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Karabakh: Bakou et Erevan affirment s'infliger de lourdes pertes


Erevan, Arménie | AFP | mardi 29/09/2020 - L'Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh ont affirmé mardi s'être infligé de lourdes pertes, au troisième jour de combats meurtriers les opposant dans cette enclave, malgré des efforts internationaux pour y mettre fin.

Berlin et Washington ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit en urgence mardi soir, pour tenter d'éviter une guerre ouverte entre Erevan et Bakou qui risquerait de déstabiliser la région et d'y entraîner les puissances régionales, la Turquie et la Russie. 

Cette dernière a appelé mardi la Turquie, qui soutient Bakou, à oeuvrer pour la paix au Nagorny Karabakh et mis en garde contre "toutes sortes de déclarations sur un soutien ou une activité militaire" qui "ne font sans doute que mettre de l'huile sur le feu".

La veille, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait appelé l'Arménie à mettre fin à "l'occupation du Nagorny Karabakh" et promis qu'Ankara resterait "aux côtés" de Bakou "par tous les moyens".

Une centaine de morts

Remerciant les pays "frères" -Turquie et Pakistan- pour leur "soutien", le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a pour sa part affirmé que "si la communauté internationale n'est pas capable d'arrêter le dictateur irresponsable d'Arménie, alors l'Azerbaïdjan le fera" et "restaurera son intégrité territoriale".

Depuis dimanche, les forces de l'enclave séparatiste du Nagorny Karabakh, soutenue politiquement, militairement et économiquement par l'Arménie, et celles de l'Azerbaïdjan s'affrontent dans les combats les plus meurtriers depuis 2016.

Mardi, le bilan officiel s'établissait à 99 morts, dont quinze civils: dix en Azerbaïdjan et cinq côté arménien. Mais les deux camps affirment chacun avoir tué des centaines de militaires ennemis.

Le ministre de la Défense arménien a déclaré que les séparatistes avaient détruit 49 drones, 4 hélicoptères, 80 tanks, un avion militaire et 82 véhicules militaires azerbaïdjanais depuis dimanche.

Les autorités du Nagorny Karabakh disent avoir regagné des positions perdues la veille, ce que Bakou dément, affirmant avoir encore progressé et détruit "une colonne motorisée arménienne", "une unité d'artillerie" ainsi que "quatre chars ennemis, un véhicules blindé".

Le ministère de la Défense azerbaïdjanais a par ailleurs affirmé que l'Arménie était en train d'acheminer vers le Karabakh ses systèmes de défense anti-aérienne S-300, fournis par la Russie, et que ces systèmes seraient "détruits dès qu'ils entreront dans nos territoires occupés".

L'Azerbaïdjan, pays turcophone à majorité chiite, réclame le retour sous son contrôle du Karabakh, peuplé majoritairement d'Arméniens, chrétiens, dont la sécession en 1991 n'a pas été reconnue par la communauté internationale.

Après des semaines de rhétorique guerrière, l'Azerbaïdjan a annoncé avoir lancé dimanche une "contre-offensive" en réponse à une "agression" arménienne, usant de son artillerie, de blindés et de bombardements aériens sur la province qui lui échappe depuis la chute de l'URSS et une guerre qui a fait 30.000 morts.

Cessez-le-feu urgent

La Russie, la France et les Etats-Unis - médiateurs du conflit au sein du Groupe de Minsk - ont appelé sans succès à un cessez-le-feu et à des négociations.

Mardi, la chancelière allemande Angela Merkel a fait savoir qu'un "cessez-le-feu immédiat et un retour à la table des négociations étaient urgents", lors d'entretiens téléphoniques séparés avec les dirigeants d'Azerbaïdjan et d'Arménie.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a lui aussi appelé à "mettre fin aux violences" et à "reprendre les négociations aussi vite que possible".

L'Arménie et le Karabakh accusent Ankara de fournir armes, "spécialistes militaires", pilotes de drones et avions à Bakou, ce que l'Azerbaïdjan dément.

La Russie entretient de bonnes relations avec les deux belligérants et se veut le grand arbitre régional. Elle reste cependant plus proche de l'Arménie, qui appartient à une alliance militaire dominée par Moscou.

Tous les efforts de médiation depuis près de 30 ans ont échoué à régler ce conflit et le Nagorny Karabakh est régulièrement secoué par des flambées de violence.

Les deux Etats ont décrété la loi martiale dimanche et l'Arménie a décrété la mobilisation générale.

La Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet a appelé à assurer "la protection de la population civile" et à veiller à "éviter les dommages aux infrastructures civiles essentielles".

Une réunion d'urgence à huis clos du Conseil de sécurité de l'ONU se tiendra mardi à 21H00 GMT.

le Mardi 29 Septembre 2020 à 06:04 | Lu 505 fois