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Kailua Monod combat aux côtés des défenseurs du don d'organe


Kailua Monod combat aux côtés des défenseurs du don d'organe
DURBAN (Afrique du sud), mercredi 31 juillet 2013 – Kailua Monod est inscrite aux épreuves du 50 et 100 mètres nage libre, mercredi et jeudi, aux 19e Jeux mondiaux des transplantés. Elle veut sa médaille.

Lundi, le bronze lui a échappé de peu au 5 000 mètres course à pieds. Elle souffre des chevilles mais le moral est bon.

Et au-delà des performances sportives, il s'agit aussi pour cette militante tahitienne de mener un combat aux côtés des défenseurs du don d'organe en direction de l'opinion publique. Une greffe de rein a sauvé sa vie en 2000.

> Lire aussi : La greffe de rein dorénavant possible à Tahiti

Les 19e Jeux mondiaux des transplantés se tiennent cette année du 28 juillet au 4 août dans un pays, l'Afrique du Sud et une ville, Durban, marqués par l'histoire.
Lieu symbolique pour cette manifestation sportive biennale organisée depuis 38 ans par la World Transplant Games Federation. La WTGF s'est donné pour objectif d'encourager le don d'organe par personnes consentantes, en démontrant sans ambiguité les bienfaits que cela occasionne sur la santé des malades qui en deviennent bénéficiaires.

Au large de Durban, dix huit pétroliers et autres mastodontes des mers font la queue : ils attendent de déverser leurs précieuses marchandises dans le plus gros terminal de conteneurs de l’hémisphère sud.

Comme toutes les métropoles, Durban est la cité de la démesure et des extrêmes. L’extrême pauvreté côtoie l’opulence ; le front de mer et ses hôtels 5 étoiles ferait presque oublier aux visiteurs les "townships" d’Umlazi ou de Kwamachu, vastes zones urbaines où s’entassent quelques 700 000 habitants dans des logements vétustes, le plus souvent dépourvus de sanitaires ou d’électricité.

A Durban les commerces ferment à 16h30. La faute à la criminalité qui gangrène le pays. En 2009, le township de Kwamachu détenait un record national avec 300 homicides.

Et pourtant, on est fier de rappeler que Gandhi a vécu pendant plus de 10 ans dans le village de Inanda, aujourd’hui un township situé à 20 kilomètres de Durban.

Un des townships de Durban
Un des townships de Durban
Celui qui va devenir le défenseur des plus démunis, le théoricien de la désobéissance civile, le leader charismatique du mouvement "Quit India" débuta par l'écriture et publication d'un journal, le "Indian Opinion" en plein cœur de la communauté Zulu. Là il côtoie le père de l’actuel parti majoritaire l’ANC, John Dube et devient une référence intellectuelle majeure pour Nelson Mandela.

Le don n'a pas de couleur

Dans ce climat d’insécurité, certains regrettent l’époque sombre de l’apartheid où le pouvoir blanc imposait une direction au pays. Tel Malcom, chauffeur de taxi : "Sur un morceau de pain coupé en 20 tranches, le pouvoir blanc prenait 10 tranches et en redistribuait 5 aux deux autres communautés, noire et indienne. Aujourd’hui, le pouvoir noir prends 9 tranches et en redistribue 1 seule". Au volant de son taxi, Malcom déplore la montée de la criminalité et la corruption de la classe politique dans un pays qui n’est plus gouverné par un "capitaine", un pays qui voguerait sans cap défini.

Aussi, le discours prononcé par le président de la WTGF lors de la spectaculaire cérémonie d’ouverture au ICC stadium, dimanche, prend ici une tournure particulière. "Quand on reçoit un organe, on ne s’inquiète pas de savoir si le donneur était juif ou musulman, homme ou femme, blanc ou noir, il a été et continue de vivre à travers moi…". Lui, il tient à rappeler qu’il a reçu trois transplantations rénales, la première le jour anniversaire de ses 20 ans grâce au don vivant de son frère et les 2 autres de donneurs anonymes en 1994 puis en 2006. "La question du don dépasse les contingences idéologiques". Aujourd’hui, Olivier Coustère a 50 ans.

C’est sans doute cet esprit de compassion et de tolérance que Gandhi, Dube ou Mandela, les pères de la toute jeune démocratie sud africaine ont instillé. Mais la route est encore longue, les rancœurs tenaces et les tentations du rejet de l’autre vivaces. La greffe démocratique est encore fragile.

L’espoir, pour Jayce, directeur d’une entreprise de pompes funèbres, viendra de l’éducation "encore une à deux générations car notre pays est immensément riche, c’est l’ignorance et l’esprit revanchard qui nous empêchent d’avancer". En attendant, les affaires sont bonnes pour cet entrepreneur d’origine indienne qui vient de signer avec la municipalité l’exclusivité de la prise en charge des "décès anonymes"…

Aux 19e Jeux mondiaux des transplantés, Diego l’Argentin est plutôt optimiste. Il s’est inscrit avec son frère jumeau Frédérico en natation. Ce sont ses premiers jeux et il est très enthousiaste. C’est avec fierté qu’il nous raconte son histoire. Sa famille a traversé une épreuve unique en Amérique latine : il a reçu le rein d’un donneur vivant qui n’est autre que sa mère et son frère jumeau touché par la même maladie a été sauvé par son père. Tous transplantés le même jour. "Notre famille est vraiment unie" dit-il avec un grand sourire.

Il entend bien ramener une médaille au 100 mètres nage libre, jeudi, car l’équipe d’Argentine est sous pression; ils organisent les prochains Jeux mondiaux en 2015.

Optimiste aussi, Kailua : "C’est une piscine olympique (50m), il n’y aura qu’un seul virage…", analyse-t-elle. N'a-t-elle pas déjà décroché deux médailles en 2011, lors de sa participation aux Jeux mondiaux, à Göteborg en 2011 ? Le bronze au 50 mètres nage libre et l’argent au lancer de javelot. Cette année elle vise l'or.

Gandhi
Gandhi

Une vue du front de mer de Durban
Une vue du front de mer de Durban

Rédigé par T. Monod avec JPV le Mardi 30 Juillet 2013 à 22:15 | Lu 872 fois