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Informatique: les jeunes ingénieurs, une denrée rare qui s'arrache


Informatique: les jeunes ingénieurs, une denrée rare qui s'arrache
PARIS, 14 avril 2011 (AFP) - Ils n'ont pas terminé leurs études qu'on se les arrache déjà: les jeunes ingénieurs experts en nouvelles technologies sont la denrée rare à recruter absolument pour le secteur conseil et services informatiques, où l'embellie a multiplié les besoins en personnels.

Sopra, Bull, Alten ou Aussy: à peine publiés leurs (bons) résultats annuels, plusieurs SSII (sociétés de services en ingénierie informatique), éditeurs de logiciels ou sociétés de conseil en technologies ont annoncé d'importants plans d'embauches, encouragés par une prévision de croissance du secteur de 3,5% pour 2011.

"Avec la reprise, le redémarrage des investissements et des projets, mais aussi l'explosion des nouvelles technologies, les SSII et sociétés de conseil en technologies sont de gros recruteurs", résume à l'AFP Philippe Tavernier, du syndicat professionnel Syntec Numérique.

Pour le secteur qu'il représente - un millier d'entreprises, 370.000 salariés - le Syntec table sur 40.000 recrutements en 2010, soit quelque 10.000 créations nettes d'emplois.

"Nous embaucherons peut-être même plus, mais tout dépendra de notre capacité à recruter, car nous ne sommes pas les seuls à rechercher les profils dont nous avons besoin", ajoute-t-il.

"C'est toujours plus difficile de recruter, même si on y arrive", confirme Consuelo Benicourt, directrice du recrutement chez Sopra Group.

Le groupe de services informatiques a annoncé un plan "record" de 2.500 recrutements nets dont 1.600 en France, ainsi que le recours à 600 stagiaires en pré-embauche "dont 80% habituellement restent ensuite dans l'entreprise".

"Nous demandons un niveau minimum Bac+5 d'école d'ingénieurs, de commerce ou d'université. Il n'y a pas assez de jeunes qui interviennent dans nos filières et nous essayons d'élargir notre palette en allant chercher des ingénieurs dans d'autres domaines que les nôtres, et qu'on accompagne avec des plans de formation lourds", indique-t-elle.

"Il y a forcément de la formation, car il est rare de trouver le profil parfait", renchérit Patrick Bertrand, président de l'Association française des éditeurs de logiciels (Afdel). "Nous avons de plus en plus besoin de recruter des gens au fait des dernières avancées technologies, et ce n'est pas facile".

"Ce sont des métiers très abstraits alors qu'ils sont au coeur de l'innovation et de la société. Nous sommes très engagés dans les écoles d'ingénieurs et nous sponsorisons des événements, mais nous nous demandons s'il ne va pas falloir travailler plus en amont, dans les lycées", avance Mme Benicourt.

"Peut-être que nous devrions même intervenir dans les collèges pour expliquer ce qu'on fait. Il y a un gros travail de pédagogie à faire. L'image véhiculée sur le métier est celle de l'informaticien tout seul dans sa tour d'ivoire en train d'écrire des codes, alors que ce n'est pas ça du tout", souligne Philippe Tavernier.

Selon la dernière enquête annuelle de Pôle emploi, les métiers très qualifiés d'ingénieurs et de responsables informatiques figurent dans le top 15 des professions où les candidats adéquats sont rares.

Autre problème auquel doit faire face le secteur, "le fait qu'il y ait très peu de femmes, aux alentours de 20%", déplore Consuelo Benicourt.

"Toutes ces écoles et ces formations ne sont pas très attractives: je connais notamment une école d'ingénieurs où parmi les 232 étudiants qui seront promus l'an prochain, il n'y a que 4% de jeunes filles", ajoute M. Tavernier.

kd/bpi/cgd

Rédigé par Par Katia DOLMADJIAN le Jeudi 14 Avril 2011 à 06:28 | Lu 845 fois