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Intrusion à la préfecture de Corse pour le rapprochement de détenus sur l'île


Ajaccio, France | AFP | lundi 22/02/2021 - Une vingtaine de personnes se sont introduites lundi à la préfecture de Corse à Ajaccio réclamant que deux condamnés pour l'assassinat du préfet Erignac, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, purgent leur peine sur l'île, la préfecture déplorant que des fonctionnaires aient été blessés.

"Ce groupe d’une vingtaine d’individus, parmi lesquels se trouvait le fils de Monsieur Ferrandi" avait "la volonté d’accéder, par la force, au bureau du Préfet et de ses services. Cette tentative a échoué", a indiqué la préfecture dans un communiqué.

Après leur intrusion, "les manifestants ont été reçus par le coordonnateur pour la sécurité en Corse et ont refusé de quitter les lieux à l’issue de l’entretien", a-t-elle ajouté, précisant qu'ils "se sont ensuite opposés par la force à leur évacuation par la police et ont saccagé les bureaux".

"Des fonctionnaires de la préfecture et des membres des forces de l'ordre ont été pris à partie et blessés", a regretté la préfecture qui compte déposer plainte.

"On ouvre une enquête", a déclaré à l'AFP la procureure de la République d'Ajaccio, Carine Greff, en précisant qu'il n'y avait eu, pour l'heure, aucune arrestation.

Au bout de 1H30 d'occupation, le groupe d'hommes est sorti de la préfecture, certains avec du sang au visage, en criant "Liberta" (liberté en langue corse).

"On avait la volonté de montrer aujourd'hui qu'on est prêt à se mobiliser pour faire respecter le droit et simplement le droit et permettre à Alain Ferrandi et Pierre Alessandri de rentrer en Corse", a indiqué aux médias l'un d'entre eux sans donner son nom.

"On n'a rien cassé, on n'a bousculé personne, on a été pacifique et la réponse de l'Etat a été la violence comme souvent en Corse", a-t-il ajouté, demandant "un retour dans les plus brefs délais du gouvernement sur une date précise de retour en Corse" des deux hommes, actuellement emprisonnés en région parisienne, à Poissy (Yvelines).

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Darmanin a condamné sur Twitter "avec la plus grande fermeté l'intrusion inadmissible de plusieurs individus ce matin dans la préfecture de Corse, ainsi que les dégradations qui ont été commises".

"Le premier problème dans cette affaire c'est le refus d'appliquer le droit au rapprochement de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. C'est l'injustice fondatrice", a déclaré à l'AFP le président autonomiste de l'exécutif de Corse Gilles Simeoni.

"Répondre à une occupation pacifique de jeunes qui dénoncent une injustice, et à mon avis ils sont légitimes à la dénoncer, par des coups de matraque, je pense que c'est commettre une faute supplémentaire", a-t-il ajouté. 

Le président indépendantiste de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni et l'association de défense des prisonniers Sulidarita ont apporté leur soutien à cette action.

Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, arrêtés en mai 1999, ont été condamnés en juillet 2003 à la réclusion criminelle à perpétuité  pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac, le 6 février 1998, comme Yvan Colonna, arrêté en juillet 2003 et condamné en décembre 2007.

Le refus du Premier ministre Jean Castex, le 21 décembre, de lever le statut de "détenu particulièrement signalé" pour MM. Alessandri et Ferrandi a éteint l'espoir d'un transfert prochain au centre pénitentiaire de Borgo (Haute-Corse), qui n'est pas habilité pour accueillir ce type de prisonniers.

le Lundi 22 Février 2021 à 05:45 | Lu 168 fois