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Iorama Teahu, super tāhō’ē 2025


La lutte pour la deuxième place du parcours longue distance a permis à Iorama Teahu de remporter la super Tāhō’ē.
La lutte pour la deuxième place du parcours longue distance a permis à Iorama Teahu de remporter la super Tāhō’ē.

Tahiti, le 7 septembre 2025 - La deuxième édition de la Tāhō’ē s’est terminée samedi avec la Super Tāhō’ē et la victoire du rameur des Toa Amok, Iorama Tehau. Avec 105 rameurs seniors présents sur le plan d’eau de la pointe Vénus et deux épreuves pour sacrer le vainqueur, la lutte a été intense et serrée, puisque le tenant du titre, vainqueur il y a un mois de la Tāhō’ē, Kyle Taraufau, prend la deuxième place à seulement quatre secondes du premier. L’événement réunissait les meilleurs de toutes les catégories. Nateahi Sommer, en championne, s’impose chez les femmes. 

 

La Tāhō’ē commence à prendre une place importante dans le monde du va’a polynésien. Avec des participants de plus en plus nombreux, elle réunit tous les champions de la discipline. Créée et organisée par les rameurs eux-mêmes, épaulés par leurs femmes et leurs amis, cette compétition se déroule en deux étapes. Il y a un mois, ils étaient plus de 900 à tenter de se qualifier pour la grande finale, la Super Tāhō’ē, qui s’est tenue samedi à la pointe Vénus. Seulement 552 avaient réussi à obtenir leur ticket, dont 42 places attribuées lors du repêchage mis en place par l’organisation pour donner une chance à ceux qui n’avaient pas pu participer à la Tāhō’ē initiale. Une équité qui est l’une des bases de la formation de l’association organisatrice, Save Va’a. 

 

“On a voulu innover pour contenter tout le monde, c’est pour ça que l’on a mis en place cette épreuve du contre-la-montre. C’est une idée des rameurs et nous, les femmes qui faisons partie de l’organisation, nous mettons en place les idées pour que tout soit équilibré et que tout le monde y trouve son compte. C’est un travail énorme, on sacrifie beaucoup de choses dans cette période, mais quand on voit le sourire de tous les participants, ça nous motive pour continuer”, expliquait Marie-Thérèse Ufa, membre de l’organisation Save Va’a. 

 

Faire profiter tous les amoureux du va’a est une notion primordiale pour les membres fondateurs. Même si, des U16 aux vétérans 50, les rameurs et rameuses ont dû passer par cette phase de qualification, pour le reste des catégories, la course était ouverte à tout le monde. Les parcours, cette fois encore, avaient été tracés en fonction de l’âge, pour que chacun y trouve son compte. D’un tracé de 600 mètres dans la baie de Matavai pour les plus jeunes à une course de 30 km pour les seniors hommes, la journée a été rythmée par les départs et les arrivées permanentes à la pointe Vénus. 

 

Un contre-la-montre décisif  

 

Malgré quelques averses éparses, les conditions étaient réunies pour que les nombreux spectateurs massés sur la plage de sable noir puissent profiter du spectacle. Et des émotions fortes, il y en a eu. Avec la très belle victoire en U16 du nouveau champion du monde de la discipline, Chance Tavita, ou encore celle d’une autre championne du monde, Nateahi Sommer, vainqueure de la catégorie Open dames sur une distance de 20 km. Chez les vétérans 40, malgré un doute sur l’arrivée, c’est bien Georges Cronsteadt qui devance de justesse Lono Teururai. De belles courses qui laissaient présager une Super Tāhō’ē de haut niveau. 

 

Surtout que le contre-la-montre du matin avait déjà délivré quelques surprises. Avec un Hititua Taerea leader avant l’étape longue distance, les cadors de la discipline s’étaient faits plutôt discrets. Brice Punuataahitua, deuxième à la Tāhō’ē, se classait sixième du contre-la-montre. Idem pour Hotuiterai Poroi, troisième il y a un mois, qui se retrouvait septième mais sans être vraiment distancé, puisque seulement 16 secondes le séparaient du premier. Plus en difficulté, c’est le tenant du titre et vainqueur de la Tāhō’ē au mois d’août, Kyle Taraufau, qui se retrouvait avec pratiquement 30 secondes de retard. Mais le Sergent aime les défis et, même si celui-ci était de taille, sa force et son expérience allaient le mener jusqu’à un finish de légende. 

 

Partis tambour battant, les 105 seniors présents sur la ligne de départ mettaient beaucoup de rythme dès les premiers coups de pagaie. Très vite, des paquets se créaient et le premier à rentrer dans la passe de Taaone comptait une quinzaine de rameurs, dont Revi Thon Sing, Kevin Céran-Jérusalemy, Brice Punuataahitua, ainsi que Tuatea Teraiamano et Iorama Tehau. Kyle Taraufau, bien déterminé à ne rien lâcher, gardait le contact avec le groupe de leaders. La descente avait profité aux surfeurs, mais la remontée jusqu’à Papeno’o en passant par la pointe Vénus s’annonçait difficile. Et à ce jeu de puissance, c’est bien le capitaine d’Air Tahiti qui est le meilleur. 

 

Une fin de course haletante 

  

À l’approche de Mahina, le tenant du titre prenait le lead du groupe de tête. Mais le paquet restait homogène : rien n’était fait, surtout que les écarts du matin étaient infimes. Au bout d’1 h 40 de course, à l’approche du demi-tour de Papeno’o, le groupe commença à se disloquer. Kyle Taraufau redoublait d’efforts, mais derrière, Iorama Tehau, Tuatea Teraiamano et Keoni Sulpice s’accrochaient. Après avoir croisé une baleine et son baleineau, les ‘aito attaquaient la redescente vers l’arrivée. À une demi-heure de la fin, la lutte s’engageait entre le rameur de Toa Amok et celui d’Air Tahiti. Mais les vagues vinrent s’inviter à la fête et, dans ces conditions, Iorama Tehau ne se laissa pas distancer. Avec 30 secondes d’avance au classement du jour sur Kyle Taraufau, il pouvait encore croire en la victoire finale. Mais le Sergent donna tout et creusa l’écart à l’entrée de la pointe Vénus. Il franchira la ligne d’arrivée en tête, comme à son habitude. 

 

“Je savais que j’étais en retard au départ des 30 kilomètres. Mais je voulais tout donner. Les copains ont bien tenu, c’est pour ça que j’ai essayé de creuser l’écart sur la remontée, en me disant que je gagnerais encore dans le surf.” Mais voilà, comme un signe du destin, la lutte pour la deuxième place entre Iorama Tehau et Tuatea Teraiamano aura permis au rameur de Bora Bora de glaner les quelques secondes qui lui ont permis de décrocher le plus beau titre de sa carrière. 

 

“Je me suis beaucoup entraîné pour cette course, j’ai fait des sacrifices pour pouvoir aller chercher ce titre. Je ne me suis jamais posé de questions ni fait de calculs pendant toute l’épreuve. Je suis vraiment heureux de vivre ce moment.” Une humilité qui colle bien aux valeurs de cette course. 


Iorama Teahu, super tāhō’ē 2025



Rédigé par Manu Rodor le Dimanche 7 Septembre 2025 à 18:55 | Lu 1211 fois