une casquette noire avec l'inscription ISPF et surtout munis d'un badge, les 28 enquêteurs de l'ISPF vont se rendre dans les foyers. Ils passeront du 22 mai au 19 août à Tahiti, Moorea, Raiatea, Tahaa, Bora bora et Huahine, puis du 17 septembre au 16 décembre dans les quatre autres archipels pour 'passer au crible' la situation de chaque ménage. "Les enquêteurs vont collecter les données en direct par ordinateur, cela nous permettra de pouvoir passer à la phase d'analyse très rapidement. Ils sont soumis au secret professionnel".
Vous pouvez donc ouvrir votre porte sereinement et leur parler en toute liberté !
Mais surtout l'ISPF souhaite pérenniser cette enquête annuellement. " Nous souhaitons actualiser cette enquête tous les ans. Nous allons suivre ces individus, par renouvellement d'un tiers, cela nous permettra de suivre leur parcours, d'avoir un vaste panel et de pouvoir analyser les évolutions", conclut Jérémie Torterat.
Les premiers résultats sont attendus à la fin de l'année.

Hina Grepin, chef de service du SEFI (Service de l’Emploi, de la Formation et de l’Insertion professionnelles) :
"Cela nous permettra de réaliser un véritable travail de dentelle"

Quel est l'intérêt pour le SEFI d'une telle enquête ?
"Cette enquête est un outil de pilotage puissant qui va nous permettre d'être plus pertinents, donc plus performants. Nous pourrons objectiver, non seulement la situation du marché et de la formation professionnelle, mais également les usages et les parcours d'un demandeur d'emploi. Cet outil va nous servir en interne à affiner nos analyses, nos outils pour accompagner aux mieux les demandeurs d'emploi dans leur démarche de retour vers le marché du travail. Enfin, cet outil va nous aider à finaliser des diagnostics que l'on pourra ensuite amener aux décideurs. Ces derniers pourront ensuite déployer des politiques de l'emploi affûtées au regard de ces chiffres."

Cet outil vous manquait ?
"Tout à fait, je vais reprendre le slogan de l'enquête, c'est 'mesurer pour mieux comprendre' et je rajouterai 'mieux comprendre pour mieux agir'. Cette enquête donnera une photographie tout à fait globale des forces de travail en Polynésie aujourd'hui. Actuellement, cela repose sur le SEFI, mais tout le monde ne passe pas par le SEFI, que cela soit au niveau des offres d'emploi, mais également des demandeurs d'emploi.
Le travail engagé depuis deux ans avec l'ISPF est formidable, car logiquement nous sommes plus intelligents collectivement. Nous sommes dans une approche d'accompagnement personnalisé qualitative, mais il nous faut également du quantitatif pour unir nos forces et répondre aux besoins du Pays."

Que va apporter la mise à jour annuelle de ces données ?
"Faire une photographie à l'instant T zéro, c'est très bien, mais il est fondamental de suivre les évoluions des situations et notamment les parcours de recherche d'emploi. En faisant cette enquête annuellement, on va pouvoir qualifier ces derniers, les taux d'insertion, la pérennité dans l'emploi ou pas, l'efficacité des formations professionnelles... Cela nous permet d'avoir une approche diachronique du marché professionnel. Nous pourrons ainsi réaliser un véritable travail de dentelle."

Et dans les îles ?
Souvent, on pense Tahiti, or cette enquête va fournir des données pour les îles. Nous pourrons ainsi penser et adapter la formation professionnelle et les mesures d'aides à l'emploi en fonction des archipels éloignés."


Fabien Breuil, directeur de l'ISPF :
"Cette opération doit être pérennisée"

Pourquoi l'ISPF tenait à réaliser cette enquête ?
"Une enquête sur l'emploi est inscrite dans les gènes des personnes qui travaillent dans la statistique en métropole, car c'est l'enquête qui structure toutes les enquêtes sociales. Mes prédécesseurs, comme moi-même, avons manqué de ces informations-là. Notre rôle est d'éclairer le débat public, que ce soit pour les opérateurs, comme le SEFI, pour les politiques comme le gouvernement ou pour les individus dans leurs choix politiques.
Ces données sont vraiment manquantes dans un domaine crucial, car on voit bien en ce moment que la problématique sur la marché du travail est essentielle."

Quelle est la technique utilisée pour mener cette enquête ?
"La technique de saisie embarquée permet de réduire largement les coûts, d'aller beaucoup plus vite et d'envisager derrière de nombreuses autres enquêtes."

Qu'en est-il de la pérennité de cette enquête ?
"Dans la statistique sociale, l'enquête sur l'emploi est la brique de base placée juste après celle du recensement de la population. La mise en place de cette enquête est un investissement très lourd de la part de tous nos agents pour essayer de réduire les coûts, car nous n'avons pas demandé une augmentation de nos subventions. Nous avons puisé sur notre fonds de roulement accumulé depuis ces dix dernières années. L'Institut s'engage, prend le risque en mettant de l'argent sur la table, en espérant convaincre la population et le gouvernent que cette opération doit être pérennisée."

le Mercredi 16 Mai 2018 à 16:57 | Lu 3066 fois