Tahiti Infos

Juppé prend ses distances avec LR et son positionnement droitier


Paris, France | AFP | lundi 15/01/2018 - Alain Juppé a fait lundi un pas supplémentaire vers la sortie de LR: le maire de Bordeaux a annoncé qu'il ne paierait pas en 2018 sa cotisation au parti, toujours plus ancré à droite depuis que Laurent Wauquiez le préside.

"Je n'ai pas payé ma cotisation LR 2017 et je n'ai pas l'intention de payer celle de 2018", a déclaré M. Juppé, co-fondateur de l'UMP en 2002 et candidat malheureux à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017.
"J'ai fait savoir que je quittais la présidence de la fédération LR de Gironde", a-t-il poursuivi devant la presse. "Je prends du recul et je vais observer notamment dans la perspective des élections européennes de 2019", a-t-il ajouté.
Interrogé pour savoir s'il se mettait en congé du parti, l'ex-Premier ministre a refusé de répondre. "Je suis vigilant", s'est-il contenté de répondre, rappelant une nouvelle fois que la défense du projet européen et la lutte contre le Front national constituaient notamment pour lui des "lignes rouges" au sein de LR.
La décision d'Alain Juppé, sans être un véritable départ des Républicains, complique la tâche du président du parti, Laurent Wauquiez, qui a dû faire face à plusieurs défections depuis son élection, le 10 décembre.
Dès le lendemain, l'ancien ministre Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, annonçait quitter le parti, en disant "ne plus se reconnaître dans sa famille politique". Il avait entraîné dans son sillage plusieurs élus locaux, dont les maires d'Angers ou de Roubaix.
La création par d'ex-LR du parti Agir, emmené par le député Franck Riester, ou les réserves répétées de Christian Estrosi ou Valérie Pécresse à l'endroit de la présidence Wauquiez, ont également éloigné la branche centriste du parti.
Dimanche, c'est l'ancien ministre juppéiste Dominique Bussereau qui a annoncé qu'il se mettait "en congé de LR" jusqu'à la campagne des européennes de 2019, regrettant dans sa famille politique des propos qui "pourraient être ceux du FN" et une absence d'"amour de l'Europe".
"Je comprends parfaitement la décision de Dominique Bussereau qui m'avait informé", a expliqué lundi Alain Juppé, constatant que "la composante centriste (...) s'est détachée de ce parti".
 

- 'Rupture politique' -

 
Retiré à Bordeaux, le membre fondateur de l'ancien parti de droite UMP, devenu Les Républicains, avait déjà pris ses distances avec LR lorsqu'il avait émis l'idée mi-novembre de bâtir "un grand mouvement central" aux Européennes de 2019 avec Emmanuel Macron, avant d'atténuer ses propos.
Questionné sur une possible adhésion à LREM, le maire de Bordeaux a assuré lundi qu'il n'en avait "pas l'intention". "Je veux être libre. J'ai envie de liberté et d'analyse. Je ne cherche pas à créer un parti ou une chapelle".
L'annonce de M. Juppé a été minimisée du côté du parti: "ce n'est pas un départ définitif", veut croire le porte-parole Gilles Platret.
"Il était déjà défaillant en 2017, ce qui est étrange lorsqu'on se présente à une élection. J'y vois une forme d'+euphémisation+ qui dénote un manque de clarté", a au contraire considéré auprès de l'AFP le secrétaire général adjoint de LR, Julien Aubert, selon qui "il s'agit bien d'une rupture politique et non d'un sujet administratif d'adhésion". 
La numéro 2 du parti et première adjointe d'Alain Juppé à Bordeaux, Virginie Calmels, avec qui les rapports se sont notoirement détériorés ces dernières semaines, a considéré que "chacun est libre de faire ce qu'il veut". 
"Aujourd'hui pour moi, il n'existe pas de ligne rouge qui ait été franchie par Laurent Wauquiez", a-t-elle encore réagi. "Je crois qu'on le sentait déjà depuis un certain nombre de semaines et de mois à travers ses déclarations", a-t-elle ajouté. 
Chez les juppéistes, la sénatrice Agir Fabienne Keller a salué une "décision sage et courageuse". De même, la députée Aurore Bergé, porte-parole de LREM, a estimé que "la décision d'Alain Juppé l'honore".

le Lundi 15 Janvier 2018 à 06:18 | Lu 277 fois