Tahiti, le 14 avril 2025 - Professeure d’anthropologie génétique au Muséum national d’histoire naturelle, Evelyne Heyer mène des recherches sur l’évolution génétique et la diversité de notre espèce. De renommée internationale elle a fondé et dirigé une unité de recherche d’une centaine de chercheurs. Elle est également l’auteure d’un livre qui a rencontré un grand succès : l’Odyssée des gênes. Elle est en mission en Polynésie et donne une conférence ce mardi à l’université.
Vous êtes en Polynésie pour faire parler les gênes des Polynésiens, pouvez-vous nous dire comment ?
“Avec une collègue, nous sommes venues pour rencontrer les autorités polynésiennes et les résidents de certaines îles, leur expliquer notre travail et connaître leurs attentes. En effet, ces 20 dernières années, de nombreuses découvertes scientifiques ont été faites, grâce à l’avancée des technologies nous pouvons lire l’ADN de restes humains pour mieux connaître leur histoire, leurs déplacements, leurs origines. L’éthique nous impose de demander d’abord aux populations concernées ce qu’elles souhaitent connaître pour orienter nos recherches.”
Vous avez déjà mené ce genre de missions ?
“En 2017, nous avons travaillé à Rapa Nui. Les résultats ont été publiés en décembre 2024. La communauté de cette île souhaitait en savoir plus, notamment, sur leurs liens avec le continent américain. Nous avons, sur cette base, exploré les échantillons d’ADN dont nous disposions au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, et obtenu de précieuses réponses.”
Vous avez donc des restes humains polynésiens qui attendent de livrer leurs secrets ?
“En effet, nous en avons une centaine. Reste à savoir ce que les Polynésiens en attendent. Le grand public ne sait pas tout ce que l’on peut faire, et nous allons donc leur expliquer. Nous allons rencontrer la Direction de la culture et du patrimoine qui fait un travail formidable de son côté et qui a réussi à rapatrier, fin 2024, des ivi tupuna, des ossements humains, qui étaient entreposés jusqu’alors au Smithsonian Museum à Washington. Ils seront réinhumés cette année normalement. Avant cela, nous pourrions également étudier leur ADN pour les faire parler. Il faut savoir qu’un échantillon de 100 mg suffit ! Peu de gens savent la puissance de l’ADN ; c’est une véritable machine à remonter le temps.”
Vous dites pouvoir faire beaucoup de choses, c’est-à-dire ?
“Nous pourrions par exemple mieux comprendre le lien de la Polynésie avec l’Amérique, savoir d’où viennent les Polynésiens, nous comparerons les résultats obtenus avec ceux obtenus à Rapa Nui. Par ailleurs, le peuplement de la Polynésie s’est fait très rapidement, et c’est fascinant, y avait-il un ou plusieurs groupes ? Ce peuplement s’est-il fait en une fois ou en plusieurs ? Nous avons les outils pour redonner l’individualité aux femmes et aux hommes, connaître leur histoire et donc celle de groupes entiers.”
Vous allez vous rendre dans plusieurs îles dites-vous, quelles sont-elles ?
“Pour l’instant, nous irons à Makatea, c’est confirmé. Nous espérons également aller dans d’autres archipels, mais cela reste à valider.”
Si vous commenciez à travailler sur l’ADN à votre retour de mission, combien de temps vous faudrait-il pour livrer vos premiers résultats ?
“Nous sommes aujourd’hui plus performants et plus efficaces qu’avant. Il nous faudrait deux ans.”
Mardi vous donnerez une conférence à l’université, quels seront les sujets abordés ?
“La conférence se déroulera en deux temps, elle traitera d’abord de l’histoire humaine racontée sur la base de l’ADN, de la puissance de cette molécule. Dans un second temps nous évoquerons nos travaux à Rapa Nui en 2017 et des résultats obtenus pour mettre en lumière ce que nous sommes capables de faire.”
Vous êtes en Polynésie pour faire parler les gênes des Polynésiens, pouvez-vous nous dire comment ?
“Avec une collègue, nous sommes venues pour rencontrer les autorités polynésiennes et les résidents de certaines îles, leur expliquer notre travail et connaître leurs attentes. En effet, ces 20 dernières années, de nombreuses découvertes scientifiques ont été faites, grâce à l’avancée des technologies nous pouvons lire l’ADN de restes humains pour mieux connaître leur histoire, leurs déplacements, leurs origines. L’éthique nous impose de demander d’abord aux populations concernées ce qu’elles souhaitent connaître pour orienter nos recherches.”
Vous avez déjà mené ce genre de missions ?
“En 2017, nous avons travaillé à Rapa Nui. Les résultats ont été publiés en décembre 2024. La communauté de cette île souhaitait en savoir plus, notamment, sur leurs liens avec le continent américain. Nous avons, sur cette base, exploré les échantillons d’ADN dont nous disposions au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, et obtenu de précieuses réponses.”
Vous avez donc des restes humains polynésiens qui attendent de livrer leurs secrets ?
“En effet, nous en avons une centaine. Reste à savoir ce que les Polynésiens en attendent. Le grand public ne sait pas tout ce que l’on peut faire, et nous allons donc leur expliquer. Nous allons rencontrer la Direction de la culture et du patrimoine qui fait un travail formidable de son côté et qui a réussi à rapatrier, fin 2024, des ivi tupuna, des ossements humains, qui étaient entreposés jusqu’alors au Smithsonian Museum à Washington. Ils seront réinhumés cette année normalement. Avant cela, nous pourrions également étudier leur ADN pour les faire parler. Il faut savoir qu’un échantillon de 100 mg suffit ! Peu de gens savent la puissance de l’ADN ; c’est une véritable machine à remonter le temps.”
Vous dites pouvoir faire beaucoup de choses, c’est-à-dire ?
“Nous pourrions par exemple mieux comprendre le lien de la Polynésie avec l’Amérique, savoir d’où viennent les Polynésiens, nous comparerons les résultats obtenus avec ceux obtenus à Rapa Nui. Par ailleurs, le peuplement de la Polynésie s’est fait très rapidement, et c’est fascinant, y avait-il un ou plusieurs groupes ? Ce peuplement s’est-il fait en une fois ou en plusieurs ? Nous avons les outils pour redonner l’individualité aux femmes et aux hommes, connaître leur histoire et donc celle de groupes entiers.”
Vous allez vous rendre dans plusieurs îles dites-vous, quelles sont-elles ?
“Pour l’instant, nous irons à Makatea, c’est confirmé. Nous espérons également aller dans d’autres archipels, mais cela reste à valider.”
Si vous commenciez à travailler sur l’ADN à votre retour de mission, combien de temps vous faudrait-il pour livrer vos premiers résultats ?
“Nous sommes aujourd’hui plus performants et plus efficaces qu’avant. Il nous faudrait deux ans.”
Mardi vous donnerez une conférence à l’université, quels seront les sujets abordés ?
“La conférence se déroulera en deux temps, elle traitera d’abord de l’histoire humaine racontée sur la base de l’ADN, de la puissance de cette molécule. Dans un second temps nous évoquerons nos travaux à Rapa Nui en 2017 et des résultats obtenus pour mettre en lumière ce que nous sommes capables de faire.”
Comment faire parler les gênes ?
L’ADN c’est quatre milliards de paires de bases dont 20 000 gènes qui s’étirent sur près de 2 mètres dans chacune de nos cellules. Il rend compte en partie de ce que nous sommes en tant qu’individu mais il nous donne également le privilège de pouvoir retracer l’histoire de l’humanité toute entière grâce à l’étude de sa séquence.
Evelyne Heyer, professeure en anthropologie génétique au Muséum d’histoire naturelle est l’une des scientifiques qui exploitent cette machine à remonter le temps. Véritable exploratrice de l’humain, elle est partie à la rencontre de peuples du monde entier pour prélever et analyser cette molécule universelle du vivant.
Ses travaux nous révèlent sans équivoque quand et où l’Homme est apparu ainsi que les grandes migrations qu’il a effectuées. Ils dévoilent également l’impact puissant de nos cultures sur nos gènes et comment certaines populations ont pu acquérir des avantages sélectifs leur permettant de s’adapter à des environnements qui s’avèrent hostiles pour la plupart d’entre nous.
Comment fait-on pour faire ainsi parler l’ADN ? Quelles histoires magnifiques nous raconte-t-il ? Quels étonnements instille-t-il ? Telles sont les questions auxquelles Evelyne Heyer répondra lors de la conférence de mardi.
L’ADN c’est quatre milliards de paires de bases dont 20 000 gènes qui s’étirent sur près de 2 mètres dans chacune de nos cellules. Il rend compte en partie de ce que nous sommes en tant qu’individu mais il nous donne également le privilège de pouvoir retracer l’histoire de l’humanité toute entière grâce à l’étude de sa séquence.
Evelyne Heyer, professeure en anthropologie génétique au Muséum d’histoire naturelle est l’une des scientifiques qui exploitent cette machine à remonter le temps. Véritable exploratrice de l’humain, elle est partie à la rencontre de peuples du monde entier pour prélever et analyser cette molécule universelle du vivant.
Ses travaux nous révèlent sans équivoque quand et où l’Homme est apparu ainsi que les grandes migrations qu’il a effectuées. Ils dévoilent également l’impact puissant de nos cultures sur nos gènes et comment certaines populations ont pu acquérir des avantages sélectifs leur permettant de s’adapter à des environnements qui s’avèrent hostiles pour la plupart d’entre nous.
Comment fait-on pour faire ainsi parler l’ADN ? Quelles histoires magnifiques nous raconte-t-il ? Quels étonnements instille-t-il ? Telles sont les questions auxquelles Evelyne Heyer répondra lors de la conférence de mardi.
Pratique
Conférence Savoirs pour tous, l’Odyssée des gênes, de 17h30 à 19 heures à l’université de le Polynésie française. Auditorium du pôle recherche.
Entrée libre.
Conférence Savoirs pour tous, l’Odyssée des gênes, de 17h30 à 19 heures à l’université de le Polynésie française. Auditorium du pôle recherche.
Entrée libre.